Acclimatation

Les jardins de la Riviera : parcours socio-botanique
 
Référence de la publication: CASTELLANA R. 2015. Les jardins de la Riviera. Une approche socio-botanique. France, CRP Ed., 14p. Version pdf
 
Place de la Cote d'Azur dans les 10 hotspots de la biodiversite en MediterraneeIll. Situation géographique de la Riviera franco-italienne au regard de la biodiversité (Perrin 2012).
 
 
ABSTRACT
 
Les pays méditerranéens ont récemment donné naissance à l'une des institutions les plus typiques de la post-modernité, le tourisme. A l'écart des grands courants culturels et économiques, ces régions n'avaient à offrir aux voyageurs que leurs paysages, consacrés depuis des siècles à l'acclimatation de plantes venues d'Orient, agrumes, palmes et parfums. La zone littorale qui s’étend de Toulon à Sanremo, est plus spécifiquement à l'origine du modèle paysager que le tourisme a imposé de nos jours dans l'ensemble du monde. En-dehors de ses plages et de ses mondanités, la célébrité internationale de la "Riviera" provient aussi d’une imagerie exotisante largement diffusée, au tournant des 19° et 20° siècles, par les descriptions romantiques d'écrivains, poètes et voyageurs, les œuvres raffinées de peintres et de graveurs, et le travail précieux des photographes. Les photographes ont plus particulièrement participé, en Europe et dans le monde, à la diffusion massive de cartes postales proposant des vues de jardins luxuriants et des images suggestives de palmiers en bord de mer. Dans le même temps une riche imagerie orientalisante, initiée par les peintres du 19ème siècle, se répandait avec l'apparition de nouvelles destinations touristiques méditerranéennes. Au travers d’une bibliographie ordonnée et commentée, cette page web offre un portail d’accès aux principaux jardins qui subsistent dans ces régions. 4 itinéraires de visite sont proposés ci-dessous:
*la région de Hyères et de Toulon
*la Provence orientale (Cannes-Grasse)
*le pays niçois et la Principauté de Monaco
*la Riviera italienne.
Log Info bleuLes jardins ouverts à la visite sont signalés dans le texte par ce logo
 

 

SOMMAIRE

1.PRESENTATION

Guide Langlois 1883Ill. Une synthèse de l'exotisme azuréen: couverture du Guide Langlois (1883)
 
Villégiature et tourisme climatérique
Situé entre la Méditerranée et les Alpes, entre la France et l'Italie, le littoral qui s’étend de Toulon à San Remo a toujours été un carrefour international. La tradition du jardin paysager remonte à l’époque de la Renaissance italienne dans ces régions. Le littoral méditerranéen devient dés lors un centre majeur d’acclimatation, en collaboration avec les grands jardins botaniques européens. Son climat tempéré, marqué par des hivers doux et d’importantes ressources hydriques, permet en effet la culture en pleine terre d’un grand nombre de végétaux exotiques, dont l’essor colonial va impulser l’importation. A la fin du XIXe siècle, la construction du chemin de fer permet à la bourgeoisie et à l'aristocratie européenne d'atteindre facilement la Côte d'Azur française et la Riviera italienne. Leur climat chaud, dont témoignait la présence séculaire de palmiers, d’agrumes et de plantes à parfums, favorisa le développement d'un tourisme alors qualifié de "climatérique". Avec le développement de la villégiature touristique, l’acclimatation allait se développer dans les stations qui se multiplient dès lors. Autour des villas et des hôtels apparaissent nombre de jardins privés puis des parcs publics, rassemblant des plantes  destinées à recréer des paysages exotiques. Pour cela, on importe ces plantes d'Afrique, d'Amérique ou d'Asie. Ces réalisations d’envergure (et l’imagerie qui les accompagne) sont abordées ici sous le regard croisé de la sociologie (en ce qui concerne la fonction du paysage) et de la botanique (en matière d’histoire de l’acclimatation). [CASTELLANA 2001]
 
Guide Liegeard Cote-d-AzurIll. couverture du Guide de Stephen Liégeard (1887), l'inventeur du terme "Côte d'Azur"
 
Le paradigme lamarckien de l’adaptation
"Les essais d'acclimatation étaient effectués sous l'influence de la théorie «lamarckienne» de l'hérédité des caractères acquis, théorie qui persistait en France bien après l'essor du «darwinisme» et son adoption dans la plupart des autres pays occidentaux. Pendant le XIXème siècle, les horticulteurs français ont cru que les plantes introduites s'adapteraient à des climats différents de leur climat d'origine, adaptation qui se transmettait ensuite aux générations successives. Deux hypothèses-clés étaient à la base de cet effort : les plantes s'acclimateraient aux nouveaux milieux ; le climat doux du littoral du Sud-Est français réaliserait un milieu de transition avant l'éventuelle dispersion des plantes tropicales vers des climats plus rigoureux. C'était faire preuve d'un optimisme excessif comme dans le cas de ce planteur antillais revenu en France qui s'entoura à Nice, dans son jardin, de plantes familières : la canne à sucre, le bananier, le cocotier, l'indigotier pour les diffuser en Europe…/… L'introduction de milliers de plantes exotiques, le tri et la diffusion d'un nombre assez réduit d'entre elles, ont abouti à donner à la Côte un cachet particulier d'allure tropicale. L'illusion créée s'appuie sur une cinquantaine d'espèces thermophiles, feuillues et/ou fleuries. La sélection de l'inventaire botanique a dû tenir compte de l'effet des gels, de l'exigence de l'image à construire, ainsi que de l'échec de l'acclimatation lamarckienne. Tandis que la physionomie de la végétation ornementale parait largement tropicale, les plantes adaptées proviennent [en fait] de régimes thermiques plus ou moins semblables à la Côte d'Azur." [GADE 1987]
 
Cote-d-Azur Goubet guideIll. Page de couverture du Guide d'Amédée Goubet, auteur des "Stations sanitaires de la France" (1884)
 
