Sahel

SAHEL carte wikipediaIll. Représenté en brun sur cette carte, le Sahel regroupe les territoires du Sud du Sahara compris entre les isohyètes 200 et 600 mm (de précipitations annuelles). Il s’agit de la zone de transition entre le désert saharien et les savanes africaines (dites soudaniennes). D'ouest en est, la flore, la végétation et l'utilisation du sol varient très peu, du fait de la grande homogénéité de climat, relief, géomorphologie, sol et utilisation du sol. C’est entre le nord et le sud que l’on trouve des différences marquées, dues à la diminution progressive des précipitations (environ 1 mm par km). La pluviométrie permet ainsi de distinguer les zones saharo-sahélienne (entre 100 et 200 mm/an), sahélienne typique (200-400 mm/an) et sahélo-soudanienne (400-600 mm/an). Source Wikipedia sv. Sahel : http://fr.wikipedia.org/
 
Cette bibliographie commentée concerne uniquement des publications disponibles en ligne, qu’elle vise à mettre en valeur et en réseau, autour d’une description des principales oasis de ces régions et des sources relevant de leur histoire ancienne. Outre les témoignages archéologiques (dont les gravures rupestres), il s’agit principalement des mentions des historiens grecs et romains, mais aussi des survivances étudiées au siècle dernier par les ethnologues. Le rôle des régions sahéliennes est méconnu dans l’histoire des civilisations, du fait de leur éloignement du bassin méditerranéen et de l’absence de textes. Elles auraient pourtant été l’un des plus anciens foyers de la révolution du néolithique. Les routes caravanières et leurs oasis remontent elles aussi à une haute antiquité. Le climat actuel du Sahara s'est en effet formé entre le Ve et le IIe millénaire av. J.-C, entrainant d’importants déplacements de populations.
 
Les routes caravanières et les oasis de palmiers-dattiers
Il semble qu'avant le 1er millénaire (BC) aucun trafic régulier de direction méridienne n'ait existé en Afrique occidentale. Des routes trans-sahéliennes sont cependant attestées, mais seulement sur des axes parallèle ou oblique, situés entre les vallées du haut Nil et du Niger. Les 1ères routes caravanières ayant mis en contact direct l’Afrique occidentale et le Bassin Méditerranéen sembleraient remonter au commerce du cuivre dans l’Antiquité. Les itinéraires caravaniers présupposent toutefois l’existence des oasis, et donc du palmier-dattier. La diffusion du palmier dans le monde saharien est généralement attribuée à l’arrivée, tardive, de populations qualifiées de Berbère par la littérature occidentale, un terme qui désigne l'ensemble de la population blanche du Maghreb au Sahel. Dans l’état actuel des recherches en matière de génétique, il existerait pourtant 2 foyers distincts de domestication : le foyer oriental situé autour du Golfe Persique, et le foyer occidental dont la localisation précise demeure inconnue pour le moment. Il pourrait s’agir de la zone sahélienne.
 
Les Touaregs et la domestication du dromadaire
On appelle Touareg les peuples nomades qui vivent de nos jours dans le Sahara central et méridional, soit près de 3 millions de personnes. Il s’agit de Berbères, de langue Tamashek, utilisant une écriture dénommée Tifinagh et portant souvent le voile dit "Taguelmust". Il est d’usage d’inclure aussi dans ces populations les anciens captifs des Touareg (nommés Bella ou Buzu) et les métis issus de l'union entre eux et les Touareg. Cette population est estimée à plus de trois millions d'habitants, répartis en Algérie, au Burkina Faso, en Libye, au Mali, en Mauritanie et au Niger. Les nomades de ces régions vivaient traditionnellement du pastoralisme et du commerce transsaharien ainsi que, plus marginalement, d’une petite production artisanale. Ils s’étaient plus particulièrement spécialisés dans l'élevage de dromadaires pour les caravanes. Domestiqué en Arabie aux environs de 2000 av. J.-C., et introduit en Afrique depuis au moins le Ve siècle av. J.-C., cet animal représente avec le palmier le principal pilier de l’économie caravanière. Il aurait toutefois été précédé sur la partie sahélienne de ces itinéraires par le cheval.
 
Le nomadisme pastoral et les oasis de cueillette
A côté des grands itinéraires transsahariens, l’existence d’un antique nomadisme pastoral de dimension régionale présente le plus grand intérêt, en ce qui concerne l’histoire de la domestication du palmier-dattier. Ces régions abritent en effet des oasis dites de cueillette, seulement occupées par les pasteurs à l’époque de la maturation des dattes. Ce type d’oasis, où l’on ne procède pas à la sélection de cultivars mais à la multiplication par semis, présente par définition une biodiversité importante et originale. D’autant plus que les régions occidentales du Sahel sont voisines des archipels du Cap Vert et des Canaries, où l’on trouve deux autres espèces de palmiers du même genre Phoenix, P. atlantica et P. canariensis, par ailleurs susceptibles d’hybridation.
 
En savoir plus sur la domestication du palmier dattier
GROS-BALTHAZARD M. 2012. Sur les origines, l'histoire évolutive et biogéographique du palmier-dattier (Phoenix dactylifera L.). L'apport de la génétique et de la morphométrie. Thèse de doctorat en EERGP – Evolution, Ecologie, Ressources Génétiques, Paléontologie – UM2. Sous la direction de Jean frédéric Terral et de Jean-christophe Pintaud. Link: http://www.biu-montpellier.fr/
GROS-BALTHAZARD M., NEWTON C., IVORRA S., TENGBERG M., PINTAUD JC, TERRAL JF 2013. Origines et domestication du palmier dattier (Phoenix dactylifera L.) État de l'art et perspectives d'étude. In: Revue d’ethnoécologie 4 (2013). Link: http://www.researchgate.net/
GROS-BALTHAZARD M. 2013. Hybridization in the genus Phoenix. A review.  In: Emir. J. Food Agric. 2013. 25 (11): 831-842 Link: http://ejfa.info/

DESCRIPTION

Sahel Oasis Adrar TagantMAURITANIE
Ill. Au pays des Maures et des oasis de l'Adrar et du Tagant (POTIN Christian, Consultant intermittent du Développement Inégal, 2001). Link : http://christianpotin.canalblog.com/
 
LES OASIS DE L’ADRAR OCCIDENTAL
Cette vaste région de Mauritanie, dont la surface est estimée à 215000 km2, appelée Adrar occidental, est constitué de plateaux bordés de longues falaises de grès. Les principaux centres sont Atar, Chinguetti et Ouadane (Wadan). Ces oasis, surtout Ouadane, ont entretenu des relations régulières avec les cités caravanières du Nord (Sijilmasa, Marrakech) et les vallées des fleuves, Sénégal et Niger, au sud. Cette importance du commerce explique le rôle prépondérant de Chinguetti et des palmeraies d'Atar et de Awjeft. Au XVIIIe siècle se constitua dans l'Adrar un émirat à l'imitation de ceux établis dans le sud, au voisinage du fleuve Sénégal. Le fondateur en est Àtman, un Arabe Hassan dont le commandement s'exerça de 1745 à 1785 (?). Ses successeurs, d'abord son frère Lgr (le chauve) puis son fils Sidi Ahmed, s'appuyèrent sur trois tribus Hassan, les Awled Àmmoni, les Awled Askar et les Awled Qaylan qui étaient, en fait, surtout les derniers, composés d'éléments d'origines diverses, en majorité arabe mais aussi zenaga (berbère).
Source Encyclopédie Amazighe, sv Adrar.  Link : http://www.wikimazigh.com/
Iconographie: Tichit, sur la route du sel. Link : http://www.idoumou.com/

 
Sahel Oasis Mali TinzaoutenMALI
Ill. Programme d’appui au développement de Tinzaouaten, Tessalit, Anéfis et Adiel’hoc. Link : http://www.cariassociation.org/
 
