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5.Piegeage

Citer cet article: CASTELLANA R., GIGLEUX C., PIETRA H. 2019. Bonnes pratiques de piégeage à destination des collectivités territoriales. Compte-rendu du Groupe de travail Riviera Gardens, Fredon Corse & SNP, 4° Rencontre Principauté de Monaco, SNP ed., 26/11/2019, 20p. Lien

Les recherches menées depuis près de 30 ans ont conduit à mettre au point diverses techniques de lutte. Aucune ne permet toutefois (à elle seule et à ce jour), de régler le problème de manière satisfaisante. Recommandée (mais rarement mise en œuvre) dès les premières années de l’infestation, la stratégie dite de « Lutte Intégrée » (Integrated Pest Management = IPM) vise à les associer. La lutte intégrée ne consiste pas dans un catalogue de techniques disponibles. Ces techniques doivent en effet être hiérarchisées. C’est pour cela que l’on parle de stratégie. Au sommet de la pyramide on trouve la prévention, qui évitera d’avoir recours aux étages suivants, les techniques de lutte. Les progrès récents en matière de lutte biologique et chimique relancent son intérêt, dans un contexte où l’infestation a conduit à la dissémination d’importantes populations de ravageurs. Les principes de base de la Lutte Intégrée viennent d’être adoptés en tant que standard international par la FAO. Ce chapitre donne un accès documenté aux principales avancées en la matière, au travers des retours d’expériences collectés auprès des membres de notre réseau de jardins botaniques.

LE PIEGEAGE DE MASSE (MASS TRAPPING)
Sommaire
1 Principes du piégeage massif
2 Techniques & produits
3 Bibliographie indicative
4 Annexe: comparatif des tarifs et des types de pièges

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Abstract. Officialisé par la FAO, le piégeage du charançon rouge des palmiers fait désormais partie des techniques de lutte préconisées par l’ANSES et recommandées par le Ministère depuis le 25 juin 2019. Nous avons de notre côté publié un guide (accessible en ligne ci-dessous) qui rend compte des expériences pionnières, mises en œuvre depuis 2015 sur la Riviera franco-italienne et en Corse par un réseau de jardins botaniques, associations & collectivités territoriales. La méthodologie adoptée pour la rédaction de cet ouvrage a été la suivante :
*bilan des remontées du réseau et de ses partenaires, sous la forme de fiches récapitulatives
*synthèse thématique des retours d’expériences et des protocoles et élaboration d’un guide de bonnes pratiques à destination des collectivités territoriales sous la forme “questions-réponses”. Cette synthèse a été rédigée par un groupe de travail piloté par :
*la Fredon Corse en ce qui concerne le piégeage au niveau d’un territoire,
*le Jardin Expérimental Phoenix en ce qui concerne le piégeage au niveau de la parcelle,
*l’Association Sauvons Nos Palmiers pour la publication du rapport.
Les retours d’expériences sollicités concernent des expérimentations conduites au niveau d’un territoire, soit
*Ville d’Ajaccio
*CASA (Antibes)
*CAVEM (Fréjus)
*Porquerolles et Port-Cros (Hyères-Parc National)
*Jardins historiques de Bordighera (Brin & Phoenix – Italie)
*Val Rahmeh (Menton – Museum National Histoire Naturelle)
*Villa Thuret (Antibes – Institut National Recherche Agronomique)

1. Principes du piégeage massif. Le piégeage de masse (Mass Trapping) est une technique de lutte négligée par les pouvoirs publics en Europe, lesquels ont plutôt privilégié des solutions phytosanitaires (chimiques ou bio-chimiques), adossées aux multinationales du secteur. Il s’agit pourtant d’une technique de lutte largement répandue dans les pays du Moyen-Orient et particulièrement adaptée à un contexte d’infestation massive. Le piégeage massif n’est pas une solution miracle, mais un moyen simple, écologique et peu coûteux de faire baisser la population des ravageurs. Le piégeage est de ce point de vue un complément des plus utiles dans la panoplie des techniques de lutte intégrée. Le piégeage repose sur la phéromone nommée ferrugineol, une substance olfactive dite d’agrégation produite par les mâles. Elle attire les individus des 2 sexes et sert à la fois de signal sexuel et d’indicateur de site de vie favorable à la survie du ravageur. Il s’agit d’un produit bon marché, stable et actif plusieurs mois. Il est généralement couplé avec des odeurs provenant du palmier et de fruits fermentés, ce qui augmente leur efficacité. L’odeur des tissus blessés de palmiers, le kairomone (acétate d’éthyle), serait en effet synergique de cette phéromone, ainsi que celles émanant de liquides du type mélasse ou de fruits sucrés en fermentation (dattes, pommes…). Des substituts plus stables à ces derniers produits sont désormais commercialisés.