Typologie climatérique de la Riviera
Nous avons choisi ici de diviser le littoral méditerranéen des Alpes en 4 sous régions, différenciées du double point de vue de la géographie et de l’histoire de l’acclimatation. La villégiature touristique et ses jardins se développent en effet dans ces régions, entre le 18° et le 20° siècle, dans un mouvement qui part (globalement) de la Provence française en direction de la Ligurie italienne :
*Toulon-Hyères. Cette région fait partie du littoral de la Provence. Elle se situe autour d’un vaste golfe protégé par des montagnes côtières peu élevées.
*Cannes-Antibes. Il s'agit d'une zone de transition entre la Provence et les Alpes du sud, marquée par l’industrie grassoise de la parfumerie. Il s’agit aussi (originellement) de la frontière de la Provence et de l’Italie.
*Nice-Menton. Dans cette région, frontalière elle aussi, les Alpes se trouvent par contre en contact direct avec la mer, pratiquement sans transition.
*Bordighera-Sanremo. Cette portion orientale de la Riviera (qui fait partie de la Ligurie italienne) est elle aussi une zone montagneuse de transition, entre la Méditerranée et les plaines du Piémont. De cette époque demeurent de nombreux parcs et jardins d'acclimatation d’exception.
Voici la durée des températures négatives en 1956 et les minima relevés pour plusieurs de ces sous-régions : "A Menton, la station la plus douce du littoral, le mercure tomba au-dessous de 0 °C sur treize des vingt-sept jours de froid ; à Nice, dix-sept ; à Cannes, vingt ; et à Saint-Raphaël, vingt-deux de ces vingt-sept jours. Les températures extrêmes en 1956 ont été de -3,5° à Menton ; -4,6° à Nice ; -7,8° à Cannes ; et -9,7° à Saint-Raphaël" [GADE 1987].
Les pages qui suivent offrent un accès documenté à l’un des aspects de la riche biodiversité de ces régions.
En savoir plus sur la place de la Riviera en matière de biodiversité: PERRIN 2012

 

2.HYERES

LES JARDINS HISTORIQUES DU VAR

Hyeres Hugo Alesi 1895 Ill. Promotion de la végétation exotique d'Hyères (affiche PLM de Hugo Alesi en 1895)
 
L‘histoire de l’acclimatation remonte à la fin du moyen-âge dans la région de Hyères et de Toulon, sous l’impulsion des domaines royaux qui cherchent à introduire des cultures de plantes exotiques alimentaires, mais aussi médicamenteuses. Ces tentatives pionnières d’introduction vont bénéficier de la proximité de l’Université de Montpellier et des premiers développements du tourisme dans la région. L’essor des jardins de villégiature va par la suite étendre l’acclimatation au domaine des plantes ornementales, dont le palmier sera le plus illustre ambassadeur. [DREAL 2006]
 
XVII° siècle
Les Jardins royaux de Provence
"Au XVIIe siècle, la culture des agrumes était déjà pratiquée à Hyères sur une échelle importante. Catherine de Médicis, émerveillée de la richesse du terroir et de la beauté d'une végétation qui défiait l'hiver, résolut de faire construire à Hyères une résidence royale, destinée au départ à l'introduction de la culture de la Canne à sucre …/… En Yères, y a maintenant les cannes à sucre; le safran, le riz, le pastel y abondent en plusieurs lieux. Arène, citoyen de la ville d'Hières, y introduisit en 1640, vingt espèces d'orangers et trente et une espèce de limoniers, ainsi que les palmiers, les cannes à sucre et un grand nombre de plantes exotiques." [VUILLET 1940]
 
Toulon affiche Syndicat initiativeIll. Affiche de promotion des stations touristiques de la région de Toulon
 
XVIII° siècle
Les jardins botaniques des hôpitaux maritimes
"Au 18° siècle, la marine française créa plusieurs jardins botaniques dans les ports, près de ses hôpitaux. Il s'agissait alors de cultiver des plantes médicamenteuses et d'en définir les propriétés thérapeutiques, en lien aussi avec l’importante expansion coloniale de l’époque. Par la suite, ces jardins dont celui de Toulon, servirent de relais pour l'acclimatation des végétaux exotiques ramenés des grandes expéditions maritimes." [ASNOM] "En 1782, l'Abbé Nolin, ancien directeur de la Pépinière royale du Faubourg du Roule, se rendit à Hyères. Il vit de suite le parti qu'il était possible de tirer du domaine légué à Louis XIV. Le domaine se peupla rapidement de végétaux exotiques utiles, en même temps qu'était constituée une plantation modèle d'orangers, dont subsistait au début du 19° s. quelques 18 000 spécimens." [VUILLET 1940] "En 1786, fut aménagé un véritable jardin botanique, dirigé par le médecin Barberet de l'Ecole de Montpellier, assisté du jardinier botaniste François J.-B. Martin. Martin rédigea un Mémoire sur le jardin botanique de Toulon en 1791, ainsi qu'un Catalogue des plantes de Toulon. Le jardin comportait des cultures traditionnelles voisinant avec des plantes exotiques introduites de 1787 à 1792. Ces collections se seraient vraisemblablement enrichies par deux voies différentes: pendant les années qui précédèrent la Révolution, par importation directe d'outre-mer et, en 1792, par transfert des plantes les plus rares du jardin d'acclimatation de l'Abbé Nolin, à Hyères. Au 18ème siècle, on y aurait cultivé plus de trois mille espèces exotiques." [ASNOM]
 
Hyeres Avenue Beauregard  1889 photoIll. Les premières plantations de palmiers dans les rues de Hyères en 1889
 
