Le palmier-dattier, Phoenix dactylifera, présente une diversité génétique exceptionnelle qui se traduit par l’existence d’une grande variation dans le phénotype au niveau phénologique (étalement de la floraison, fruits persistants ou non, etc.). Cette diversité a conduit à mettre en place des recherches comparatives visant à la description de son cycle reproducteur, dans le cadre d'un partenariat développé par l'IRD sur l'ensemble de sa zone de distribution. L'un des enjeux de ces recherches concerne le réchauffement du climat et son impact économique pour les régions de production dattière. Il s'agit aussi de savoir si le palmier dattier pourrait être un indicateur fiable de ces mêmes changements. Dans une perspective à plus long terme, le modèle global résultant de l’intégration des données pourra:
– déboucher sur la définition de bio-indicateurs des changements environnementaux,
– supporter la mise en place d'outils de contrôle de la santé des agrosystèmes oasiens en zones arides.
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Construction d’un modèle global de la phénologie du palmier dattier
Il s’agit de suivre sur plusieurs sites, répartis le plus largement possible dans le monde, la réponse de l’espèce aux déterminants climatiques majeurs (température, précipitations, humidité atmosphérique, ensoleillement, photopériode).
Le profil phénologique populationnel sera observé à cet effet sur chaque site, à l’aide d’un protocole standardisé. Il rendra compte des principaux paramètres du cycle reproducteur annuel (initiation, maxima et durée de chaque cycle de floraison, durée du développement du fruit et stade de maturité atteint).
Les populations choisies seront constituées sur une base génétique large, incluant une vaste gamme de phénotypes individuels (précoces, tardifs, polycycliques, androgynes).
Dans ces conditions, les variations des profils phénologiques populationnels devraient refléter essentiellement les différences climatiques entre les sites. Les écarts au profil phénologique théorique attendu, sur la base du climat moyen du lieu, devraient relever de biais dans la structuration génétique (comme une base génétique locale restreinte, due à des effets de sélection humaine, par exemple une favorisation des génotypes précoces).
L’objectif de cet aspect de la recherche est de déterminer la part des facteurs endogènes sur la variation de la phénologie. La compréhension du rôle de ces facteurs permettra de préciser comment ceux-ci se combinent avec le déterminisme climatique pour produire les profils phénologiques observés.
Les sites retenus (à ce jour)
Ce site sub-saharien représente la limite sud de la culture du palmier dattier.
Bien que située au cœur des régions phénicicoles de Tunise, il s’agit d’une palmeraie marginale du fait de sa proximité avec la mer.
Toujours en Tunisie, mais en zone saharienne, le site représente un exemple parfait de référent oasien.
Ce site italien représente la limite nord de la culture du palmier dattier.
Il s'agit de zones d’introduction récente du palmier-dattier située sur la côte pacifique (Equateur, Perou, Chili).
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Différences entre sexes
– Comparaison des profils phénologiques des individus mâles et femelle.
Facteurs génétiques
– Comparaison de la phénologie sous différents climats de quelques cultivars largement répandus.
– Identification et suivi de phénotypes rares et stables, en particulier les individus polycycliques et mâles androgynes.
– Recherche de corrélations entre distances génétiques et différences phénologiques entre individus génotypés.
Relation entre disponibilité énergétique et phénologie
– Mise en relation des modèles d’architecture végétative avec les profils phénologiques correspondants.
Cinétique du développement inflorescentiel et interprétation des profils populationnels
Les profils populationnels résultant de la somme des comportements individuels, il est nécessaire de connaître précisément ces derniers.
– A côté de la durée de la période de floraison, la séquence de développement des inflorescences constitue un second paramètre particulièrement variable selon les individus. Elle peut ainsi être basipète (cas le plus fréquent, les inflorescences apparaissant progressivement du haut vers le bas de la couronne, c’est à dire à l’aisselle de feuilles de plus en plus âgées), mais elle peut être aussi acropète, bimodale ou simultanée.
– La durée de la floraison dépend aussi du nombre total d’inflorescences émises (très variable, de 1 à 40 au cours d’un cycle), et de la durée de développement de la spathe (de 2 à 8 semaines, cette variabilité semblant largement dépendante du climat).
– La durée de développement des fruits est également un paramètre dont la variabilité individuelle entre en compte, avec par exemple des phénomènes particuliers comme la persistance des fruits au stade Khalaal, observé en Italie.
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PINTAUD JC 2012. Suivi phénologique du palmier dattier: protocoles pour la caractérisation des cycles végétatifs et reproducteurs élaborés sur le site italien de Sanremo (2008-2011). Link: Version 2012.
ROYAUME DU MAROC 2011. Les oasis, un équilibre entre présence humaine et organisation du territoire. In: Oasis et Zones Arides Résilientes, Territoires Engagés, Mexique, Cancunmesse, 8 décembre 2010. Link: www.un.org.ma
PINTAUD et alii 2010. Phénologie du palmier dattier: caractérisation du cycle reproducteur au niveau populationnel sur un échantillon italien de phœnix dactylifera. Link: Pintaud 2010
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