Bonnes pratiques. L’efficacité du piégeage de lutte (Mass trapping) repose sur le respect de bonnes pratiques, dont le nombre de pièges et leur distance aux plantations sont les éléments essentiels. Ces deux critères varient fortement en fonction des retours d’expériences.

*densité des pièges par hectare. Les sources sur ce sujet vont d’un ratio minimal de 4 pièges/ha (soit un piège tous les 50 mètres) jusqu’à 15-20 pièges/ha (environ un piège tous les 20/25 mètres). L’écart important entre ces préconisations semblerait dépendre de plusieurs facteurs dont le type d’attractif utilisé en fonction des moyens financiers disponibles (phéromone ou bien odeur de palmier ou encore une combinaison des deux avec aussi l’acétate d’éthyle ainsi que la mélasse et l’eau), le type de piège employé et le taux d’infestation des palmeraies. Un récent article (NAVARRO-LLOPIS 2018 ci-dessous) affirme par ailleurs que mettre entre 3 et 5 pièges en batterie au lieu d’un seul améliorerait considérablement le taux de capture, ce qui change significativement la densité en nombre de pièges mais pas en surface couverte.

*périmètre olfactif d’attraction. Le périmètre olfactif d’attraction de la phéromone (et de ses additifs) semblerait par ailleurs très problématique à évaluer. Il est en fait difficile de savoir si le ravageur est attiré sur de longues distances ou bien s’il rencontre ces odeurs de manière aléatoire lors de vols de patrouille. Le fait que les dattiers non protégés par insecticide présents dans un rayon de 20 à 25 m autour des pièges subissent des attaques supérieures aux palmiers plus éloignés pourrait être un indicateur (voir l’étude de HAMIDI 2013 ci-dessous). Cette distance correspond à la densité minimale mentionnée précédemment de 4 pièges/hectare.

*confusion olfactive & palmeraies virtuelles. Il s’agit d’une approche consistant à créer des leurres, cad à faire croire au ravageur à l’existence d’une palmeraie à proximité de celles existantes. Elle est peu mentionnée dans la bibliographie, probablement du fait que ce procédé n’est pas très pertinent dans des zones de plantations denses de palmiers. Elle pourrait par contre être tout à fait adaptée à des palmeraies ornementales urbaines. Les données empiriques mentionnées ci-dessus laissent toutefois penser qu’il faudrait installer ce type de leurre à au moins 50 mètres des plantations de palmiers existantes.

2. Techniques & produits. Les principaux types de pièges commercialisés semblent désormais correspondre à des critères assez bien définis, forme pyramidale et couleur sombre. L’efficacité de la forme pyramidale relève vraisemblablement de son aptitude à empêcher le charançon de s’évader du piège. Les données relatives à l’effet de la couleur sur les captures sembleraient ressortir du fait que les pièges noirs/sombres sont plus efficaces que les pièges colorés (le charançon ne percevant pas les couleurs mais les contrastes). Le positionnement au voisinage du sol serait par ailleurs plus pertinent suite à la propension du ravageur à se déplacer à ce niveau.

Le piégeage massif rencontre des limites dues à l’importance de la maintenance, les pièges devant être relevés et vidés régulièrement du fait qu’ils sont généralement remplis d’eau destinée à noyer les insectes capturés. Ce problème a conduit à mettre au point plusieurs solutions alternatives: * l’utilisation d’huile végétale, de paraffine ou de liquide vaisselle, qui permettent aussi une plus longue autonomie par forte chaleur, * le piégeage appelé “attract and kill” qui consiste dans un appât composé de phéromone et insecticide, placé sous la forme d’une pâte sur le tronc des palmiers, * le piégeage dit “à sec” qui représente une solution très intéressante en matière de simplification de la maintenance.