XIX° siècle
Jardins de villégiature et Sociétés d’acclimatation
Au début du 19ème siècle, des amateurs de plantes exotiques multiplient à Hyères les jardins d’agrément, comme Lahitte (1820), Rantonner (1830), ou encore Deollor, Bonstetten et Prailly (1857). La ville devient dès lors un important centre d'acclimatation, sous l’impulsion du Maire Alphonse DENIS, puis de son jardinier et pépiniériste Charles HUBER. L’acclimatation des palmiers fut l’une des principales activités des pépinières qui virent alors le jour. En 1872, la Société Nationale d'Acclimatation de Paris est chargée de la gestion d'un domaine privé, le clos Riquier, légué à la ville de Hyères. Dans les années suivantes, la ville de Toulon confie à la Société d’Acclimatation du Var, un autre terrain privé, le jardin Lahitte, situé dans le quartier du Mourillon. Ces 2 jardins ont été transformés de nos jours en parcs publics. La Ville de Toulon a plus récemment réhabilité le Jardin Burnett (1850), un jardin anglais où elle a installé les collections du Museum d’Histoire Naturelle (qui remontent à 1881).
Log Info bleu Hyères 1857 : Villa des Palmiers
La Villa des Palmiers (aujourd’hui Domaine du Plantier) est le principal témoignage de cette époque. Hortense Pauline Husson de Prailly, qui séjourne régulièrement en Italie pour des raisons de santé, achète en 1857 avec son mari cette propriété, où ils installent diverses variétés de plantes exotiques. En savoir plus: wikipedia.org
Log Info bleuToulon 1850 : Jardin du Las
Au cœur de la Vallée du Las, la propriété du Jonquet (ex Jardin Burnett) présente une composition classique à l’entrée puis plus libre en allant vers la rivière, où un grand cèdre séculaire s’impose face à une grande pelouse. Elle abrite désormais le Museum d'Histoire Naturelle. En savoir plus: museum-toulon
Log Info bleuHyères 1872 : Parc Olbius Riquier
Situé au sud de la ville et d'une superficie de 7 ha, l'ex Clos Riquier est devenu à la fois un jardin d'agrément et un jardin botanique, avec de nombreuses essences exotiques rares. En savoir plus:  parcsetjardins
Log Info bleuToulon 1887 : Parc du Mourillon.
La ville avait confié la gestion du terrain Lahitte, d'une surface d'un hectare, à la Société d'Horticulture et d'Acclimatation du Var dans le but d’acclimater des espèces exotiques. Il a été récemment transformé en parc public. En savoir plus: parcsetjardins
 
Hyeres et ses iles affiche BrodersIll. Affiche de promotion des paysages exotiques de Hyères et de ses îles par Broders
 
XX° siècle
Les principaux jardins contemporains
Log Info bleuHyères 1927. Parc Sainte-Claire
La romancière américaine Edith Wharton devient propriétaire du Castel Sainte-Claire, où elle demeurera et écrira régulièrement, entre 1920 et 1937. La propriété sera un lieu de séjour pour les nombreux hommes de lettres et universitaires anglo-saxons de son entourage. Son jardin de style méditerranéen est alors l’un des plus célèbres de la Côte d’Azur. La richesse botanique est importante : parmi les collections citons les salvias, les opuntias, les lantanas (20 taxons), les yuccas, les sauges … En savoir plus: ville-hyeres
Log Info bleu La Valette 1925. Domaine d’Orves (jardin Deval)
Jardin en restanques entourant une bastide provençale située au pied de la Réserve Naturelle du Mont Coudon. Le jardin original est un jardin de type 'jardin à la française', bâti autour dun escalier bordée de très vieux lauriers roses. Il s'agit en fait d'un jardin de peintre, résidence principale du peintre Pierre Deval qui l'amménagea en 1925 …/… En savoir plus: parcsetjardins.fr
Log Info bleu Hyères 1924. Parc Saint-Bernard & Villa Noailles
La Villa Noailles est construite entre 1924 et 1930 pour Charles de Noailles par Rob Mallet-Stevens, et le "jardin cubiste" qui l’accompagne est réalisé par Gabriel Guévrékian. Ces éléments sont liés historiquement au parc Saint-Bernard. Consacré à la végétation du bassin méditerranéen, il offre une grande variété botanique : collections de romarins (40 taxons), de wisteria (15 taxons), plantes grimpantes, plantes rares …/… En savoir plus: paca.culture
Log Info bleu Le Rayol 1910. Ex Jardin Courmes
L'histoire de ce vaste domaine commence dans les années 1910, lorsque le riche banquier parisien Alfred-Théodore Courmes fait construire ici une villa de style Art nouveau, entourée d'un jardin exotique ainsi que d'une monumentale pergola. Géré depuis 1989 par le Conservatoire du Littoral, le jardin a été réhabilité par le paysagiste Gilles Clément. En savoir plus: jardinez.com
Log Info bleuPorquerolles 1979. Conservatoire botanique national méditerranéen
L’île de Porquerolles abrite un verger composé de plus de 700 variétés d’arbres fruitiers méditerranéens ainsi qu’une banque de semences de plus de 2000 espèces de plantes. Elle abrite aussi une collection variétale de palmier dattier qui comprend, outre des vitroplants des grandes variétés mondiales, les génotypes les plus intéressants du programme d’hybridation de la recherche agronomique américaine (coopération USDA/INRA/Conservatoire botanique). En savoir plus: enezgreen.com

 

3.CANNES

JARDINS DE CANNES, GRASSE ET ANTIBES

Cannes Robaudy PLM afficheIll. Le front de mer de la villégiature cannoise au début du 20ème siècle (affiche Robaudi)
 
L’histoire de l’acclimatation trouve ses origines à la fin du moyen-âge, dans la région de Grasse, où l'industrie du cuir employait des plantes aromatiques locales, comme le lentisque et le myrte des maquis, pour leurs propriétés tannantes en matière production de gants parfumés. Ces artisans gantiers allaient par la suite développer leur savoir-faire en direction de la parfumerie, notamment avec l'extraction des aromes les plus délicats, ceux des fleurs. De nombreuses introductions eurent lieu dès lors, servies par la proximité des universités italienne de Pise et française de Montpellier, par une tradition bien établie de commerce avec la Méditerranée orientale, par les qualités exceptionnelles du terroir et surtout grâce à la mise au point d'innovations techniques majeures. Ces cultures connurent leur apogée entre le XIX° et le XX° siècle, une époque qui voit aussi, sur le littoral cannois, un développement spectaculaire de la villégiature anglaise et de ses jardins d’agréments. [JEAN 1937]
 