LES OASIS DE L'ADRAR ORIENTAL
Malgré son nom (Adγaγ ou Aḍaγ, variantes locales de adrar, signifient en berbère montagne), l’Adrar des Iforas est plutôt un plateau qu’une montagne. Situé dans le Nord-Est du Mali et dans le Sud de l'Algérie, des vallées très larges et peu profondes, séparées par des seuils à peine sensibles, donnent un faible relief en creux parsemé d’inselbergs. L’altitude est modérée et ne dépasse pas 1000 m (mont Essai : 960 m). L’Adrar des Iforas proprement dit est limité à l’ouest par la large dépression du Tilemsi, qui est plus une plaine qu’une vallée, de pente nord-sud, par laquelle passe la route qui, venue de Tessalit, atteint le fleuve Niger à Bourem. Cette «vallée» du Tilemsi fut toujours une région relativement favorisée. Dès le Néolithique, un faciès particulièrement riche caractérise cette dépression. La région d’Asselar, dans le nord-ouest de l’Adrar, a livré le plus ancien squelette de race noire (4440 av. J.-C, d’après le C 14). Les habitants de l'Adrar des Ifhoghas, se nomment les Kel Adagh, dont les Kel Ifoghas clan aristocratique touareg qui exerce depuis plusieurs générations un rôle politique prédominant dans la région. Ce sont des éleveurs de chameaux, de chèvres et de moutons dont ils font le commerce. L'Adrar des Ifoghas est riche en gravures rupestres. Les principales villes du massif ou de sa périphérie sont Kidal (chef-lieu), Abeïbara, Aguel'hoc, Boughessa, Essouk et Tessalit.
Source Encyclopédie Berbère, sv Adrar des Iforas. Link : http://encyclopedieberbere.revues.org/
 
NIGER
Video: Timia oasis de l'Aïr Niger
 
LES OASIS DE L’AIR
Au Niger, les Touareg sont estimés de nos jours à 700.000 habitants. Ils sont surtout répartis dans le centre et le nord du pays. A l'origine, ils peuplent l'Aïr et ses pourtours. Ils nomadisent au rythme des saisons des pourtours de l'Aïr jusqu'au sud du pays, c'est-à-dire dans la zone des cultures sous pluies, de la latitude 14° nord à la latitude 22° nord. Les Touareg qui peuplent l'Aïr et ses environs portent le nom de Kel Ayar (ceux de l'Aïr). Parmi les principales tribus qui composent ce groupe on compte les Kel Away, les Kel Ferwan, les Kel Fade, les Ikaskazan, les Kel Tadale, les Inussafa, etc. A ces tribus on peut ajouter les Itesayan, les Kel Geres, les Illisawan, les Imuzarag, etc. L'arrivée des premiers Touareg dans la région remonterait au Ville siècle. Dès le début du IXe siècle, certaines tribus étaient proches de l'Aïr d'après Hamani. Le groupe le plus ancien serait celui des Sandale, suivi de celui des Kel Gerès puis les Kel Away.
Source : SALEY M. 1996. Le cas du Niger. Les touareg du passé au futur. In Civilisations 43-2 (1996) Problèmes africains contemporains. Link : http://civilisations.revues.org/
 
TCHAD
Sahel Oasis TchadIll. Images des oasis du Tchad (Allibert Trekking). Link: http://www.allibert-trekking.com/
 
LES OASIS DU TIBESTI ET DU BORKOU
Le Borkou est le pays des Toubou ou Teda-Daza. Les Teda habitent principalement le massif montagneux du Tibesti (dont le plus haut sommet, le volcan l’Emi Koussi culmine à 3415 mètres), tandis que les Daza vivent dans le Borkou, dont la principale agglomération est Faya, siège de la préfecture du BET (Borkou, Ennedi, Tibesti). Deux groupes daza, les Kodorda à l’ouest et les Annakaza à l’est, élèvent des camelins. Dans le passé, ils dominaient le pays et les sédentaires kamadja, qui assuraient la production des palmeraies et des jardins. Ceux-ci, en partie d’origine servile, dépendaient des Daza et leur payaient tribut. De nos jours, ils occupent une meilleure position sociale et économique car, durant et après la période coloniale, ils se sont progressivement émancipés de leurs maîtres. Ils ont pu bénéficier aussi de la scolarisation, ce qui leur a permis d’avoir accès, par la suite, à des emplois salariés ou commerciaux.
Source : ARDITI C. 1995. Le commerce des dattes du Borkou (Tchad). In: Cah. Sci. hum. 31 (4) 1995 : 849-882. Link: http://horizon.documentation.ird.fr/
 
SOUDAN
Sahel Oasis Soudan LybieIll. Kharga et les routes caravanières du désert lybien
 
OASIS DE SALIMA ET DE KHARGA
Hérodote a mentionné l’existence d’une route caravanière, dite des 40 jours, reliant l’oasis de Kharga au sud de l’Egypte, à la province du Darfour (frontière du Tchad et du Soudan), c’est-à-dire le monde africain et le monde méditerranéen. Cette piste était déjà fréquentée sous l'Ancien Empire, soit deux mille ans avant notre ère, comme l’on montré les fouilles archéologiques de Balat, capitale des gouverneurs de la région des oasis, et d'Aïn Asil où l'on a retrouvé un habitat de cette période, confirmant l'occupation égyptienne de cette région. Ces sites étaient par ailleurs occupés dès la préhistoire.
Source Passion égyptienne : Les "vastes solitudes" du désert libyque. Link : http://www.passion-egyptienne.fr/
Iconographie. Oasis de Kharga : le grand temple d’Hibis. Link : http://www.passion-egyptienne.fr/
 

 

PREHISTOIRE

Neolithique distribution des foyersVIII° millénaire
REPERES CHRONOLOGIQUES
Le passage progressif des sociétés de chasseurs-cueilleurs à celles de pasteurs-agriculteurs voit le jour au Proche-Orient entre 10 000 et 9 000 ans av. J.-C. La céramique utilitaire est souvent considérée comme une caractéristique de ces civilisations dites du Néolithique. L'utilisation de la terre cuite pour la réalisation de statuettes rituelles est toutefois attestée dès le Gravettien, soit il y a au moins 20000 ans, notamment dans des sites préhistoriques d'Afrique du Nord.
 
VIII° millénaire
AIR DU NIGER
D’après les datations radiométriques c’est actuellement en Aïr que se trouve, si on en croit le C14, la plus vieille céramique néolithique, plus ancienne même que celle du Proche Orient. Découvert [en 1982] par J.-P. Roset au sommet du mont Bagzan, à 1850 m d’altitude, l’abri de Tagalagal contient un dépôt anthropique renfermant outillage lithique, matériel de broyage et tessons de céramique mêlés à des terres cendreuses et des charbons de bois dont deux échantillons sont datés du VIIIe millénaire avant J.C. : 9 330 ± 130 B.P. (7 380 B.C.) et 9 370 ± 130 B.P. (7 420 B.C.). L’outillage en pierre, principalement sur éclats en raison des mauvaises qualités clastiques des roches, comprend plusieurs pièces typiquement néolithiques : pointes de flèches bifaciales et haches à tranchant poli. Le matériel de broyage (fragments de meules et molettes correspond au moins à une intense activité de cueillette sinon à une vraie agriculture, et la poterie, représentée par des tessons, provient de vases particulièrement élaborés. Leur forme issue de la sphère est soit à large ouverture (récipient de type bol), soit à ouverture rentrante et lèvres éversées. Leur décor couvre la quasi totalité des surfaces.
Source BERNUS E., GRÉBÉNART D., HAWAD M., CLAUDOT-HAWAD H. 1986. AIR (Ayr, Ayar, Azbin, Abzin). In: Encyclopédie Berbère, 3 (342-363). Link : http://encyclopedieberbere.revues.org/
Bibliographie
Roset J.-P 1982. Tagalaga, un site à céramique au Xe millénaire avant nos jours dans l’Aïr (Niger). Académie des Inscript, et Bel. Let. Comptes rendus juil-oct. 1982, p. 565-570. Link : http://www.persee.fr/
QUÉCHON G., ROSET J.P. 1974. Prospection archéologique du massif de Termit (Niger). In : Cah.. 0 RSTOM, série Sci. Hum., vol.. XI, n°1 – 1974 : 85-104. Link : http://horizon.documentation.ird.fr/
 
VI°-III° millénaire
REPERES CHRONOLOGIQUES
Le Néolithique Proche-Oriental est marqué par la naissance des grandes civilisations antiques, Sumérienne et Egyptienne, entre les 5° e 4° millénaires. En ce qui concerne le néolithique saharien, il voit le jour dans le contexte d’une période humide favorable à l’agriculture, laquelle se termine brutalement au VI° millénaire où le climat actuel s’établit progressivement dans le Sahara méridional. L’expansion du désert va se poursuivre jusqu’au 2° millénaire.
 