D’autres techniques de piégeage alternatif sont souvent mentionnées mais peu documentées: * sous la dénomination “push & pull”, l’utilisation parallèle de répulsifs pourrait grandement renforcer l’intérêt du piégeage massif. Il s’agit là d’un domaine peu documenté, en termes d’évaluations d’ordre expérimental. * les pièges dits intelligents (“smart traps”), relèvent de techniques de lutte intégrée informatisée, en permettant notamment le comptage automatique des captures et la validation des stratégies de lutte. * les pièges dits “infestants” reposent sur la présence de champignons entomopathogènes, qui relâchent des insectes destinés à contaminer leurs congénères. Leur intérêt est renforcé par la mise récente sur le marché de plusieurs souches de ces champignons. * le piège électrique du type piège à moustiques, qui provoque la mort instantanée de l’insecte capturé, ne semble pas faire pour le moment l’objet de commercialisation.

3. Bibliographie indicative. Ci-dessous des extraits de quelques articles relatifs à la densité optimale de pièges.

NAVARRO-LLOPIS et alii 2018. Improvements in Rhynchophorus ferrugineus (Coleoptera: Dryophthoridae) Trapping Systems. Aspects such as the use of co-attractants (molasses) and trap placement are still not well defined and standardized. Our results showed that captures increased when molasses were added at 15% to the water contained in the trap and that a thin layer of oil, created by adding 2–3% of paraffinic oil to water, was able to effectively reduce evaporation and prolong trap servicing periods. Moreover, 3.5-fold more weevils were captured when placing five traps instead of one at the same trapping point.

DHOUIBI, NCIB 2016 Effect of Color Trap, Density and Pheromone Capsule Types on the Trapping Efficacy for the Red Palm Weevil (Rhynchophorus ferrugineus). The aim of this study is to evaluate trap density.Various trap densities were carried out ranging from 1 to 8 traps/ha. Therefore, from all dates, the mean captures were as follows: only 1.3532 when 2 traps are installed on a hectare and respectively 2.5536, 2.9101 and 2.8482 for the 4, 6 and 8 traps densities.

VIDYASAGAR et alii 2016 Efficiency of optimal pheromone trap density in management of red palm weevil, Rhynchophorus ferrugineus Olivier. As the viability of pheromone trapping system depends on the optimum trapping density, field experiments were conducted in two locations of Eastern Province of Saudi Arabia. The efficiency of four pheromone trap densities viz., 1, 2, 4 and 8 traps/ha, were evaluated. The treatment with 1 trap/ha captured an average 10.0 weevils as compared to 61.5 weevils in 8 traps/ha, while at Al Qatif experiment an average of 5.0 and 49.8 weevils were captured in 1 trap and 8 traps/ha respectively in 10 weeks. In other words 2 traps/ha is necessary to optimize the capture rate and drastically reduce weevil population and new infestations.

HAMIDI et alii 2013. Piegeage olfactif du charançon rouge du palmier. Bases, bonnes pratiques, limites et perspectives. Les captures sont le fruit de l’intégration d’informations multi-sensorielles sans que la contribution de chacune puisse être déterminée. Nous avons montré lors d’un piégeage ‘selon les règles de l’art’ sur ~200 ha que les dattiers non protégés par insecticide présents dans un rayon de 20 à 25 m autour des pièges subissaient des attaques supérieures aux palmiers plus éloignés.

FALEIRO et alii 2011. Pheromone trap density to mass trap Rhynchophorus ferrugineus (Coleoptera Curculionidae Rhynchophoridae Dryophthoridae) in date plantations. The present study aimed at as certaining the density at which pheromone traps should be set in the field to mass trap adult R. ferrugineus. Our findings indicate that in plantations with low weevil activity and 1% infested palms, a trap density of 1 trap/ha is sufficient. In plantations where infestation levels are 1%, 10 traps/ha recorded the best weevil captures. However, in area-wide mass trapping programmes, the pest could be effectively mass trapped at 4-7 traps/ha depending on the resources available.

REVUE DE PRESSE PACA. Les Communautés d’Agglomération d’Antibes (CASA) et de Frejus (CAVEM) viennent de démarrer une opération de distribution de 500 pièges à charançon rouge sur le territoire de leurs Communautés. En savoir plus sur la campagne de piégeage à Antibes : lagglo-de-sophia-antipolis-va-distribuer-500-pieges-gratuits En savoir plus sur la campagne de piégeage à Frejus: propalmes83

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