Grasse affiche Station climatiqueIll.Affiche de promotion des jardins et parfums de la villégiature grassoise
 
LES PRECURSEURS
Grasse et la culture des plantes à parfums
La principale innovation technique qui allait permettre d'extraire le parfum des fleurs fut une invention arabe, l'alambic. Son usage est toutefois limité, un grand nombre d'essences ne supportant pas la chaleur. L’alambic permit aussi la production de l’alcool, lequel allait se révéler capable de traiter les "concrètes" et "pommades" issues de la dissolution par les graisses des principes aromatiques des plantes. Ces innovations allaient considérablement enrichir la palette des parfumeurs azuréens. La rose, le jasmin et l'oranger furent tout d’abord acclimatés et rapidement cultivés à grande échelle, suivis plus tard par de nombreuses cultures autres florales. En savoir plus: CASTELLANA JAMA 2012
Log Info bleu Les jardins du Musée International de la Parfumerie
Articulé autour d’un vieux canal et d’un bassin agricole, le site s’étend sur 2 hectares. Il est le dernier témoignage des importantes cultures de plantes à parfums de la région. En savoir plus: museesdegrasse
 
Cannes Hotel Prince de Galles (fin 19°s)Ill. Plan du parc de l'hôtel Prince de Galles (Cannes fin 19°s.)
 
19° SIECLE
Cannes et la villégiature anglaise (1830-1880)
Dès les années 1830, sous l’impulsion des premiers touristes anglais, la station de villégiature cannoise voit le jour. Ses précurseurs furent Lord BROUGHAM, dont le jardinier Claude PERRIN inventa le forçage du mimosa, et surtout Sir Thomas Robinson WOOLFIELD, qui s'était installé à Cannes en 1838 après sept années de voyage en Méditerranée orientale, avec pour jardinier John TAYLOR. Taylor introduit entre autres eucalyptus, cocotier, bambous, palmiers, araucarias, ficus, yuccas, bougainvilliers, mimosas, camélias… [BRESSON J. 1975] "Les Anglais sont des membres actifs des sociétés d’horticulture locales. Lord Brougham siège ainsi, comme Thomas Wooldfield à la Société d’horticulture de Cannes. Fondée en 1865 par des notables locaux, elle poursuivra ses activités jusqu'aux années 1930, et comptera dans ses rangs la quasi- totalité des hivernants titrés. Une part importante de son activité, essentielle à l'origine −elle est visée au chapitre IV des statuts− se rapportait à l'organisation d'expositions florales. Les monographies des grands jardins d'agrément qu'elle publiait, comportaient un descriptif minutieux de la foule des plantes que l'on y déversait alors." [PARGUEL N. 2009] Après les villas et leurs jardins d’agrément,  l’hôtellerie se développe à partir de 1860, avec une dizaine de palaces comprenant des parcs paysagers d’au moins un hectare. L’une des plus importantes créations fut le "jardin des Hespérides", consacré aux agrumes, du à Marius AUNE et qui renfermait quelques 2000 orangers, dont 900 dits "chinois", 160 citronniers, 250 mandariniers, 20 cédratiers, une roseraie et environ 10000 arbres en pépinières. [www.culture.gouv.fr]
Log Info bleu (visite sous conditions) Cannes 1880. Villa Champfleuri
La villa Champfleuri est une ancienne villa appartenant au patrimoine balnéaire de Cannes, entourée d'un parc et de jardins à thèmes préservés, protégés au titre des monuments historiques et dotés du label «Patrimoine du XXe siècle». En savoir plus: http://fr.wikipedia.org/
 
Cannes Pepinieres Troncy 1930Ill. Publicité des pépinières Troncy (Cannes 1930)
 
19° SIECLE
Les pépinières de Cannes, d’Antibes et du Golfe
Les importants besoins en matériel végétal de la villégiature cannoise, allaient conduire à la naissance de nombreuses pépinières. Elles furent (et demeurent) les artisans de l’invention d’un nouveau paysage. Certaines d’entre elles étaient d’ailleurs bien plus que de simples pépinières à vocation commerciale. Il s’agissait en fait de véritables jardins d’acclimatation.
*Gilbert Nabonnand et les roses (1864)
Gilbert Nabonnand apprend le métier d'horticulteur, puis de rosiériste, notamment chez Jean-Baptiste Guillot à Lyon, avant de s'établir à son compte dans le Vaucluse (Sorgues, Avignon). Lord Brougham lui confie en 1855 l'aménagement du parc de la Villa Eléonore à Cannes ; cela signera le début d'une renommée qui ne cessera dès lors de grandir. Il décide en 1864 de créer sur la Côte d'Azur l'établissement "Les Roses du Golfe-Juan", situé route de Cannes, qui devint par la suite Etablissement Paul et Clément Nabonnand, puis Etablissement Dental. Il s'attribue alors le prénom de "Philibert". Gilbert Nabonnand a acclimaté et cultivé un grand nombre d'espèces ornementales et exotiques nouvelles, ainsi qu'aménagé parcs et jardins des belles demeures de la Riviera (Villa Saint-Georges, Villa Laura Parc Bruny, Château Aboucas…) et de fait exercé une influence considérable sur le développement de l'horticulture sur le littoral méditerranéen. [www.roses-nabonnand]
Log Info bleu L’arboretum du Jardin THURET (1856)
Gustave Thuret (1817-1875), algologue et botaniste, surtout connu pour ses travaux sur la reproduction des algues, est séduit par le climat et la nature sauvage du Cap d’Antibes. Il achète en 1857 un terrain de cinq hectares et crée un jardin botanique. Il s’appuie d’abord sur la relation scientifique et amicale qui le lie à Decaisne professeur au Museum national d’Histoire naturelle de Paris et met en place un réseau de correspondants qui lui envoient des graines du monde entier. En terme de diversité, les collections actuelles comprennent 2500 arbres et arbustes représentant 1600 espèces. En savoir plus: www.INRA
Log Info bleu La Villa et écomusée Eilenroc (1873)
C’est l’ex-gouverneur des Indes néerlandaises Hugh-Hope Loudon qui fait construire cette luxueuse résidence par l'architecte Charles Garnier, entre 1860 et 1867. En 1873, James Wyllie, un riche écossais de retour des Indes, fait aménager ici un décor végétal exceptionnel par des jardiniers célèbres, dont Ringuisen. En savoir plus: antibes-juanlespins.com
 
