Orient

Consacré à la tradition religieuse chrétienne des palmes tressées dans le monde méditerranéen, ce dossier a été rédigé par Robert Castellana, coordinateur du Projet Phoenix avec la collaboration de Jean Christophe Pintaud (IRD).  Les documents relatifs à ces traditions sont accessibles ici: orientégyptegrèceéthiopieromeespagneliguriesardaignecorsefrancePalmsunday Jerusalem Palmes Russie Debut XIX s
Illustration du Dimanche des Palmes (Russie début 19° siècle)
Dans l’Orient chrétien, au sens le plus large du terme, l’Office des Palmes est célébré par toutes les églises au moins depuis le 4ème siècle à Jérusalem, avec toutefois une grande diversité dans les rituels. Le Dies Palmarum commémore comme en Occident l’entrée du Christ à Jérusalem, où il fut accueilli comme le Roi d’Israel, selon la tradition juive du messianisme et le récit chrétien des Évangiles. Les Juifs connaissaient déjà un office des palmes. Il se rattache à l’épisode de l’Exode d’Egypte, un pays où le palmier était l’objet d’importants usages rituels dont la dimension était essentiellement funéraire. L’épisode fondateur de la tradition chrétienne a fait l’objet, au cours du moyen-âge, d’innombrables illustrations. Elles ont conduit à codifier des modèles iconographiques qui connaîtront une grande diffusion.

ICONOGRAPHIE

SOMMAIRE
Aux sources de la tradition du Dies Palmarum, les représentations de l’arrivée du Christ à Jérusalem se divisent en deux catégories. Dans la première le Christ est accueilli par des fidèles portant des feuilles de palmier. Dans la seconde il s’agit d’autres végétaux.
1. Le Dies Palmarum et les palmes
2. Le Dies Palmarum et les rameaux

2. Le Dies Palmarum et les rameaux

 

HAGIOGRAPHIE

Sainte Marie fuite en egypte miniature-persane-date-et-auteur-inconnusIll. la fuite en Égypte [miniature persane date et auteur inconnus]
Le palmier est aussi mentionné dans l’Histoire Sainte, dans des termes qui ne sont pas sans faire penser à la tradition égyptienne du voyage dans l’au-delà ainsi qu’à la légende de la naissance d’Apollon à Délos. Datant de la fin du VIème (ou du début du VIIème siècle), le récit de l’Évangile apocryphe de l’enfance du Pseudo-Matthieu rapporte à ce propos que Marie, souffrant de la fatigue, de la faim et de la soif se repose à l’ombre d’un palmier. L’arbre étant trop haut pour que Joseph puisse atteindre les fruits, Jésus lui dit alors: «Arbre, penche-toi et rafraîchis ma mère de tes fruits.» A ces mots, le palmier s’incline jusqu’aux pieds de Marie lui permettant de cueillir ses dattes. Puis Jésus dit : «Fais jaillir entre tes racines la source qui y est enterrée et que l’eau coule, autant que nous voudrons.» Alors le palmier se soulève et entre ses racines se met à couler une source d’eau fraîche et pure. Dès le IXème siècle, le miracle du palmier et de la source fait partie des motifs iconographiques classiques associés à la fuite en Egypte, un récit commun au Christianisme et à l’Islam.
Extraits de la sourate 19 dite de Maryam (Marie) versets 16-35:
16. Mentionne, dans le Livre (le Coran), Marie, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient. 17. Elle mit entre elle et eux un voile. Nous lui envoyâmes Notre Esprit (Gabriel), qui se présenta à elle sous la forme d’un homme parfait. 18. Elle dit : “Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, [ne m’approche point]. 19. Il dit : “Je suis en fait un Messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur”. 20. Elle dit : “Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m’a touchée, et je ne suis pas prostituée? “ 21. Il dit : “Ainsi sera-t-il! Cela M’est facile, a dit ton Seigneur! Et Nous ferons de lui un signe pour les gens, et une miséricorde de Notre part. C’est une affaire déjà décidée”. 22. Elle devient donc enceinte [de l’enfant], et elle se retira avec lui en un lieu éloigné. 23. Puis les douleurs de l’enfantement l’amenèrent au tronc du palmier, et elle dit : “Malheur à moi! Que je fusse morte avant cet instant! Et que je fusse totalement oubliée! “ 24. Alors, il l’appela d’au-dessous d’elle , [lui disant : ] “Ne t’afflige pas. Ton Seigneur a placé à tes pieds une source. 25. Secoue vers toi le tronc du palmier : il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. 26. Mange donc et bois et que ton oeil se réjouisse! Si tu vois quelqu’un d’entre les humains, dis [lui : ] “Assurément, j’ai voué un jeûne au Tout Miséricordieux : je ne parlerai donc aujourd’hui à aucun être humain”. 27. Puis elle vint auprès des siens en le portant [le bébé]. Ils dirent : “Ô Marie, tu as fait une chose monstrueuse! 28. Soeur de Haroun , ton père n’était pas un homme de mal et ta mère n’était pas une prostituée”. 29. Elle fit alors un signe vers lui [le bébé]. Ils dirent : “Comment parlerions-nous à un bébé au berceau? “ 30. Mais [le bébé] dit : “Je suis vraiment le serviteur d’Allah. Il m’a donné le Livre et m’a désigné Prophète. 31. Où que je sois, Il m’a rendu béni; et Il m’a recommandé, tant que je vivrai, la prière et la Zakat ; 32. et la bonté envers ma mère. Il ne m’a fait ni violent ni malheureux. 33. Et que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant”. 34. Tel est Issa (Jésus), fils de Marie : parole de vérité, dont ils doutent. 35. Il ne convient pas à Allah de S’attribuer un fils. Gloire et Pureté à Lui! Quand Il décide d’une chose, Il dit seulement : “Sois! ” et elle est.
Galerie: Marie et le miracle du palmier

