"On définit classiquement l’oasis en trois strates : la première, dominante, est celle des palmiers dattiers ombrageant une seconde strate arborée, les fruitiers ; au sol, les cultures maraîchères et fourragères constituent la troisième et dernière strate. L’organisation en trois strates a été à la fois objet d’incompréhension de la part de certains Européens habitués à distinguer l’ager du sylva, et objet d’enthousiasme pour d’autres considérant l’organisation d’hortus oasien comme un modèle d’adaptation écologique qui maximise la production. Aucune étude permettant de comparer les différents systèmes, nous resterons prudents. Cependant, a priori, rien ne nous permet de dire qu’il s’agit de la meilleure manière de valoriser le litre d’eau d’irrigation, voire que l’ombrage des strates arborées n’est pas préjudiciable aux cultures basses. Le système oasien est très complexe ; il est difficile, en fait impossible, de manipuler en même temps tous les facteurs qui interviennent dans cet écosystème, cet ethno-écosystème si l’on y intègre l’homme. "
Source : BATTESTI V. 1997. Les oasis du Jérid: des révolutions permanentes? Link: hal.archives-ouvertes
{tab=BIBLIOGRAPHIE}
FERRY M., TOUTAIN G. 1990. Concurrence et complémentarité des espèces végétales dans les oasis. In CIHEAM-IAMM, 11: 261-270, Montpellier (FRA). Link: ressources.ciheam
HAJJAJI A. 1990. Arboriculture, cultures maraîchères et de rente en zones oasiennes. In Options Méditerranéennes, CIHEAM-IAMM, Sér. A, n. 11, p. 155-161, Montpellier (FRA). Link: ressources.ciheam
MANSOUR, MOHAMED, AHMED, EISSA, 2012. Benefits of Intercropping Samany Date Palms with Some Fruit Crops. In : Journal of Applied Sciences Research, 8(4): 2045-2049. Link: aensiweb
MEUNIER J.M., HANICH M. 1979. Amelioration de la production fourragere dans le sud marocain. Introduction d'une nouvelle cuture, le Bersi (Trifolium alexandrinum). Link: anafide.org
OUKNIDER M., JACQUARD P. 1988. Un modele d’association graminee-legumineuse, le melange vesce (Vicia sativa L.)-avoine (Avena sativa L.). In: Agronomie, EDP Sciences, 1988, 8 (2), pp.97-106. Link: hal.archives-ouvertes
SAHLI Z. 1997. Deux tentatives controversées de modernisation de l'agriculture en zone aride. L'opération tomate d'Adrar et la mise en valeur hydro-agricole du Touat Gourara (Wilaya d'Adrar – Algérie). Link: ressources.ciheam
{tab=ARBORICULTURE}
Ill. Ghardaia (Algérie): exemple d'agrumiculture oasienne
"[En fonction de la] somme des températures moyennes au-dessus de 18°C (60°F) du ler mai au 31 octobre et [des] degrés hygrométriques moyens …/… on distingue trois zones [de palmiculture] :
– celles où la culture de variétés de dattier de qualité est possible (au-delà de 1700 heures). Les oasis de Gafsa et de Phénix sont légèrement en-dessous de cette limite;
– celles où seules les variétés ordinaires de dattier peuvent mûrir. II s’agit essentiellement des oasis côtières méditerranéennes où la limite inférieure est atteinte à Elche en Espagne.
– celles où la culture du palmier n’est plus possible car les fruits ne mûrissent pas. II s’agit essentiellement des oasis de montagne : Feriana en Tunisie, Msila en Algérie, la Vallée du Dadès au Maroc, certaines vallées du Sud de I’Afghanistan par exemple.
1. -Les oasis à dattier
II s’agit ici des oasis où la température moyenne est suffisante pour assurer la maturité des dattes nobles. II convient ici de dissiper une légende qui voudrait qu’on puisse cultiver dans ces conditions trois étages de végétation : les palmiers, les arbres fruitiers et les cultures vivrières. C’est oublier l’énorme différence qui existe entre la quantité de lumière reçue par une feuille exposée au soleil et celle qui se trouve immédiatement au-dessous. Elle est alors insuffisante pour lui permettre d’assurer vraiment son rôle.