XX° SIECLE
Jardins contemporains
Log Info bleuGrasse (1947) Villa Noailles
Ce jardin de 3 ha a été créé par le Vicomte Charles de Noailles en 1947, autour d’une bastide du 18ème siècle. Le jardin est inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques. Il se visite entre mi-mars et fin mai et offre aux visiteurs trois hectares de cultures en terrasses. En savoir plus: rustica

 

4.NICE

JARDINS DE NICE ET MONACO

Monaco Expo Agriculture Industrie Beaux-Arts 1884 afficheIll. Vue du tout récent jardin du Casino de Monte Carlo en 1884
 
"L’acclimatation des essences exotiques à Nice n’a pas débuté avec la venue des Anglais. L’école niçoise de botanique est active dès le Premier Empire par le travail du naturaliste Antoine Risso. En outre, le jardin botanique du lycée impérial de Nice entretient une collaboration scientifique avec le jardin de la Malmaison qui cherchait auprès des départements du Midi des relais afin d’acclimater les spécimens collectés dans les mers du Sud, notamment en Australie, par l’expédition de Baudin entre 1800 et 1804. Sous la Restauration, des jardins privés se spécialisent dans les collections de végétaux exotiques. La villa du banquier Gastaud, au quartier Sainte-Hélène, se voit dotée d’une grande serre chaude dans les années 1840 et la floraison de variétés rares fait partie des curiosités naturelles indiquées dans les guides touristiques. Les hivernants viennent renforcer le goût niçois pour le jardin exotique à partir des années 1850 par leurs propres créations." [BOTTARO 2014]
 
Nice Pittoresque Guiaud 1857Ill. Vue de la campagne de Nice par Guiaud (Nice Pittoresque 1857).
 
HISTOIRE DE L'ACCLIMATATION A NICE
La Malmaison (1804-1814) : Joséphine de BEAUHARNAIS
"La première impulsion quant à l'implantation de végétaux exotiques sur la Riviera, provint de l’impératrice Joséphine de BEAUHARNAIS. De 1804 à 1814, 184 espèces nouvelles en France ont été introduites dans les serres du château de Malmaison. La correspondance entre l’intendant du domaine, et le préfet des Alpes Maritimes, atteste de l'envoi sur la Riviera de nombre de plantes en provenance de Malmaison" [PARGUEL 2009]
Les jardins autochtones
"Alphonse KARR écrivain, polémiste, mais aussi grand amateur de jardin, qui développa avec succès une activité de floriculture à Nice (1853 à 1867) ne relève à l'époque dans la région que trois jardins de plantes dignes de ce nom:
* celui de la famille BERMOND, largement planté pour l'industrie des parfums dont la création remontait à la fin du 18éme siècle [les terrains seront lotis à partir de 1899] ;
* le jardin d'acclimatation du domaine du Ray, propriété d'Hyppolite CAÏS comte de PIERLAS, actif depuis la fin des années 1830 [le site sera démembré peu après le décès du mécène en 1868, pour former les domaines CHAMBRUN et LYSERB, eux-mêmes morcelés ultérieurement] ;
* l'établissement d'horticulture de Prudente BESSON succursale d'une maison de Turin, ouvert en 1835 ; d'importants catalogues de végétaux seront diffusés dès le milieu du 19éme siècle [devenu Besson Frères, cette entreprise était toujours en activité au tournant du 20ème siècle]." [PARGUEL 2009]
Villa Vigier (1862)
"Acquise par Achille-Georges VIGIER petit-fils du maréchal DAVOUT, cette propriété fut configurée par le paysagiste J.P. BARILLET-DESCHAMPS et devint un lieu d'acclimatation notoire jusqu'au décès de son promoteur en 1883. Certaines espèces étaient plantées en colonnes multiples le long des allées, voire en îlot ou même en boisement : palmeraie, verger. L'on y rencontrait encore une superbe collection de rhododendrons, espèce demandant des soins particuliers sur la Côte d'Azur."  [PARGUEL 2009]
Villa Les Tropiques (1892) "Ce parc d'acclimatation demeura en activité pendant près d'un demi-siècle et fut dirigé par un médecin et naturaliste réputé, Axel ROBERTSON-PROSCHOWSKY (1857-1944) dont les contributions savantes étaient accueillies dans tous les périodiques spécialisés. Au sein d'un fouillis végétal comptant quelques 2000 espèces, croissaient notamment 125 variétés de palmiers. Cet intervenant fut également un apôtre inlassable de la création de jardins de plantes publics sur la Riviera, lesquels lui apparaissaient constituer d'authentiques vitrines de la région. "  [PARGUEL 2009]
Log Info bleu Parc Phoenix de Nice (1990)
S’étendant sur plus de 7 hectares, le Parc Phoenix se compose d'une vingtaine de zones thématiques incluant serre tropicale, étangs, jardins méditerranéens, ainsi que plusieurs espaces réservés aux animaux. Il rassemble près de 2 500 espèces végétales. En savoir plus: parc-phoenix
Log Info bleu Jardin botanique de la Ville de Nice (1991)
Les collections du jardin botanique s'articulent autour de 3 thèmes :
– Ecologie: appartenance à une zone géographique donnée;
– Collections systématiques: Sauges, Phlomis, Agaves, Iris;
– Collections ethnobotaniques: plantes utiles à l'homme, ayant des propriétés médicinales, vénéneuses, aromatiques, culinaires, textiles, etc…
La reconstitution de zones géographiques méditerranéennes est une des originalités de ce jardin. Parmi celles-ci, on peut citer la Grèce, la Macaronésie, le sud-ouest de l'Australie, la Californie et le nord-ouest du Mexique, l'Afrique du Sud,etc…. En savoir plus: parcsetjardins.fr
 