VI°-III° millénaire
NAISSANCE DU SAHARA
Il y a quelques milliers d'années, à l'emplacement de l'actuel désert du Sahara, régnait un climat humide et se trouvaient de nombreux fleuves et lacs, dont le Lac Méga-Tchad (avec plus de 350 000 km2, soit une superficie équivalente à celle de l'actuelle Mer Caspienne). Le Sahara n'est pas pour autant un «jeune» désert : d'autres épisodes désertiques antérieurs ont été enregistrés, le plus vieux remontant à 86 000 ans. D'autres indices, trouvés au sein de carottages réalisés dans l'océan au large du continent africain, suggèrent l'existence en Afrique du Nord d'épisodes arides antérieurs à ce dernier. La découverte et l'analyse de formations dunaires fossiles au Tchad par des chercheurs du CNRS conduisent à réviser l'estimation de l'âge du Sahara. Le désert chaud le plus vaste de la planète ne serait pas âgé de 86 000 ans, comme on le croyait, mais d'au moins 7 millions d'années ! Ces travaux représentent le premier jalon de la reconstruction de l'histoire climatique ancienne du Paléo-Sahara, durant une période encore largement méconnue.
Source : SCHUSTER M., DURINGER P., GHIENNE J.-F., VIGNAUD P., MACKAYE H.T., LIKIUS A., BRUNET M. 2006. The Age of the Sahara Desert. In : Science, 10 février 2006. Link : http://www2.cnrs.fr/
 
VI°-III° millénaire
EVOLUTION DE LA FLORE SAHARIENNE
L‘examen critique des données polliniques disponibles concernant la végétation saharienne permet de conclure qu’elle n’a subi que peu de changements qualitatifs au cours des vingt derniers millénaires. II faut essentiellement noter une certaine transgression sur le Sahara des taxons tropicaux de type sahélien vers le milieu de l’Holocène Quantitativement, quelques données polliniques et géologiques convergent pour indiquer que les plaines sahariennes ont été extrêmement arides entre 20 000 et 15 o00 ans BP environ et que sur les montagnes la végétation s’est beaucoup raréfiée. Une certaine recolonisation s’est effectuée à partir de 15 000 ans BP sur les montagnes. L‘étude pollinique de l’Holocène du Bassin du Tchad à Tjéri, vers le centre du bassin, met en évidence un changement majeur vers 7 000 ans BP, caractérisé en zone sahélienne par une brutale extension des taxons arborés jusques vers 5 000 ans BP, correspondant probablement à une extension de la savane sahélienne. Un changement important est intervenu aussi à la même époque sur les zones soudanienne et soudano-guinéenne où s’est produite en particulier entre 7O00 et 4O00 ans BP une extension de certains taxons qui se développent actuellement sur les sols bien drainés des interfluves. Un tel changement vers 7O00 ans BP se retrouve aussi lorsqu’on examine les diverses données stratigraphiques, sédimentologiques et pédologiques disponibles pour l’Afrique nord-tropicale. Grâce à de nombreuses données stratigraphiques et radiochronologiques, le Tibesti est actuellement le massif saharien dont l'évolution géologique au Quarternaire récent est la mieux connue. On présente ici des analyses polliniques effectuées sur des dépôts lacustres prélevés sur les hauts plateaux du Tibesti entre 1 800 et 2 700 m et s'échelonnant entre environ 17 000 ans BP et l'Holocène inférieur, période pour laquelle on possède des échantillons pollénifères. Pour comparaison, on présente aussi l'analyse pollinique d'une colluvion actuelle venant de cette région.
Source : MALEY J. 1983. Histoire de la végétation et du climat de l’Afrique nord-tropicale au Quaternaire récent. In: Bothalia 14,3 & 4: 377-389 (1983), Pretoria. Link : http://horizon.documentation.ird.fr/
 
II° millénaire
REPERES CHRONOLOGIQUES
Le Néolithique prend fin avec l'âge du bronze, qui voit le développement de l'utilisation des métaux. La production d'objet en métal est toutefois attestée dès le VIIIe millénaire au Proche-Orient et en Anatolie, avec l'émergence du travail de certains métaux (cuivre, or, argent). C’est au cours du néolithique que se développe la civilisation mycénienne en mer Egée (Grèce), où existent alors d’importantes palmeraies autochtones constituées de Phoenix theophrasti.
 
II° millénaire
PEUPLES ET EVOLUTION CLIMATIQUE EN AFRIQUE NORD-TROPICALE
La fin du Néolithique, au cours du IIIe millénaire BP, a correspondu à l’affaiblissement des périodes humides et à la mise en place de la géographie actuelle dans la zone sud-saharienne et sahélienne, qui s’étend de l’Atlantique au lac Tchad. Depuis cette époque le climat a cependant continué à beaucoup varier. La succession des différents épisodes climatiques, phases humides ou phases arides – et leurs interactions complexes –, est précisée. Ces faits climatiques sont mis en parallèle avec l’évolution archéologique et historique des différentes phases culturelles. Dans cette immense région, souvent à la limite de conditions naturelles extrêmes, les évènements climatiques ont toujours eu des conséquences très importantes sur l’évolution des peuplements humains. Le relativement bon synchronisme des principaux changements culturels, d’ouest en est à travers la bande sahélienne, paraît avoir été fréquemment contrôlé par le rôle directeur des changements climatiques majeurs et des variations environnementales qui en ont résulté.
Source : MALEY J., VERNET R. 2013. Peuples et évolution climatique en Afrique nord-tropicale, de la fin du Néolithique à l’aube de l’époque moderne. In: Afriques 04 | 2013. Histoire et archéologie du Sahel ancien : nouveaux regards, nouveaux chantiers. Link : http://afriques.revues.org/
 
II° millénaire
PRINCIPAUX FACIES NEOLITHIQUES DU SAHARA MALIEN
A ce jour, plusieurs faciès néolithiques distincts ont été mis en évidence dans cette région. Ces différents faciès se regroupent autour de trois sous-régions : Erg Jmeya, Hassi el Abiod et Erg lne Sakane. Au sujet de la chronologie absolue de ces sites de comparaison, le «Néolithique dunaire» sénégalais est daté de 4 275 ± 130 BP (Dak- 214), 3 034 ± 132 BP (Dak-2) et 2 350 ± 100 BP (Gif-1482). Huit datations ont été obtenues pour le Sahara malien elles s'échelonnent entre 7 450 ± 130 BP (Gif-5811) et 3 600 ± 180 BP (Gif-5441), tandis que sur le site de Fanfannyégèné I, une seule date doit être retenue 2 680 ± 120 BP (Pa-269). L'étude du matériel archéologique du gisement de l'Adrar Tabarbarout permet de préciser l'un des nombreux faciès néolithiques du Sahara malien. Cette découverte confirme également l'hypothèse de l'origine saharienne de certaines des cultures plus méridionales comme celles du néolithique dunaire du Sénégal ou du faciès néolithique du Baoulé au Mali. Le site de Fanfannyégèné est le plus proche, en ce qui concerne l'outillage lithique, de celui de l'Adrar Tabarbarout. Le site de l'Adrar Tabarbarout indique surtout une direction de recherche intéressante pour l'étude des origines de certains faciès néolithiques, tels que ceux du Baoulé ou du «Néolithique dunaire» sénégalais. Elle confirmerait, en effet, l'hypothèse avancée récemment selon laquelle des faciès très occidentaux seraient issus de groupes néolithiques installés sur les rives des paléolacs maliens, comme ceux qui ont séjourné à l'Adrar Tabarbarout. Une cause probable de leur migration serait l'arrivée des sécheresses, coïncidant avec les débuts de l'aride actuel. Ces populations seraient alors descendues vers des zones plus hospitalières, comme le Baoulé ou la côte du Cap Vert, en longeant des axes tels que ceux du Niger ou de la Vallée des Serpents d'abord, et du fleuve Sénégal ensuite. Seules, de futures recherches le long de ces éventuels axes de pénétration pourraient confirmer cette hypothèse.
Source GALLAY A., HUYSECOM E. 1993. Un site néolithique de l'Adrar Tabarbarout (Sahara malien oriental). In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1993, tome 90, N. 5. pp. 357-364. Link: http://www.persee.fr/
 
