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Chap 7.Sardaigne

Citer cet article: CASTELLANA Robert 2014. Dies Palmarum. La tradition religieuse des palmes tressées dans le monde méditerranéen. CRP ed. Publication en ligne. Lien 

Illustration: interprétation d’un grand palme tressé par Maria Nevina DORE.

La Sardaigne conserve l’une des plus riches traditions de palmes tressées du monde méditerranéen. Elle remonte au moins au XII° siècle, comme l’atteste le maintien sur cette ’île italienne d’un artisanat de tressage à caractère profane usant de la feuille du palmier autochtone, le palmier nain Chamaerops humilis. Les palmes tressées de la Semaine Sainte sarde sont fortement imprégnées de cette dimension artisanale, dont attestent les oratoires, les crucifix, les rosaires, les ostensoirs ou encore les crosses d’évêques, entre autres multiples objets réalisés à cette occasion. Cet artisanat du tressage relève des monastères qui en firent l’objet d’une forme de catéchisme populaire à une époque où les livres étaient peu répandus sur l’île.

En savoir plus : DORE M.N. 2011. La tradition du tressage des palmes en Sardaigne. Issued by The Phoenix Project, CRP ed., 6p. Link

LIGATURE ET TRESSAGE. Comme dans d’autres régions méditerranéennes de production de palmes rituelles, le palmier faisait ici l’objet d’une ligature. Elle se déroulait traditionnellement à l’occasion de la Saint-Jean, le 24 juin. Une fois lié, le bouquet central était entouré d’une protection en toile de jute. Lors de la récolte, les palmes étaient enterrées sous une couverture d’herbe, nommée pudina, en attendant leur tressage. Les palmes étaient tressées traditionnellement par les confréries. La taille de la palme dépendait du statut de celui qui la recevait, les plus grandes étant destinées à l’évêque et aux célébrants de l’office. Elles étaient aussi les plus richement décorées. La palme tressée sarde est décorée de diverses manières, par l’incorporation de divers éléments (par exemple des fleurs ou des images) ou par l’emploi de dorure ou d’argenture. La principale originalité de la tradition sarde réside dans le sens qui est donné aux motifs tressés, aux couleurs et aux objets qui composent les grandes palmes. Ces significations s’organisent autour de thèmes empruntés à la Bible et aux évangiles, mais aussi aux croyances et aux superstitions liées au mauvais œil ou à la protection contre les intempéries.

TYPOLOGIE. Les symboles et les images les plus fréquentes sont: * le poisson (symbole de Jésus, le Sauveur de l’humanité); * la Croix, symbole du sacrifice et de la force; * la pigne, symbole d’abondance (la grâce). Il symbolise la tunique de Jésus que les soldats ont tiré au sort au pied de la croix; * la noix, qui figure le Dieu unique. -3 noix symbolisent la Sainte Trinité. -7 noix, les 7 péchés capitaux. -8 noix, un symbole de la résurrection; * les étoiles, symbole de la majesté du Créateur; * l’anneau, un symbole de l’unité; * le cœur, symbole de l’amour; * les cloches, un symbole de la Pâque et de la résurrection; * le serpent, symbole du péché; * les filaments (ou crin), un symbole de la pluie bienfaisante; * les filaments associés à la boule de cire, symbole de la pluie maléfique (tempêtes, inondations); * le clou, un symbole de la crucifixion; * le lys, symbole de la virginité; * la mitre, un symbole de l’autorité de l’Eglise; * le marteau, symbole du marteau utilisé pour la crucifixion; * la croix et les bandelettes, des symboles de la souffrance du Christ; * l’échelle, qui représente celle utilisée pour la déposition du Christ, et aussi un symbole de son ascension céleste; * la lance et l’éponge, qui sont des instruments de la Passion du Christ * le nuraghe (une pièce de monnaie), une amulette qui protège du mal; * su passiu (la grand palme de l’officiant), qui raconte la passion du Christ; * les fleurs qui symbolisent la joie de vivre; * l’épi, un symbole du pain, celui de l’Eucharistie; * le raisin, symbole du vin (qui avec le pain rappelle la dernière Cène).

TECHNOLOGIE. Les techniques employées sont nombreuses, des plus simples (tressage noué, rayonnant ou enroulé, à trame diagonale ou perpendiculaire, encastré), aux plus complexes utilisées pour les œuvres artistiques (tubulaire, radial bi-frontal, en cornet, en demi-feuille, en tresse, en grappe, enroulé en spirale ou en triangle, plié).

BIBLIOGRAPHIE

DORE Maria Nevina, ORRU Don Ignazio, 2000. La tradizione delle palme nella Provincia di Oristano, monografia sarda amministr, Provinciale Oristano. Link: museooristano

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FILMOGRAPHIE

GALERIE: la tradition des palmes à Oristano

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