Menton affiche Hugo Alesi 1898Ill. Affiche de promotion PLM (Hugo Alesi 1898)
 
MENTON ET LA CORNICHE
‘Landscape Gardening’ : de l’acclimatation au paysage
De Nice à Vintimille, le littoral montagneux des Alpes a vu éclore un grand nombre de jardins d’acclimatation. Cette région possède effectivement un microclimat particulier, en ce qui concerne les températures hivernales qui ne sont qu’exceptionnellement négatives, et jamais très longtemps. Au-delà de l’acclimatation, cette portion du littoral demeure de nos jours un conservatoire de l’art du jardin et de son impact sur le paysage.
Log Info bleu Vintimille-Mortola (1867) Villa Hanbury
Ce jardin a été créé en 1867 par un touriste anglais, Thomas Hanbury, sur des terres initialement vouées aux oliviers, vignes et agrumes. Le premier Index Seminum, rédigé en 1883, offrait des semences de 600 espèces. En 1889, le premier catalogue de plantes du jardin recensait 3500 espèces, puis 5800 en 1912. C’est dire l’importance de ce jardin à l’époque pour l’introduction et l’acclimatation de plantes exotiques alors inconnues en Europe. En savoir plus: plantesdusud
Log Info bleu Menton Villa Maria Serena (1886)
Ce jardin est réputé pour être le plus tempéré de France, ne descendant pas en dessous des 5°, car préservé par les falaises de la frontière. Il présente des plantes tropicales et subtropicales, un rarissime dragonnier des Canaries, une importante collection de palmiers, de cycas, de dracaenas…, des sujets de dimensions exceptionnelles comme le Strelitzia augusta d'Afrique du Sud qui dépasse les 12 mètres de haut et des curiosités telles que le Chorisia speciosa. En savoir plus: parcsetjardins
Log Info bleuSaint Jean Cap Ferrat (1905-1912) Jardins Ephrussi
La villa Ephrussi, construite par la fille du baron de Rothschild, est entourée de neuf jardins thématiques: jardins florentin, espagnol, à la française, exotique, lapidaire, japonais, provençal, roseraie et enfin jardin de Sèvres. La réalisation des jardins a fait appel à des personnalités de renom comme Harold Peto et Achille Duchêne, un paysagiste fort prisé en Europe et aux États-Unis, qui a bâti sa réputation sur la création de jardins d'inspiration classique. En savoir plus: parcsetjardins
Log Info bleu Menton (1915) Clos du Peyronnet (visite sous conditions)
Ce jardin, géré depuis un siècle par la famille d’Humphrey Waterfield (un peintre et paysagiste anglais) rassemble plus de 600 espèces ou variétés de plantes d’origine subtropicale ou méditerranéenne, dont notamment les plantes bulbeuses d’Afrique du Sud. Il témoigne de l’intérêt porté par les Anglais aux possibilités d’acclimatation botanique sur la Côte d’Azur des essences méridionales. En savoir plus: Clos du Peyronnet
Log Info bleu Menton (1924) Serre de la Madone
Lawrence JOHNSTON (1871-1958) avait créé en Angleterre le jardin de Hidcote Manor (1905), lequel passe pour avoir renouvelé l’art des jardins anglais, un "jardin sauvage dans un cadre formel". Comme "cadre formel", le terrain offrait à Johnston un élément nouveau et riche de possibilités : les terrasses de culture qui forment une transition idéale entre architecture et nature sauvage. En savoir plus: serredelamadone
Log Info bleu Saint Jean Cap Ferrat (1924) Jardin des Cèdres (visite sous conditions)
Ce jardin du XIXe siècle a été recomposé à partir de 1904 par le paysagiste français Jules Vacherot (1862-1925) et l'architecte-paysagiste anglais Harold Peto (1864-1933) pour Léopold II, roi des Belges. Depuis 1924, il est la propriété de la même famille d'industriels collectionneurs de plantes, les Marnier-Lapostolle. Il regroupe des collections de plantes rares (patrimoine d'intérêt mondial), plantes succulentes, plantes épiphytes dont plus de 2000 espèces de broméliacées, fougères arborescentes, arbres subtropicaux et tropicaux, nymphéas exotiques, agrumes, variant selon les périodes de 12 000 à 16 000 espèces et variétés en serre ou en plein air (sous abri en hiver pour certaines d'entre elles). Il s'agit du plus important jardin botanique français. En savoir plus: En savoir plus: laurentperrot
Log Info bleu Menton 1925. Val Rahmeh
Lord Radcliff, ancien gouverneur de l'Ile de Malte et son épouse Rahmeh, s'installent au début du siècle dans cette propriété, qu’ils transforment par la suite en jardin paysager d’agrément. Ils acclimatent alors diverses espèces, une initiative qui sera développée à partir de 1957 par Maybud Campbell. Le jardin est désormais géré par le Museum National d’Histoire Naturelle. En savoir plus: jardinvalrahmeh

 

5.SANREMO

JARDINS DE LA RIVIERA ITALIENNE

Bordighera Grand Hotel Cap Ampeglio sd chromolithographie Imp FussliIll. Vue du parc de l'hôtel Cap Ampeglio de Bordighera
 