II° millénaire
LES POPULATIONS DES OASIS DE L’ADRAR ET DU TAGANT (MAURITANIE)
On recense environ 350 oasis en Mauritanie, réparties entre les régions de l’Adrar, du Tagant, de l’Assaba et des Hodhs. Elles sont de deux types: les oasis de dépressions inter-dunaires (Assaba et Hodhs), et les oasis d’oueds (Adrar et Tagant). Occupé dès le Paléolithique inférieur (Acheuléen), l'Adrar connut aussi un peuplement important à l'Atérien et surtout au Néolithique. Leurs descendants furent chassés par l'arrivée des «Equidiens», conducteurs de chars dont l'appartenance au stock paléoberbère ne fait guère de doute aujourd'hui. On ne sait si les Bafours (Bavur), auxquels les Maures attribuent la construction de très nombreux ksours aujourd'hui ruinés et sites diversement aménagés en bordure de falaise, sont les descendants des Néolithiques négroïdes ou des Paléoberbères avant leur islamisation. Certains auteurs voient en eux des populations blanches déjà islamisées mais peut-être kharedjites. Les premières vagues berbères ont contribué à la fois au peuplement blanc et au développement de l'élevage tandis que les rares oasis de l'Adrar (Ouada­ne, Chinguetti) continuaient à être cultivées par des Noirs.
Source : CAMPS G. 1985. Adrar de Mauritanie. In : Encyclopédie berbère, 2, sv Ad-Ağuh-n-Tahlé, Aix-en-Provence, Edisud, 1985, p. 153-156 Link : http://encyclopedieberbere.revues.org/
 
II° millénaire
LES CIVILISATIONS NOIRES DE L’ADRAR ANTIQUE
Selon R. Vernet (1983:607), «Au cours du deuxième millénaire, une population d'éleveurs d'origine africaine non encore précisée, chassée des plaines du Sahara central, s’installe sur le dhar Tichitt». Elle y trouve de l'eau, une matière première lithique abondante, des pâturages humides sur le baten : dans ces plaines (erg de l'Awker et de la Majabât) vivaient des herbivores variés, y compris les grandes espèces «éthiopiennes comme l'éléphant, la girafe, le rhinocéros et même, du moins au début, l'hippopotame». Cette population mit à profit ces sites d'habitat défensifs pour une installation sédentaire et les possibilités de contacts avec des populations voisines du Majabât, d'Awkcr, du Tagant, et de l'Azawad… Indépendamment de la multiplicité des meules, molettes, houes, bâtons à fouir, l'existence de réservoirs-silos à grains est déterminante pour affirmer que l'agriculture était pratiquée par les populations du dhar Tichitt-Walata. La végéculture ne s'accompagne guère de la conservation. L'Adrar est ainsi peuplé au Néolithique d'une population noire. Ce peuplement devait être fort étendu», puisqu'il se retrouvait jusqu'à la baie des Lévriers par 20° 10' N. «Ces sédentaires noirs étaient sans doute des agriculteurs», non seulement à cause de l'abondance des meules dormantes et de villages considérables accrochés à la falaise du dhar et sur le baten, mais surtout, comme le souligne Toupet, parce qu'il était impossible d'assurer la subsistance de ces centaines d'agglomérations par la seule cueillette, à supposer même que le lait et la viande entrent, pour l'essentiel, dans l'alimentation. À la suite du dessèchement historique, la raréfaction des pâturages a contraint les agriculteurs et les pasteurs sahariens à se déplacer vers des régions plus humides et plus propices à la vie pastorale et agricole. La céramique et les objets de pêche ponctuent les déplacements progressifs de ces populations bovidiennes, toujours accompagnées de pêcheurs, vers le sud et vers l’ouest. Les éleveurs des grands troupeaux suivent la migration des isohyètes. Lhote (1966 : 7-27) pense qu'ils sont relayés par les Équidiens et les Caballiens, sans pour autant être chassés par eux. Les poteries à décor ondé, les objets de pêche accompagnent toujours les belles fresques bovidiennes, caractérisées par leur élégance et leur raffinement. Pour reprendre l'expression de G. Camps (1974 : 260 et 347), les Équidiens, «ces cavaliers de race méditerranéenne, Garamantes et Gétules, domineront progressivement les Sahariens et garderont leur genre de vie nomade, alors que les Négroïdes, ne pouvant plus élever leurs immenses troupeaux de bœufs, descendent de plus en plus vers le bas pays du Niger, du Sénégal et du Tchad, où se cantonnent dans l'espace restreint des rares oasis, en acceptant la domination des Nomades blancs».
Source : KANE O. La première hégémonie peule. Le Fuuta Tooro de Koli Ten̳ella à Almaami Abdul (pp 51-53). Link : http://books.google.fr/
 
1er millénaire
REPERES CHRONOLOGIQUES
Les historiens qualifient de «phénicienne» la civilisation qui s'épanouit à partir des cités situées entre l’Egypte et la Syrie entre 1200 et 300 av. J.-C. Les Phéniciens fondent Carthage (Tunisie) en 814 B.C. Elle va devenir dans les siècles suivants la première puissance maritime et commerciale de la Méditerranée, du fait notamment de ses liens avec son hinterland saharien.
 
1er millénaire
LES PEUPLES EQUIDIENS
L’encadrement géométrique de certaines stèles a conduit G. Camps (1984) à les considérer comme contemporaines des derniers siècles de l’occupation romaine, soit de l’époque à laquelle le dressage du dromadaire comme méhari et non plus seulement comme animal de bât, se généralisa dans le Sahara du Nord. Ces diverses données imposent l’idée selon laquelle des cavaliers et méharistes qui étaient originaires d’Afrique du Nord se rendirent maîtres, aux alentours du ve siècle de notre ère, de territoires sahariens et sud-sahariens dont ils gravèrent et peignirent certains rochers, y imposant simultanément leurs manières nouvelles de vivre, aujourd’hui spécifiques aux Touaregs. Ces pasteurs guerriers, ancêtres de certains groupes touaregs, ont pu introduire la tradition du cheval monté dans l’Ouest africain vers le milieu du premier millénaire de notre ère, bien qu’il soit difficile de l’affirmer. Car, ceux-là même qui avaient introduit le cheval dans le sud du Sahara au cours du premier millénaire avant notre ère, avaient pour tradition, comme le montre leur art rupestre, de monter des bovins qu’ils guidaient d’une main à l’aide d’une laisse allant directement à la bouche des animaux. Les Peuls foulankriabe du Hombori dans la boucle du Niger montent et guident encore aujourd’hui leurs bovins de cette manière (Gallais, 1975, p. 152). Ce mode de guidage très simple fut appliqué au cheval ; le fait est attesté par la statuaire d’époque médiévale de l’Ouest africain et a perduré au Nigéria jusqu’au début du xxe siècle (Garenne-Marot, 1995, p. 185-187). On ne peut donc à priori rejeter l’idée qu’une tradition équestre soit née dans l’Ouest africain au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne indépendamment de celle qui s’est développée en Afrique du Nord au cours du premier millénaire avant notre ère.
Source CAMPS G., DUPUY C. 1966. Encyclopédie berbère Sv. Équidiens, 17 | Douiret – Eropaei, Aix-en-Provence, Edisud, 1996, p. 2664-2677 Link : http://encyclopedieberbere.revues.org/
 
