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Lutte intégrée

LUTTE INTÉGRÉE (INTEGRATED PEST MANAGEMENT) & CONTRÔLE DES RAVAGEURS DES PALMIERS. Avec le Projet Phoenix, nous avons mis en œuvre un réseau d’échanges d’expériences qui rassemble les principales collections de palmiers des jardins botaniques de la Côte d’Azur française et italienne. Nommé Riviera Gardens, ce réseau a pour objectif d’échanger à propos de nos protocoles de lutte contre les ravageurs émergents et de promouvoir une stratégie de Lutte Intégrée (Integrated Pest Management). Outre les tutelles scientifiques des jardins botaniques, le réseau Riviera Gardens rassemble plusieurs instituts de recherche, en Italie, Espagne et Tunisie, ainsi que divers acteurs publics et privés. Les Jardins Botaniques de la Côte d’Azur française et italienne conservent plus d’une centaine d’espèces de palmiers, introduits dans ces régions depuis la fin du moyen-âge. Une partie importante de ces palmiers a désormais colonisé les espaces verts et les jardins de la région. Ils sont à l’origine d’un paysage emblématique à forte valeur touristique. Plusieurs de ces espèces ont aussi une valeur patrimoniale, en termes de biodiversité : il s’agit des palmiers méditerranéens autochtones.

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SOMMAIRE

1 Prévention : bonnes pratiques de gestion des plantations
2 Lutte : coordination & évaluation
3 Lutte : cartographie des plantations
4 Lutte : protocoles de détection précoce
5 Lutte : mise en œuvre de techniques de contrôle

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PRINCIPES DE LA LUTTE INTEGREE (INTEGRATED PEST MANAGEMENT – IPM)

Les recherches menées depuis prés de 30 ans ont conduit à mettre au point diverses techniques de lutte. Aucune ne permet toutefois (à elle seule et à ce jour), de régler le problème de manière satisfaisante. Recommandée (mais rarement mise en œuvre) dès les premières années de l’infestation, la stratégie dite de “Lutte Intégrée” (Integrated Pest Management = IPM) vise à les associer. Les progrès récents en matière de lutte biologique et chimique relancent son intérêt, dans un contexte où l’infestation a conduit à la dissémination d’importantes populations de ravageurs. Les principes de base de la Lutte Intégrée viennent d’être adoptés en tant que standard international par la FAO. Les pages de ce chapitre donnent un accès documenté aux principales avancées en la matière. Leur commentaire repose aussi sur les retours d’expériences collectés auprès des membres de notre réseau de jardins botaniques.

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Les ravageurs des palmiers Rhynchophorus ferrugineus et Paysandisia archon

Les ravageurs des palmiers Rhynchophorus ferrugineus et Paysandisia archon

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BONNES PRATIQUES ET RETOURS D’EXPERIENCE

La stratégie de Lutte Intégrée (IPM) contre les ravageurs des palmiers est un standard international qui consiste à mettre en œuvre toute la panoplie des moyens disponibles, dans une démarche intégrative, participative et réactive. Elle emploie pour cela des méthodes qui se complètent mutuellement en vue d’une plus grande efficacité. Au niveau des palmeraies ornementales européennes, la Lutte Intégrée nécessite la prise en compte simultanée de deux ravageurs, le charançon des palmiers Rhynchophorus ferrugineus et le papillon palmivore Paysandisia archon. La mise en commun de l’expertise de notre réseau a débouché sur un consensus relatif à la pertinence de cette stratégie. Nos partenaires s’alarment toutefois de l’absence de référence explicite à la Lutte Intégrée au niveau réglementaire, et de la pauvreté des financements en direction du bio-contrôle.