Le jardin Botanique de Pise passe pour être le plus ancien d'Europe. Il a été fondé en 1543, deux ans avant celui de la ville voisine de Padoue. Le directeur du jardin Botanique de Pise, Francesco MALOCCHI, se rend en 1599 sur la Riviera occidentale, à la recherche de plantes médicinales et de minéraux pour le compte de la Galerie de l'Université. A cette époque, la région occidentale de la Ligurie abrite déjà une importante palmeraie ainsi que des cultures d’agrumes. Lorsque les premiers touristes découvrent Bordighera, ils sont accueillis dans un jardin d’acclimatation de plusieurs hectares, le jardin Moreno, propriété d'un négociant en huiles qui rapporte des plantes de ses voyages commerciaux. A Sanremo, existe aussi le parc de la Villa Rambaldi, une petite villa entourée de plantations d’agrumes, d’oliviers et de palmiers, qui allait être aménagé à la même époque en jardin d'agrément par un touriste suisse.
En savoir plus sur le Jardin Moreno (en italien)
SCHIVA T. Moreno, Monet, Bordighera. Una storia da scoprire.
Log Info bleu Sanremo (1874) VILLA RAMBALDI-ORMOND
Aménagé par un riche entrepreneur suisse et son épouse Marie Daisies Renet, une poétesse française, cet ancien jardin de palmiers et d’agrumes comprend des plantes exotiques et rares. La route moderne a divisé en deux le parc original, racheté par la municipalité en 1930 et devenu désormais un jardin public. Les jardins de la Villa Ormond se composent de plusieurs paysages, avec des atmosphères très caractérisées: le palmetum, la cédraie, la forêt de ficus, le jardin italien typique ou encore le "jardin japonais", fruit d'un jumelage avec la ville d'Atami. En savoir plus: prod.cg06.fr
 
Bordighera Hotel BristolIl. Promotion de la station touristique de Bordighera
 
PALMIERS
La palmiculture rituelle
Située à 43° 47', la palmeraie de Bordighera est la plus septentrionale des palmeraies de dattiers, Phoenix dactylifera. Les origines et l'histoire botanique de la palmeraie historique de Bordighera, ainsi que ses pratiques culturelles et culturales, demeurent mal connues, parce que peu étudiées. Selon la légende locale, c'est à l’anachorète et forgeron saint Ampèle (sant'Ampelio), le saint patron de Bordighera, que l'on devrait l’introduction des palmiers au IV° siècle dans la région. La palmeraie actuelle remonte au moyen-âge, à l’époque de la création du village. Largement diffusés par les promoteurs des stations touristiques naissantes, les palmiers devinrent dès lors le symbole de la Côte d'Azur, dont la promenade des Anglais de Nice sera le plus prestigieux ambassadeur. En savoir plus: listephoenix.com
Plus d'informations sur les diverses espèces de palmiers présents à Sanremo (en italien) : listephoenix.com
 
Agrumiculture Cedrat Citrus medicaIll. le cédratier, citrus medica, ancêtre méditerranéen des agrumes
 
AGRUMES
Au pays des fruits d’or
"San Remo [est une] terre grasse, peuplée et marchande […/…] couverte de toute part de bois de citrons […/…] au grand spectacle des marins. Au temps où fleurissent cédrats et citrons, un tel parfum se répand sur la mer voisine que les navigateurs y goûtent  bien qu’encore éloignés de plusieurs milles de la terre. […/…] Et il s’y voit encore  multitude d’arbres à palmes, les fruits desquels ne parviennent pas à maturité. Et le Pontife Romain de mander chaque année un courrier pour acheter les palmes pour la fête qui se célèbre le Dimanche avant la Pâque. Les Juifs d’Allemagne et autres lieux, achètent [eux aussi] les cédrats pour la fête des Tabernacles, à San Remo". Ce témoignage qui remonte à la fin du moyen-âge atteste de la présence dans la région du premier des agrumes acclimaté en Méditerranée, le cédratier. Il faut attendre le début du XIX° siècle  pour trouver des détails plus précis sur cette surprenante agriculture rituelle. On s'aperçoit  alors que les terroirs très spécialisés qui l'abritent, entre San-Remo et Nice, font en fait partie d'un réseau horticole bien plus vaste mais peu connu. Il  concerne pourtant  l'ensemble  de  la Méditerranée occidentale. En savoir plus: gardenbreizh.org
Log Info bleu Palais Carnolès
Entourant l’ancienne résidence d’été des princes de Monaco, le jardin du Palais Carnolès accueille la plus importante collection d’agrumes en Europe, qui regroupe environ 400 sujets d’une centaine d’espèces : orangers, citronniers, pamplemoussiers, clémentiniers, mandariniers, cédratiers, kumquats. En savoir plus : tourisme-menton.fr
 
Aloes en fleurs Bacler Albe Engelmann 1819Ill. Agaves en fleurs sur le littoral azuréen (Bacler d'Albe 1819)
 
CACTEES
Plantes grasses et floriculture
Les plantes succulentes sont des végétaux ayant développé des facultés d’adaptations à des climats arides, dont des feuilles et tiges hypertrophiées capables de stocker des réserves d'eau. Les cactées constituent la famille la plus représentative de cet ensemble, caractérisée par l'absence de feuilles remplacées par des épines. L'introduction de ces plantes remonte au début du 19ème siècle entre Menton et Bordighera, où subsistent toujours les pépinières historiques Allavena et Pallanca. A Menton, c’est à proximité du jardin de la Villa Saint Louis, alors placé sous sa responsabilité, qu’Eugène Delrue développe une pépinière de succulentes. Ces introductions vont donner naissance à une métamorphose du paysage agraire de la Riviera italienne, avec l'essor de la floriculture dont les serres et les ombrières vont se consacrer aux cultures de fleurs et de feuillage destiné aux compositions florales. En l'absence, à ce jour, de jardins consacrés à la floriculture, plusieurs jardins de plantes grasses sont ouverts au public dans la région.
Log Info bleu Jardin Exotique de Monaco (1933) 
Les végétaux acclimatés depuis près d’un siècle dans ce jardin sont originaires de plusieurs zones sèches lointaines: sud-ouest des Etats-Unis, Mexique, Amérique centrale et du sud pour les cactées et les agaves ; Afrique du sud, orientale et péninsule arabique pour les autres succulentes. En savoir plus: jardin-exotique.mc
Log Info bleu Jardin Exotique d’Eze (1949)
En 1949 le Jardin exotique d'Eze était créé dans les ruines du château avec le concours de Jean Gastaud, à l'origine du Jardin exotique de Monaco. Pendant l'hiver 2003/2004, la municipalité d'Eze entreprend une rénovation complète du Jardin exotique avec la volonté de réaliser un jardin à vivre. En savoir plus: parcsetjardins
Log Info bleu Jardin Exotique Pallanca (1989)
Ce jardin, œuvre de quatre générations de la famille Pallanca présente, sur 10000 m2 de terrasses naturelles de grès escarpées, une riche collection de cactées et succulentes (plus de 3000), qui en fait la collection la plus complète du genre en Italie. En savoir plus: pallanca.it
 