I° millénaire
LE MALI ET LES ROUTES MERIDIENNES
La découverte au Mali de lieux d'importantes productions de cuivre, tel Takadda, fait supposer que des échanges à longues distances avaient lieux 1000 ans avant J.C. au moins. [DEVISSE, 1979 : 42]. Certaines recherches archéologiques ont montré qu'antérieurement à l'époque romaine des routes de char traversaient le Sahara. Créées dans un premier temps pour des raisons militaires, elles furent très rapidement utilisées à des fins commerciales. Si des mouvements d’échanges ont lieu à travers le Sahara depuis plusieurs millénaires, il semble qu'avant le VIIIème siècle de notre ère aucun trafic régulier de direction méridienne n'ait existé en Afrique occidentale. Antérieurement à cette période, les axes d’échange étaient uniquement de direction parallèle ou oblique, liant notamment les vallées du Nil et du Niger.
Source BRACHET Julien, 2004. «Le négoce caravanier au Sahara central : histoire évolution des pratiques et enjeux chez les Touaregs Kel Aïr (Niger)», Cahiers d’Outre-Mer, 57 (226-227), avril-septembre 2004, p. 117-136. Link : http://www.prodig.cnrs.fr/

 

ANTIQUITE

LES GARAMANTES DE LYBIE SELON HERODOTE
Hérodote (IV, 183) «À dix jours de voyage d'Augila, il y a également une colline de sel et une source, les palmiers y poussent abondamment comme ils le font près des autres collines de sel. Cette région est habitée par un peuple appelé Garamantes, un peuple très puissant, qui recouvre le sel avec de la boue pour y semer ensuite ses cultures. C'est de là que la route est la plus courte vers le pays des Lotophages, un voyage de trente jours. Dans le pays des Garamantes, on trouve des taureaux qui, lorsqu'ils paissent, marchent à reculons. Ils agissent ainsi parce que leurs cornes s'avancent tant vers l'avant de leur tête que, s'ils avançaient en paissant, leurs cornes se planteraient dans le sol. Ce n'est qu'en cela qu'ils diffèrent des autres taureaux, ainsi que par l'épaisseur et la dureté de leur cuir. Les Garamantes ont des chariots attelés à quatre chevaux, sur lesquels ils pourchassent les Éthiopiens Troglodytes qui, de tous les peuples dont l'écho ait pu parvenir à vos oreilles, est celui dont les pieds sont, de loin, les plus rapides. Les Troglodytes se nourrissent de serpents, de lézards et d'autres reptiles du même genre. Leur langage, contrairement à celui des autres peuples, ressemble à des couinements de chauve souris…»
Source CAMPS G. 2002. Les Garamantes, conducteurs de chars et bâtisseurs dans le Fezzan antique. Link : http://www.clio.fr/
 
LES PHARUSI DE STRABON
Sur le plan historique, beaucoup d’auteurs ont fait le rapprochement entre les Ifughas actuels et les “Ifuraces” de l’Antiquité décrits par Corripus dans sa “Joannid”, en l’honneur du général byzantin Jean Troglita, qui mit fin à une insurrection berbère au vie siècle (Alix J., 1899, p. 33). Ainsi, selon Gsell (1923, p. 4), il est «admissible que les Iforas, qui vivent dans l’Adrar, se rattachent aux Ifuraces, qui au vie siècle, vivaient en Tripolitaine». Cauvet (1924) de son côté pense que les “Ifuraces” de Corripus n’étaient qu’une partie d’une tribu beaucoup plus grande, qui s’étendait, déjà à cette époque, sur toute la superficie qu’occupent actuellement les différents groupes des Ifughas : «les indications de Strabon sur les Pharusii, que j’identifie avec les Iforas, montrent qu’ils n’ont jamais changé de place depuis deux millénaires au moins» ; l’auteur précise que c’est après leur défaite face aux Byzantins que les Ifughas «à la suite de la mort de leur chef Carcassan, tué à la bataille des champs de Catem, en 547,[…] durent s’enfuir à leur tour et se replièrent dans l’Adrar oriental, qui paraît avoir été leur point de départ».
Source BADI D. 2001Encyclopédie berbère sv. Ifoghas (Ifughas, Ifoughas, Iforas). 24 | Ida –Issamadanen, Aix-en-Provence, Edisud, p. 3649-3657. Link : http://encyclopedieberbere.revues.org/
 
LES COLONIES ROMAINES
Début de notre ère
Dans un précédent travail, nous avons essayé de déterminer quels avaient été les progrès de l'occupation romaine dans le sud de l'Afrique proconsulaire ;  nous croyons avoir montré quel était, à la fin du IIIe siècle de l'ère chrétienne, le tracé du Limes Tripolitanus entre le Chott Djerid (le lacus Salinarum de Paul Orose) et Lebda (Leptis Magna). Nous avons en même temps indiqué que les Romains n'avaient pas atteint avant la fin du IIe siècle la ligne de hauteurs qui, sous les noms de Djebel Douirat, Dj. Nefousa, Dj. Gharian, Dj. Tarhona et Dj. Mesellata, décrit une vaste courbe au sud du rivage méridional de la petite Syrte. Il ressort donc de notre étude que le Limes Tripolitanus nous paraît avoir été la limite extrême de l'empire dans cette région de l'Afrique. Cette conclusion n'est-elle pas ébranlée, infirmée même par les documents archéologiques et épigraphiques trouvés en plein désert, loin de la côte méditerranéenne et bien au-delà du Limes Tripolitanus ? La plupart de ces documents ne démontrent-ils pas que les Romains ont occupé une partie du Sahara, et que cette contrée était administrativement rattachée à l'Africa, au sens le plus large de ce terme? 
Source TOUTAIN J. 1896. Les Romains dans le Sahara. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 16, 1896. pp. 63-77. Link: http://www.persee.fr/

 

PALMICULTURE

LES PALMERAIES DE L’ADRAR OCCIDENTAL
L'Adrar constitue le plus septentrionnal des émirats maures, il s'étend du fleuve Sénégal, jusqu'aux frontières actuelles du Maroc et de l'Algérie. Les régions nord de la Mauritanie actuelle étaient occupées par des tribus de grands nomades chameliers, autonomes politiquement (Rgeybât, Awléd Dlëm). L'émirat de l'Adrar est situé en zone saharienne très sèche (en moyenne moins de 100 mm) et chaude (maximum 35° 7, minimum 20° 6 à Àtâr). Historiquement deux zones géographiques sont importantes : les plateaux de l'Adrar constitués de côtes gréseuses isolant des dépressions drainées par des réseaux hydrographiques complexes permettant la culture des palmiers, les ergs (massifs dunaires tels Amaqteyr Awaràn, Aksâr, Àzefàl) et ragg (plaines caillouteuses ou sablonneuses tels Amsâga, Tijirit, Tîris) aux pâturages rares et temporaires, surtout utilisables par les chameaux. Les Smâsîd constituent l'une des grandes tribus de l'Adrar mauritanien ; propriétaires des palmeraies et du qsâr d'Àtâr, religieux, ils paient une redevance annuelle (gaver) à l'émir de l'Adrar. Les Ideyselli avaient toujours contesté, parfois efficacement, allant jusqu'à partir en dissidence (à la fin du XIXe siècle au Tagânet), les redevances qu'ils devaient à l'émirat (en moyenne un gaver d'un chameau par fraction et la récolte de dix palmiers, une hurma de deux moutons par tentes et de cent mud des produits de la récolte, en outre des dattes pour certaines tentes).
Source BONTE P. 1984. L'émirat de l'Adrar. In: Journal des africanistes. 1984, tome 54 fascicule 2. pp. 5-30. Link : http://www.persee.fr/
 