2. Les oasis côtières
II s’agit essentiellement des oasis de la côte sud de la Méditerranée. Les conditions du climat sont ici caractérisées par des hivers doux qui ne conviennent guère aux espèces fruitières à feuilles caduques …/… II existe de nombreuses variétés fruitières locales adaptées à ces conditions climatiques particulières mais elles ne donnent généralement pas des produits de qualité. Les chercheurs ont récemment sélectionné dans le monde entier des variétés fruitières adaptées aux hivers doux qui devraient donner satisfaction : pêchers, pommiers, poiriers, abricotiers.
3. Les oasis de montagne
Ces oasis se caractérisent très souvent par des hivers froids, et des gelées printanières tardives. Elles sont, par contre, très chaudes en été et souvent soumises à des vents chauds et desséchants. Ce ne sont pas des conditions idéales pour réussir des plantations fruitières."
Source : CROSSA-RAYNAUD P. 1990. Note technique. L'arboriculture fruitière dans les systèmes agricoles oasiens, in Options Méditerranéennes, Les systèmes agricoles oasiens, Sér. A, 11 : 319-324. Link : ressources.ciheam
* Etage des arbres fruitiers : liste (sans prétention exhaustive) des plantes cultivées sous le couvert des palmiers (oasis tunisiennes du Jerid)
Abricotier Prunus armenica (Rosaceae)
Amandier Prunus amygdalus (Rosaceae)
Bananier Musa x paradisiaca (Musaceaea)
Bigaradier Citrus aurantium (Rutaceae)
Cerisier Prunus avium (Rosaceae)
Citronnier Citrus limon (Rutaceae)
Cotonnier Gossypium sp. (Malvaceae)
Figuier Ficus carica (Moraceae)
Grenadier Punica granatum (Punicaceae)
Jujubier Ziziphus jujuba (Rhamnaceae)
Mûrier blanc Morus alba (Moraceae)
Olivier Olea europea (Oleaceae)
Oranger (doux) Citrus sinensis (Rutaceae)
Pêcher Prunus persican (Rosaceae)
Poirier Pyrus communis (Rosaceae)
Pommier Malus domestica (Rosaceae)
Prunier Prunus sp. (Rosaceae)
Vigne Vitis vinifera (Ampulidaceae)
Source : BATTESTI V. 1997. Les oasis du Jérid: des révolutions permanentes?
Ill. exemple de grenaderaie à Gabes (Tunise)
"Le grenadier (Punica granafum L.) et le figuier (Ficus carica L.) sont deux espèces bien adaptées au climat méditerranéen et aux zones arides. Elles sont capables de valoriser des terres marginales et des eaux saumâtres. Elles sont bien connues en Tunisie. Cependant, elles ont été considérées, pendant longtemps, comme des espèces secondaires. La culture du grenadier est très ancienne en Tunisie. Elle date, au moins, de l'époque phénicienne.
Les grenades, mûrissant en automne, arrivent sur le marché avant les clémentines à une époque pendant laquelle les seuls fruits concurrents sont les dattes communes et les pommes et les poires de frigo. Outre la consommation à I’état frais, les fruits sont utilisés pour la fabrication des boissons rafraichissantes. Les sous-produits (écorce des fruits, etc.) sont utilisés, traditionnellement, en médecine populaire et en teinturerie. La plupart des vergers sont du type traditionnel, de petite taille et où le grenadier est planté en association avec d’autres espèces comme l’olivier, les agrumes, le dattier, etc. Le figuier est un arbre très répandu en Tunisie. Les principaux centres de production sont localisés dans les zones côtières.
Les figues se consomment, généralement, à I’état frais mais peuvent être séchées et conservées longtemps ou bien utilisées pour la fabrication de confiture ou encore distillées pour la fabrication d’eau de vie. Certains sous-produits sont utilisés pour compléter l’alimentation du bétail. Dans la plupart des cas, le figuier est cultivé en association avec d’autres espèces fruitières comme l’olivier, l’amandier, le palmier dattier, etc.