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FAO/CIHEAM/CIPV Rome (Italie), 29-31 mars 2017 Actes de la consultation scientifique et réunion de haut niveau sur le charançon rouge du palmier
ANSES 2017-SA-0137 Saisine relative aux stratégies de lutte contre le charançon rouge du palmier

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En 2017, la FAO a adopté, au plus haut niveau institutionnel, un accord cadre relatif à l’adoption de la stratégie de Lutte Intégrée contre le ravageur des palmiers Rhynchophorus ferrugineus. Cet accord cadre ne concerne que la seule région dite NEPPO, soit les principales régions de productions dattières de la Mauritanie à l’Inde et à la Malaisie. Il s’agit donc d’une grande partie de la Méditerranée. Si cet accord a uniquement valeur de recommandation, ces recommandations ont été relayées et précisées en France par l’Anses. La lutte intégrée ne consiste pas dans un catalogue de techniques disponibles. Ces techniques doivent en effet être hiérarchisées. C’est pour cela que l’on parle de stratégie. Au sommet de la pyramide on trouve la prévention, qui évitera d’avoir recours aux étages suivants, les techniques de lutte.

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1 PRÉVENTION : BONNES PRATIQUES DE GESTION DES PLANTATIONS

* Diversification des espèces plantées et recherche d’espèces moins sensibles aux attaques des ravageurs. Le niveau premier de la prévention, au niveau urbain, est d’éviter des situations de monoculture. Il s’agit notamment de la présence massive du palmier des Canaries qui a été la cible privilégiée du charançon rouge en Europe.
* Contrôle phytosanitaire rigoureux des espèces introduites. L’introduction de palmiers représente en effet la principale source de diffusion des ravageurs.
* Taille des palmiers. Quelques soient les espèces de palmiers présentes dans les plantations urbaines, il faut éviter la taille de feuilles vertes, ou la limiter à la saison froide. Les ravageurs sont en effet attirés par l’odeur émise par les blessures (dite kairomone).

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2 LUTTE : COORDINATION & ÉVALUATION
Dès lors qu’un ravageur est signalé, la mise en place d’une stratégie de lutte intégrée nécessite une collaboration au niveau d’un territoire. Cette collaboration repose sur plusieurs principes :
* Mise en place d’un comité de pilotage et d’un coordinateur indépendant.
* Mise en place d’une veille documentaire.
* Évaluation permanente des résultats.
* Adaptation de la stratégie à l’évaluation de la situation.

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3 LUTTE : CARTOGRAPHIE DES PLANTATIONS
La mise en place de cartographies informatiques intégrées (SIG) des plantations est un élément central et fédérateur des stratégies de lutte et de l’évaluation de leur efficacité. Ci-dessous exemple de cartographie GIS (Ville d’Ajaccio et Fredon Corse)

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4 LUTTE : PROTOCOLES DE DETECTION PRECOCE
L’efficacité de la lutte repose la détection précoce des infestations. Lorsqu’un palmier infesté est mort, il a en effet déjà disséminé d’importantes populations de ravageurs.
*Protocole de contrôle visuel : élément majeur en matière de lutte, un protocole de détection visuelle des infestations doit être mis en place 3 fois par an et renseigné sur un système de cartographie intégrée de type SIG.
*Détection sismique ou acoustique précoce : ce type de détection consiste dans un système de sondes transmettant automatiquement, en cas d’infestation, une alerte en direction du système de cartographie intégrée. Nos retours d’expériences en ce qui concerne ces techniques sont globalement négatifs.

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5 LUTTE : MISE EN ŒUVRE DE TECHNIQUES DE CONTRÔLE
*Abattage immédiat des spécimens infestés : il doit être pratiqué dès l’apparition de symptômes précoces afin d’éviter la migration des populations.
*Traitement des déchets de taille : la gestion de ces déchets, infestés ou non, est essentielle. Elle nécessite la mise en place d’un protocole au niveau des déchetteries.
*Piégeage massif & implication des particuliers : le piégeage du charançon rouge des palmiers fait désormais partie des techniques de lutte préconisées par l’ANSES. Le piégeage impacte les populations de charançons à la recherche de nouveaux sites de ponte. Il permet aussi d’impliquer les particuliers dans la lutte.
*Champignons entomopathogènes & Nématodes : l’emploi simultané de ces deux antagonistes fait partie des recommandations de l’Anses. De nombreuses souches de champignons entomopathogènes ont été recensées à ce jour mais seules deux d’entre elles sont actuellement disponibles sur le marché.
*Parasitoïdes oophages de Paysandisia archon : les recherches menées par I’Inrae ont conduit à identifier des antagonistes de Paysandisia archon qui devraient être prochainement disponibles.

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