PALMERAIES DE CUEILLETTE ET PLANTEURS DE PALMIERS
Cette région présente aux XVIe et XVIIe siècles (et dans le sud jusqu'au début du XIXe) des traits d'«archaïsme» accentués. Elle est occupée en partie par des Noirs (qui terminent à cette époque leurs migrations vers la vallée du Fleuve Sénégal), en partie par des «bafours», sans doute descendants d'un peuplement berbère plus ancien. Cette population est très dispersée. Elle ne plante pas de palmiers, quoiqu'elle pratique la cueillette de palmiers «sauvages» non plantés par rejets mais par le noyau et poussant dans des endroits où la nappe est proche. Elle pratique par contre des cultures irriguées à partir des sources nombreuses sur le rebord du plateau. La chasse et la cueillette sont aussi sans doute très développées. Un point cependant peut être considéré comme acquis : il ne s'agit pas de populations pratiquant l'Islam sunnite très orthodoxe, qui existe déjà ailleurs en Mauritanie, sous l'influence des Kûnta en particulier qui sont solidement implantés à Wadân. S'agit-il de non-musulmans ou, ce qui est plus plausible d'une autre forme d'Islam? Quoi qu'il en soit, cette région est occupée, à partir du XVII° siècle, par des groupes en provenance de Singètï, les Smâsïd, qui vont diffuser la voie qàdiriyya, créer de nouveaux qsùr (Atâr, Awjeft), répandre la plantation des palmiers. Les dKelli, tribu nombreuse de planteurs de palmiers, cultivateurs de grâyr (terrains de décrue cultivés) et petits éleveurs, exercent une hégémonie politique locale. À ce mode de vie commun à tous les habitants du plateau s'oppose la spécialisation chamelière des tribus qui parcourent les grands ergs et ragg. Ces tribus sont de plus en plus dominées par les hassàn d'origine arabe qui contrôlent les pâturages du Nord (Tiris) depuis le XVe siècle et se sont répandus dans les grands espaces qui s'étendent jusqu'aux rives du Sénégal. La présence de l’amir est symbolisée par la /je//a,campement émiral qui peut, lorsque le pâturage est favorable, regrouper quelques centaines de tentes et qui fonctionne comme une petite « capitale » nomade. Peu avant l'époque importante de la getna (récolte des dattes en juillet-août), l’amir s'installe dans wed el cabiod et wed segelîl, en particulier à Hâmdûn, à l'entrée des gorges qui commandent les passes de l'Adrar; parfois à Atàr même, où se trouvent les znâga cultivateurs et planteurs de palmiers, Teyzega, aux dépens desquels la hella vit pendant les deux mois de getna.
Source BONTE P. 1981. La constitution de l'Émirat de l'Adrar. Quelques hypothèses provisoires. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°32, 1981. pp. 37-51. Link : http://www.persee.fr/
 
PALMERAIES DE CUEILETTE ET NOMADISME
Les dattes jouent un rôle fondamental dans la société et l’économie du Borkou. Elles constituent la production végétale la plus importante – aussi bien par le nombre de palmiers que par les quantités produites – de la dépression du Borkou, qui s’étend sur environ 100 km. D’après PRET (1990), on y compte environ 1 300 000 dattiers qui représentent les deux tiers de l’effectif total du pays. Près de 90 % des palmeraies du Borkou appartiennent en majorité à des éleveurs qui n’y résident qu’à la récolte des dattes en juillet-août. Le reste de l’année, ils conduisent leurs troupeaux à la recherche de pâturages ou participent au commerce caravanier. L’entretien des palmiers n’est donc assuré que pendant une courte période, ce qui a pour conséquence de faibles rendements, de l’ordre de 5 à 10 kg par stipe, alors qu’un dattier pollinisé peut atteindre 40 kg. Les dattes sont consommées fraîches à la récolte et sèches toute l’année, mais seules les Bomow dites «datte de Faya» – terme qui désigne la variété la plus importante car « elle représente 70 % des dattiers de la dépression du Borkou ; dans les palmeraies appartenant aux nomades, la proportion s’élève à 80 ou 85 % » (PRET, 1990 : 20) – font l’objet d’une commercialisation importante à longue distance car elles se conservent bien. Il existe, en réalité, une complémentarité entre les zones saharienne et sahélienne qui s’exprime par un système d’échange. Celui-ci met en relation des populations en majeure partie arabes, qui viennent chaque année chercher des dattes, du sel et du natron dans le Borkou, et y apportent des céréales, des condiments, du thé, du sucre, etc. A l’exception de ces groupes d’éleveurs venant acheter chaque année du sel et des dattes et vendre des céréales, le peuplement arabe du Borkou était, dans les années 1960, composé principalement (pour un tiers de la population) de familles de commerçants originaires de Cyrénaïque (Libye), des individus dirigeant des réseaux marchands constitués de longue date, sur un espace économique international, dans lequel ils ont des parents et des alliés.
Source: ARDITI C. 1995. Le commerce des dattes du Borkou (Tchad). In: Cah. Sci. hum. 31 (4) 1995: 849-882. Link: http://horizon.documentation.ird.fr/
 
MEDINE ET LES PALMIERS DE L’AIR
Les différentes variétés de dattiers sont innombrables, mais les habitants d’In Gall font une distinction fondamentale entre les dattiers El Medina et Tombay. El Medina est la variété rapportée de Médine par les Isheriffen fondateurs d’In Gall. On les trouve exclusivement à In Gall ou dans quelques rares points de la vallée de Telwa (Alarsès), oh ont été apportés quelques rejets à une date récente. Par rapport à la variété Tombay le dattier d’El Medina a les palmes plus courtes, des épines plus fines sur les nervures des palmes, et surtout des fruits au noyau plus petit et à la chair plus abondante. Ce sont les dattes les plus appréciées, à la chair molle et sucrée. On peut en manger à satiété sans risques de coliques ou d’indigestion. Mais elles se conservent mal, et doivent être consommées au plus tard deux mois après la récolte. Tombay par contre, recouvre une infinité de sous-variétés, portant chacune un nom différent. Elles seraient, en général, originaires d’Afrique du Nord. Signalons cependant que les habitans d’In Gall prétendent que les Tombay de leur palmeraie viennent elles aussi de Médine, plantées par les premiers occupants. On nous a cité plus de dix noms (1) différents distinguant les dattes par la forme, la taille ou la couleur. Un rapport de 1958 en cite 21. A In Gall, la fondation de la ville est liée à celle de la palmeraie. Elle est attribuée à des Isheriffen clairs, venus de La Mecque, accompagnés d’hommes noirs au statut social d’affranchis, les Isawaghen (deux Isheriffen et deux Isawaghen, ou quatre Isheriffen et “un certain nombre” d’Isawaghen, selon les informateurs). Ces Isheriffen avaient apporté avec eux de Médine des rejets de dattiers ; ils parcoururent le pays en creusant des trous : si la terre retirée ne comblait pas le trou, ils poursuivaient leur route. Ils allèrent ainsi de trou en trou, jusqu’à l’actuel emplacement d’In Gall, et Ià, le trou comblé, il leur resta de la tepe en excédent. Ils plantèrent donc les rejets de palmiers dans cette terre considérée, par ce test, comme fertile.
Source: BERNUS E. 1972. Les palmeraies de l'Aïr. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°11, 1972, France, Aix-en-Provence, pp38-50. Link : http://www.persee.fr/
 
PALMERAIES NATURELLES ET OASIS
Si l'existence <<d'oasis sahéliennes,, n'est attestée que par ces quelques exemples, il n'en est pas de même du palmier, lui, beaucoup plus répandu. Le Sahel n'a donc été qu'effleuré par les implantations de palmeraies et d'oasis. Pourquoi ? Un argument de nature agro-bcologique : le palmier peut certes pousser dans une bonne partie du Sahel – et il y a effectivement été implanté. Pour autant, il n'est pas certain qu'il soit apparu, notamment aux périodes plus humides qui lui étaient défavorables, comme la meilleure utilisation du potentiel agricole. De plus, exigeant une sédentarité poussée, le palmier s'est très probablement avéré peu compatible avec certaines formes de pastoralisme et avec une agriculture itinérante de type sahélo-soudanien. Un autre argument, peut être plus décisif, d'ordre culturel : le palmier, l'oasis, les techniques qui y sont associées, appartiennent sans nul doute à une tradition culturelle originaire du Nord. C'est d'ailleurs par une sorte de contagion culturelle que l'oasis et le palmier se sont diffusés vers le Sud. Ces modèles techniques, en revanche, n'appartiennent pas à latradition culturelle des populations touareg, songhaï, haoussa ou peuhl. La datte elle même n'est devenue que très récemment une composante de l'alimentation dans le Sahel. II est ainsi significatif que les songhaï aient complètement délaissé les palmeraies créées par les marocains, au XVleme siècle, sur les bords du Niger. Un troisième argument fourni par le contexte Bconomique et politique : dans les zones sahariennes, l'approvisionnement en daites constituait une composante essentielle des stratégies des sociétés pastorales et ceci explique largement les dominations que celles-ci exerçaient sur les oasis. Les sociétés pastorales du Sahel -plus particulièrement les sociétés maures, touareg, daza, arabes du Tchad et du Soudan – dépendaient, elles, d'un approvisionnement en grains qui s'effectuait traditionnellement auprès d'agriculteurs sahéliens, plus ou moins asservis, le plus souvent par des prélèvements tributaires. Elles n'avaient donc aucun besoin d'une base économique de type oasien. Reste enfin, le facteur sécurité: un arbre se coupe facilement et en période d'insécurité, de luttes tribales, il est difficile à protéger – sauf avec la garantie de guerriers nomades.
Source : Lazarev G. 1990. L'oasis une réponse à la crise des pastoralismes dans le Sahel?. In: Montpellier (FRA)  CIHEAM-IAMM, 1990.-n.11, p.77-90. Link: http://cahiers-recherche-developpement.cirad.fr/
 