 

LITURGIES

Arménie (Rite Romain)
En l’absence de palmiers et d’oliviers,  les gens apportent à  l’office des palmes des fleurs ou  des branches fleuries (d’où le nom arménien de la fête, Dzaghgazart le Dimanche orné de fleurs), et aussi des couronnes faites de branchettes de saule pleureur. Dans la liturgie originelle, la Procession du dimanche des Rameaux se tenait en soirée. Depuis la réunion à l’Église Romaine elle a lieu avant la Messe et débute par la bénédiction des Rameaux.  Les  enfants portent des chandelles  fleuries. De retour à l’église, se tient le rite de l’ouverture des paortes, l’atolite portas. Après la messe, les fidèles emportent à la maison des crois en palmes tressées. La journée se termine avec la Cérémonie  d’Ouverture de l’Autel, Derenpatzeq, qui  était fermé depuis le samedi  précédant le dimanche  de Carnaval, Poun Paregentan, début  du Carême.
Egypte (Rite Copte)
En ce qui concerne la Semaine Sainte en Egypte, on possède un document des plus précieux sur les origines de la liturgie des palmes, La lampe des Ténèbres de Abû’l Barakât, rédigée dans les premières années du XIVe siècle. Les offices de la Semaine Sainte copte sont contenus dans un ouvrage spécial, appelé Livre de la Pâque. Abû’l Barakât s’étend sur la célébration des Rameaux et les usages divers de la procession des palmes dans les différentes églises d’Egypte. Pour les Coptes la solennité du dimanche des Rameaux est indépendante de la Pâque proprement dite. Ce n’est qu’avec la nuit du lundi suivant que commence la Pâque. La solennité des Rameaux est marquée par deux rites, la procession des palmes et l’office des défunts.
Grèce (Rite Orthodoxe)
L’Office des palmes occupe une place tout particulière en Grèce, où la dimension rituelle du palmier existait déjà dans l’Antiquité autour du culte d’Apollon. Par ailleurs, la Grèce fait partie des régions de production de palmes blanches, une tradition qui a subsisté dans l’île de Zachintos (Zante), comme en Italie et en Espagne. Cette tradition aurait été introduite de Jérusalem au 19ème siècle, par le monastère voisin des iles Strofades. Elle pourrait en fait remonter à une époque plus ancienne.
Liban (Rite Maronite)
Macri, cité par le Pape Benoît XIV, raconte «qu’on porte, en ce jour, à l’église un arbre entier d’olivier. On en fait la Bénédiction, puis on l’adjuge à celui qui en offre une plus grande somme au titre d’aumône. Le possesseur de l’arbre y fait monter son fils ou tout autre enfant, et, avec l’aide de ses parents, il porte l’olivier pendant la Procession, au milieu des joyeuses acclamations de la foule. Lorsque la Procession est terminée, tout le monde fond sur l’arbre et chacun en coupe une branche pour satisfaire sa dévotion.»
Russie (Rite Orthodoxe)
Oléarius a laissé la description suivante de la Procession des Rameaux qui eut lieu en 1636 à Moscou: «Un très-grand chariot marchait, traînant un arbre, auquel pendaient quantité de pommes, de figues et de raisins. Ensuite marchaient les principaux gostes ou marchands, et après eux les diacres, commis, secrétaires, knés et boyards, tenant la plupart des palmes à la main, et précédant immédiatement le grand-duc : il tenait lui-même par la bride le cheval couvert de drap et déguisé en âne, sur lequel le patriarche était monté. Le patriarche avait à la main une croix de diamants avec laquelle il bénissait le peuple. Il était environné des métropolitains, des évêques et des prêtres ; les uns portant des livres, les autres des encensoirs. Il s’y trouvait près de cinquante jeunes garçons vêtus de rouge, qui ôtaient leurs casaques, et les jetaient sur les chemins ; d’autres étendaient des pièces de drap sur lesquelles passèrent le grand-duc et le patriarche.»
Galerie: le Dies Palmarum dans les Eglises d’Orient

 

BIBLIOGRAPHIE

Année liturgique du rite de l’Église de Jérusalem.
Cérémonial de la sainte messe à l’usage ordinaire des paroisses. Dimanche des Rameaux.

 
 

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