SanRemo 1920 afficheIll. Affiche de promotion des paysages exotiques de Sanremo (1920)
 
JARDINS HISTORIQUES
Les principaux jardins historiques encore présents à Bordighera et Sanremo
Log Info bleu(visite sous conditions) Bordighera (fin du moyen-âge)
JARDIN EXPERIMENTAL PHOENIX
Ce jardin est le dernier jardin de palmiers de Bordighera. Il produisait des feuilles de palmes destinées aux fêtes religieuses juives et chrétiennes. Ces productions ont été pendant plusieurs siècles une activité économique importante pour un grand nombre de familles. La célébrité internationale de la "Riviera" sera par la suite en grande partie liée, au tournant des 19° et 20° siècle, à l'image de ces palmiers. En savoir plus: giardinophoenix
Log Info bleu Bordighera (1867) JARDIN WINTER
Le paysagiste allemand, Ludwig Winter (1846-1912) fut l'un des principaux promoteurs de l'introduction du palmier en Europe. Son Palm-Garden se trouve encore à l'embouchure du vallon du Sasso, au cœur de la palmeraie historique de Bordighera, mais il est désormais privatisé pour l'essentiel. Il s'agissait à l'époque de l'une des plus riches collections de palmiers. Ludwig Winter avait créé ici une pépinière à vocation commerciale, pour l'exportation des plantes en pots et même un artisanat profane, inspiré par la tradition locale du tressage des palmes pour les fêtes religieuses. Son jardin était également destiné à l'acclimatation de nouvelles espèces et à la réception du touriste. Ludwig Winter s'était formé à l'école de Thomas Hanbury, dont il fut le jardinier dans sa propriété de la Mortola à la frontière franco-italienne. En savoir plus: lesauvage.org Iconographie historique:  bordighera.net
Log Info bleu Sanremo (1868)  VILLA ZIRIO
La villa aurait été projetée par l’architecte marseillais Bérenger avant 1868. La dimension actuelle du parc est exotique et luxuriante, définie d’après le projet de Ludovic Winter et mis en œuvre par l’entreprise pépiniériste renommée Pin et Gullino. Parmi les présences botaniques, il faut signaler les monumentaux Ficus macrophilla et le Jacaranda mimosifolia. En savoir plus: prod.cg06.fr
Log Info bleu Bordighera (1871) VILLA GARNIER
Le principal architecte de l'époque, le français Charles Garnier, fait partie des touristes qui fréquentent les stations de villégiature de la Riviera. Il va jouer un rôle important dans la conservation du paysage de la palmeraie historique de Bordighera, où il fait construire sa villa. Charles Garnier s'est installé à Bordighera pour soigner son fils, atteint de la tuberculose. La villa conservera en partie le couvert végétal originel. Ses jardins ont continué à s'enrichir depuis cette époque et offrent une belle collection de plantes rares dans un cadre spectaculaire. De la palmeraie originelle, il reste une centaine de palmiers-dattiers et un palmetum en cours de réhabilitation. En savoir plus: prod.cg06.fr
Log Info bleu Sanremo (1892) VILLA NOBEL
Le parc présente une dimension romantique et intime: à l’origine, il y avait un kiosque et des pavillons propres au recueillement et à la méditation. La présence végétale la plus importante est sans aucun doute celle des palmiers: quelques phoenix dactylifera sont très anciens, plantés en face de la villa. On y trouve naturellement des essences qui peuvent bien s’acclimater dans le contexte de la Riviera, témoin un arbuste de buis vétuste. Et déjà en 1874 les guides racontaient comment le bananier pouvait y pousser sans souffrir. En savoir plus: prod.cg06.fr
Log Info bleu Bordighera (1909) VILLA MARIANI
Lorsque les premiers touristes découvrent Bordighera, ils sont accueillis dans un jardin d’acclimatation de 80 hectares, le jardin Moreno, propriété d'un négociant en huiles qui rapporte des plantes de ses voyages commerciaux. La Villa Mariani est une relique de cet ancêtre des jardins exotiques de la région. Elle est située au cœur d'un parc d’une surface d’un hectare, avec des espèces très anciennes de palmiers, orangers, mandariniers, citronniers et oliviers. En savoir plus: fondazionemarianii
Log Info bleu Bordighera (2009) JARDIN BRIN
Situé dans le hameau de Sasso, dans la partie haute de la palmeraie historique, le Jardin Brin abrite environ 150 palmiers, originellement destinés à la production de feuilles à usage ornemental. La reconversion de ce jardin a fait récemment l’objet d’une intervention paysagère extrêmement intéressante. Les palmiers ont ainsi été conservés, et intégrés dans une strate herbacée de type pelouse, ornementée de diverses œuvres d’art totalement intégrées. En savoir plus: giardinoirene.it
 
GALERIES
Les principaux jardins historiques de Bordighera: les jardins Moreno (disparu), Winter et Garnier.
[nggallery id = 48]
Les principaux jardins historiques de Sanremo: les jardins Marsaglia, Ormond et Zirio.
[nggallery id = 49]

 

BIBLIO

BIBLIOGRAPHIE EN LIGNE

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