OASIS DE L’AIR NIGER
Le massif des Bagzans, l'un des plus vastes parmi les hauts massifs de l'Aïr, présente un milieu montagnard original tant par son relief que par son climat, ainsi que la présence d'une dizaine de villages localisés dans de hauts bassins entre 1450 et 1700 mètres d’altitude. Malgré l'isolement qui caractérise ce massif, on y retrouve les mêmes activités traditionnelles que dans le reste de l'Aïr : élevage et transport caravanier d'une part, jardinage de l'autre. Les jardins se distinguent cependant par leur taille, leur mise en valeur, leurs productions et surtout par le procédé d'irrigation. Le commerce se fait principalement dans deux directions : vers l'Est, vers Bi'lma, et vers le Sud, vers Zinder, Maradi, ou vers le Nigeria. Ils faut, selon le cas, 40 à 60 jours pour arriver à Kano, avec le sel, les dattes et le blé des jardins de l'Aïr. Ces jardins sont, au dire des Touaregs, les plus anciens de l’Air. Ils se distinguent de ceux du reste du massif par certaines de leurs cultures liées au climat assez frais, et surtout par le procédé d'irrigation. Les productions sont à peu près identiques dans tous les Bagzans. Nous pouvons prendre l'exemple du jardin d'Emalaouélé à 1 480 m, l'un des plus vastes du massif qui possède 600 palmiers-dattiers dont 400 producteurs. Cinquante à soixante dattiers sont repiqués chaque année. Ces dattes sont parmi les meilleures de l'Aïr. La récolte, qui approche 2 000 kg par an, est vendue à Kano.
Source: MOREL A. 1973. Villages et oasis des Monts Bagzans (Massif de l'Air-Niger). In: Revue de géographie alpine. 1973, Tome 61 N°2. pp. 247-266. Link: http://www.persee.fr/
 
OASIS DU TCHAD
Les principales palmeraies par ordre d'importance sont :
*Au Borkou : Faya, Yen, Yarda, Bedo, Kirdimi, Tiggui. Gourdigré, Gouring, Gouro, Goumeur.
*Dans l’Ennedi : Ounianga Kébir, Ounianga Sérir.
*Au Tibesti : Bardaï, Aouzou, Zoumeri, Yébbi, Guézenti, Dohone.
II existe un nombre assez important de variétés de Dattiers au Borkou-Ennedi mais nous ne mentionnerons, dans cette étude, que les principales soit au point de vue « production » soit au point de vue « qualité », soir par ordre d'importance :
*Bournou. Variété très productive et la plus cultivée, assez grande, de couleur brune, convient parfaitement comme datte d'exportation étant séchée.
*Martchanndo. Datte consommée fraîche ou placée en peaux de boucs pour être conservée ; on en confectionne également des gâteaux qui se conservent fort longtemps.
*Ouassendo. D'une couleur violet-lie de vin avant maturité; elle est, après la Bournou, la plus productive ; propre au commerce étant séchée.
*Kougoudou : (gorane) Bay out (arabe). C'est la plus précoce, elle permet aux indigènes de faire la soudure car, à cette époque, le Blé qui reste de la récolte faite en avril, est rare. Ces dattes obtiennent des prix très rémunérateurs sur le marché ; elles ont la partie attenante au pédoncule d'un blanc jaunâtre.
*Anaga (gorane) Naga (arabe). Datte précoce et très goûtée, de grande taille, allongée, noyau mince ; elle est d'une couleur marron gélatineux, très sucrée et riche en sirop.
*Arbébé. Moins colorée que les précédentes, très productive, se consomme surtout fraîche, c'est la datte d'arrière-saison, grande et de forme allongée.
Ko'idou. Très brune et grande, se consomme surtout en peaux de boucs ; productive.
Source : TARRIEUX J. 1930. Contribution à l'étude du Dattier au Borkou-Ennedi et au Tibesti. In: Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale. 10e année, bulletin n°112, décembre 1930. pp. 922-926. Link : http://www.persee.fr/
 
OASIS DU BORKOU (TCHAD)
L'interdépendance est étroite au Borkou (Nord du Tchad) entre la vaste palmeraie et ses habitants : l'existence, l'aspect de la palmeraie et les variétés plantées sont fruits de l'intervention de l'homme, et la vie humaine en retour n'est possible en ces lieux désertiques que grâce à la présence des dattiers. Ils protègent les habitants et leurs jardins de la chaleur intense du soleil et de la violence des vents (palissades de palmes). Les dattes sont la principale richesse et la denrée d'échange essentielle, et tous les composants du palmier sont mis à profit pour des usages variés, en particulier dans l'habitat. Quant aux droits sur les palmiers et sur leurs récoltes, ils sont caractéristiques du monde daza dont le Borkou fait partie.
Source : BAROIN C., PRET P.-F. 1993. Le palmier du Borkou végétal social total. In : Journal des africanistes, Année 1993, Volume 63, Numéro 1 p. 5 -20. Link: http://www.baroin-catherine.com/

 

ROCK ART

Les gravures rupestres réparties dans l’ensemble du Sahara représentent une source majeure pour la connaissance de l’histoire de ces civilisations. Trois chercheurs spécialistes de l’art rupestre saharien (LHOTE, CAMPS et SOUVILLE), ont proposé en 1989 une première typologie des gravures recensées depuis plus d’un siècle dans ces régions :
*Période bubaline ou du buffle antique
*Période des Têtes rondes
*Période bovidienne ou des pasteurs
*Caballin (Équidien) ou période caballine
*Camelin ou période cameline
Source. LHOTE H., CAMPS G., SOUVILLE G. 1989. Art rupestre. In Encyclopédie berbère, 6, Antilopes-Arzuges, Aix-en-Provence, Edisud, 1989, pp. 918-939. Link : http://encyclopedieberbere.revues.org/
 
Chronologie socio-culturelle des gravures rupestres du Mali depuis le V° millénaire
L’analyse des thèmes, des styles et des superpositions dans les gravures  rupestres  de  l’Adrar  des  Iforas  a permis la  reconnaissance de 3 périodes: 
a)  une  époque ancienne  au  cours  de  laquelle  l’élevage  des  taurins  était  pratiqué  et  la  pluviosité suffisante  pour  la  survie  de  la  grande  faune  sauvage;
b)  une  époque  remontant aux deux derniers millénaires av. J.-C. caractérisée par la transmission d’idées et de biens  de  prestige  sur  de  longues  distances  et  par  une  accentuation  des  inégalités sociales;
c) une époque témoignant de la mise en place vers le ve  siècle apr. J.-C. d’une  société  aristocratique  d’éleveurs  de  chevaux  et  de  dromadaires  dont  descendent les Touaregs.
Source. DUPUY Christian 2012 Trois époques de gravure rupestre en Adrar des Iforas (Mali). International Colloquium The Signs of Which Times? Chronological and Palaeoenvironmental Issues in the Rock Art of Northern Africa. Royal Academy for Overseas Sciences. Brussels, 3-5 June, 2010, pp. 47-69
 