[En conclusion], le grenadier et le figuier sont deux espèces commercialement très intéressantes. Les fruits sont très recherchés localement. Les possibilités d’exportation des grenades sont très importantes. L’avenir de la culture du grenadier est lié à la solution des problèmes d’éclatement et de pourriture des fruits, à la maîtrise des techniques de conservation et à la sélection et l’amélioration variétale. La réussite de la culture du figuier (surtout les nouvelles plantations en irrigué) est tributaire de la résolution des problèmes de sélection variétale, de caprification, de séchage des fruits et de la recherche de nouveaux débouchés autres que le marché local."
Source : MARS M. 1995. La culture du grenadier (Punica granatum L.) et du figuier (Ficus carica L.) en Tunisie. In : Llácer G. (ed.), Aksoy U. (ed.), Mars M. (ed.). Underutilized fruit crops in the Mediterranean region. Zaragoza : CIHEAM-IAMZ, 1995. p. 85-95. Link: ressources.ciheam
* Mangifera indica L., Citrus reticulate Blanco et Trifolium alexandrinum L
Cette étude d’impact de l’incorporation de Mangifera indica L., Citrus reticulate Blanco et Trifolium alexandrinum L dans les palmeraies, montre que Mangifera indica L. présente un réel intérêt en matière de lutte contre la désertification.
Source : ABOUZIENA, ABD-ELMOTTY, SAHAB, 2011. Using Polyculture for Combating Desertification in Egypt. Case Study. InInternational Journal of Water Resources and Arid Environments 1(5), 334-341. Link: psipw.org
{tab=MARAICHAGE}
* Etage des herbacées : liste (sans prétention exhaustive) des plantes cultivées sous le couvert des palmiers (oasis tunisiennes du Jerid)
Ill. cultures fourragères dans la palmeraie de Gabès (Tunisie)
– herbacées maraîchères :
Ail Allium sativum (Liliaceae)
Aubergine Solanum melongena (Solanaceae)
Blette Beta vulgaris (Chenopodiaceae)
Carotte Daucus carota (Apiaceae)
Céleri Apium graveolens var. Secalinum (Apiaceae)
Chou pommé Brassica oleracea var. capitata (Brassicaceae)
Concombre Cucumis sativus (Cucurbitaceae)
Corette potagère Corchorus olitorius (Tiliaceae)
Coriandre Coriandrum sativum (Apiaceae)
Courgette Cucurbita pepo (Cucurbitaceae)
Épinard Spinacia oleracea (Chenopodiaceae)
Fenugrec (Fabaceae)
Fève Faba vulgaris var. major (Fabaceae)
Gombo Hibiscus esculentus (Malvaceae)
Laitue romaine lactuca sativa var. longifolia (Asteraceae)
Maïs Zea mays var. Saccharata (Poaceae)
Melon Cucumis melo (Cucurbitaceae)
Menthe Mentha sp. (Lamiaceae)
Navet (blanc) Brassica rapa (Brassicaceae)
Navet (rouge) Brassica rapa (Brassicaceae)
Oignon Allium cepa (Liliaceae)
Pastèque Citrullus vulgaris (Cucurbitaceae)
Persil Petroselinum crispum var. foliosum (Apiaceae)
Petit pois Pisum sativum var. vulgare (Fabaceae)
Piment Capsicum sp. (Solanaceae)
Pomme de terre Solanum tuberosum (Solanaceae)
Potiron Cucurbita maxima (Cucurbitaceae)
Pourpier Portulaca oleracea (Portulacaceae)
Radis Raphanus sativus var. sativus (radicula) (Brassicaceae)
Tomate Lycopersicum esculentum (Solanaceae)
Tournesol Helianthus annuus (Asteraceae)
– herbacées fourragères :
Luzerne Medicago sp. (Fabaceae)
Orge en vert Hordeum vulgare (Poaceae)
Sorgho Sorghum sp. (Poaceae)
Source : BATTESTI V. 1997. Les oasis du Jérid: des révolutions permanentes?
*De l’intérêt des herbacées fourragères
"L’amélioration et le maintien de la fertilité du sol dans [les] régions désertiques nécessitent l’utilisation de fortes doses de fumure organique (30 à 40 tonnes ha par an). L’élevage s’impose donc comme une servitude pour l’exploitation agricole oasienne, du fait de la demande importante en fumier. Par ailleurs, l’élevage permet d’augmenter nettement le revenu brut de l’exploitation familiale en valorisant tous les sous-produits de la ferme (paille, orge écimée, résidus de mais, mauvaises herbes …) en fournissant des produits alimentaires de première nécessité pour la famille (lait de vache, viande de lapin, oeufs…), et en garantissant des revenus non négligeables (vente de veaux, moutons…). Le rôle des cultures fourragères est donc lié en grande partie au rôle de l’élevage qui les valorise. Or, dans les oasis marocaines, il existe une race ovine (D’mane) très prolifique et très productive. Par ailleurs, ces cultures ont aussi d’autres intérêts agronomiques et économiques :
– Elles permettent d’améliorer la structure et la fertilité du sol. L’exemple typique est celui des légumineuses fourragères fixatrices de l’azote de l’air atmosphérique qui enrichissent ainsi le sol en azote. Les racines de luzerne, très nombreuses jusqu’à plus d’un mètre, ameublissent le sol et améliorent sa structure.
– Elles contribuent à l’augmentation de la superficie technique de l’exploitation par la pratique de cultures dérobées telles que le trèfle, le sorgho et le maïs.
– Elles peuvent garantir, même en absence d’élevage sur la ferme, des revenus importants : c’est le cas pour la vente des bottes de luzerne …/… Le calendrier fourrager, au niveau d’une exploitation agricole, est très important, surtout dans le cas de petites exploitations familiales ne possédant pas les possibilités financières d’achat de fourrage. II est donc nécessaire, en fonction du cheptel, de prévoir des stocks fourragers suffisants pour toute la saison et d’assurer toute l’année (contrainte lourde) une production fourragère en vert."
Source : JANATI A. 1990 Les cultures fourragères dans les oasis. In : CIHEAM-IAMM, 1990. – n. 11, p. 163-169 : réf., tabl. Montpellier (FRA). Link: ressources.ciheam
*Les blés oasiens
"Les blés des oasis sahariennes sont restés pendant longtemps mal connus. La présence des céréales dans les cultures d’oasis avait pourtant été signalée depuis longtemps par de nombreux voyageurs. Ducellier (1920) est le premier à attirer l’attention des agronomes sur l’originalité des blés sahariens et sur les possibilités culturales d’une réelle importance qu’offrent ces céréales : commence alors un considérable travail de prospection et de description des populations oasiennes de blé. Compte tenu des contraintes environnementales sévères auxquelles les blés des oasis ont eu à faire face (alimentation en eau aléatoire, hautes températures, salinité des eaux et du sol), on peut s’attendre à rencontrer dans le matériel prospecté des caractères intéressants d’adaptation à ces contraintes. Les blés des oasis sont donc susceptibles de constituer de véritables "modèles" pour I’étude des bases physiologiques de l’adaptation au déficit hydrique, aux températures élevées, et à la salinité. Cette évaluation des blés oasiens devrait en particulier permettre d’identifier avec précision des géniteurs potentiels utilisables en sélection. Ces géniteurs sahariens sont en effet susceptibles d’apporter en croisement une série de caractères favorables, tels que :
– une bonne fertilité de l’épi
– un poids de mille grains élevé
– une bonne adaptation au déficit hydrique et aux hautes températures
– une bonne adaptation à la salinité."
Source : BENLAGHLID M., BOUATTOURA N., MONNEVEUX P., BORRIES C. 1990. Les blés des oasis: étude de la diversité génétique et de la physiologie de l'adaptation au milieu, in CIHEAM-IAMM 11 : 171-194, Montpellier (France). Link: ressources.ciheam
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