Les gravures naturalistes du Mali (VI°-IV° millénaire BC)
Les premières mentions de la présence de gravures rupestres dans l’Adrar des Iforas, massif granitique de faible altitude situé dans le sud du Sahara sur le territoire du Mali, remontent à 1908. Six vallées successives du versant nord occidental sont prospectées. Quarante deux sites recelant au total plus de huit mille motifs sont répertoriés. Des gravures rupestres semblables à de multiples égards à celles de l’Adrar des Iforas ont été relevées dans les Messak Mellet et Settafet, la Tassili-n-Ajjer, l’Aramat, la Tadrart, l’Ahaggar, le Djado et le versant occidental du Tibesti. Les affinités stylistiques et thématiques qui s’établissent entre les gravures naturalistes du Sahara sont suffisamment nombreuses pour témoigner de l’existence d’une communauté d’éleveurs dont l’une des traditions consistait à exprimer certaines de ses préoccupations à travers des actions de gravure rupestre. Les données issues des fouilles archéologiques situent dans le VIe millénaire av. J.-C. l'apparition des taurins, des chèvres et des moutons au Sahara. Les premières représentations de ces animaux domestiques aux côtés d'animaux sauvages et d’humains ne peuvent, par conséquent, remonter au-delà de cette époque. On sait, d'autre part, que l'aridité est allée en s’intensifiant dans le Sahara libyco-égyptien à partir du VIIe millénaire av. J.-C. A l'aube du IIIe millénaire av. J.-C., l’aridité était à tel point marquée au nord du 24e parallèle que les espèces les plus exigeantes en eau, telles que les hippopotames et les rhinocéros blancs que l'on retrouve gravées dans les Messak Mellet et Settafet et dans la Tassili-n-Ajjer, ne pouvaient y survivre. La réalisation de ces figures est donc très probablement antérieure à cette époque. Ces indications chronologiques invitent ainsi à dater l’art à gravures naturalistes du Sahara entre le VIe et la fin du IVe millénaires av. J.-C.
Source. DUPUY C 2007. Sous Zone 3. Mali. Les gravures rupestres de l’Adrar des Iforas. In ICOMOS, Paris : 53-70. Link : http://www.icomos.org/
 
L’existence d’interactions à grande distance à travers le Sahara du IIe millénaire BC
Les représentations de chars, de bœufs à bosse et de motifs complexes plaident en ce sens. La présence de ces gravures ô combien particulières  de  part  et  d’autre  de  la  Méditerranée  ne  peut s’expliquer  que  par  des  relations  intercontinentales.  Reste à  saisir  les  modalités  de  ces  transmissions  :  diffusion  par contacts  entre  communautés  voisines,  mobilité  généralisée par l’aridité du Sahara, déplacements de groupes de pasteurs nomades  ou  de  quelques  individus  –  colporteurs,  prédicateurs, explorateurs…
Source. DUPUY C. 2010. Les  apports  archéologiques  des  gravures  rupestres  de  l’Aïr  (Niger) et de l’Adrar des Iforas (Mali). In: Les Nouvelles de l’archéologie N°120-121, Septembre 2010, pp 29-38.
 
Les chars dans l’art rupestre saharien dès le XII s BC
Avant d’être cavaliers, les ancêtres des Berbères furent de non moins célèbres conducteurs de chars. Pour cette période fort ancienne, rares sont les allusions littéraires mais elles sont précises et bien documentées. La première et la principale mention concerne les Libyens orientaux : nous savons grâce aux bulletins de victoire de Ramsès III que les Mashaouash, dès le XIIe siècle av. J.-C. et sans doute bien avant, possédaient des chars attelés à des chevaux ; il devait en être de même pour leurs voisins. Au Ve siècle, Hérodote parlant des Garamantes dit qu’ils faisaient la chasse aux Éthiopiens troglodytes sur des chars à quatre chevaux (IV, 183). Mais les Garamantes ne sont pas les seuls Libyens conducteurs de chars, Hérodote nous apprend que ce véhicule était connu des Asbytes voisins de Cyrène, des Machlyes et des Auses riverains du lac Tritonis et des Zauèkes du Sahel tunisien dont les chars de combat étaient conduits par les femmes (IV, 189). Des Asbytes, qui sont très vraisemblablement des Isabaten que les Touaregs considèrent comme les premiers occupants du Hoggar et du Tassili n’Ajjer, Hérodote dit qu’ils sont, de tous les Libyens, les plus habiles à conduire des quadriges. Cette habileté était largement partagée puisque Hérodote dit expressément que « c’est des Libyens que les Grecs ont appris à atteler à quatre chevaux » (IV, 189).
Source. CAMPS G 1993. Chars (art rupestre), in Encyclopédie berbère, 12 | Capsa – Cheval, Aix-en-Provence, Edisud, 1993, p. 1877-1892. Link : http://encyclopedieberbere.revues.org/2108
 
Les représentations antiques de chars au Mali et au Niger
Dès leur première découverte à la fin du XIXe siècle, les gravures et les inscriptions rupestres de l'Adrar des Iforas et de l'Aïr ont conduit nombre d'auteurs à soutenir la thèse d'une lointaine présence berbère dans le nord du Niger et du Mali ; les plus anciens témoins indirects de cette présence étant les représentations de char réalisées au cours des quinze derniers siècles avant l'ère chrétienne. Cette thèse pose aujourd'hui problème. La comparaison des expressions rupestres dans ces massifs avec celles de l'époque des chars connues par ailleurs sur le quart nord-ouest du continent africain et la prise en compte de la répartition, de l'étendue, de l'âge et de la nature des sites archéologiques actuellement recensés au Sahara et au Sahel, imposent plutôt l'idée d'un peuplement à composantes sociologiques multiples au sein duquel se développèrent des aristocraties guerrières dont le poids alla grandissant durant le dernier millénaire avant l'ère chrétienne. Puis aux alentours du Ve siècle apr. J.-C., alors que le dromadaire commence à être utilisé comme monture par des guerriers, l'art rupestre de l'Adrar des Iforas et de l'Aïr attestent l'avènement de nouvelles traditions culturelles affiliées à celles des Touaregs, locuteurs d'une langue berbère. Dès lors ces massifs intègrent le domaine berbère.
Source. DUPUY Christian 2010. Quel peuplement dans l'Adrar des Iforas (Mali) et dans l'Aïr (Niger) depuis l'apparition des chars ? Link : http://hal-paris1.archives-ouvertes.fr/
 
Le chameau et les routes caravanières
L'introduction très récente,  le  chameau  est venu  tard en Afrique du Nord, au point que sa présence a suggéré la division de l'art rupestre  saharien en une période «précameline»  néolithique et une période «cameline» où débute la protohistoire avec les inscriptions libyco-berbères. Le cheval arriva avant le chameau. En fait, le cheval figure sur des gravures rupestres sahariennes placées entre  1500  et 1000 avant J.-C.  4.  Il y est associé aux chars. Le  chameau apparaît vers  la fin  de  la période  du cheval,  peu  à peu,  sans  coupure  archéologique.
Source. DEMOUGEOT E. 1960. Le chameau et l'Afrique du Nord romaine. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 2, 1960. pp. 209-247. Link: http://www.persee.fr/
 
Burkina Faso : le site de gravures de Tondiédo (5° s BC)
Tondiédo, site d'art rupestre de l'extrême fin de l'âge du Fer a permis d'observer la distribution des gravures rupestres qui le caractérisent. Cet ensemble gravé d'inspiration libyco-berbère évidente, a laissé percevoir des modalités d'organisation interne originales. Devenu emblématique, ce groupement remarquable inédit a été choisi comme modèle général de référence en raison de la clarté de son dispositif. Ce dernier laisse percevoir une répartition ordonnée, organisée en auréole autour d'un panneau principal implanté dans un lieu suggestif. Le relevé systématique et exhaustif permet d'appréhender puis de rendre compte de ces dispositions. Des sites voisins confirment le schéma proposé à partir de ce site.
Source. BARBAZZA J, JARRY M 2004. Le site de Tondiédo à Markoye (Burkina Faso). Elaboration d'un modèle théorique pour l'étude de l'art rupestre protohistorique du Sahel burkinabé. In "Sahara, 15 (2004) 83 – 96. Link : http://hal.archives-ouvertes.fr/

 
 

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