Le palmier des îles Canaries (Phoenix canariensis)
Histoire contemporaine d’une diaspora emblématique
Phoenix canariensis est un palmier originaire des îles Canaries, un archipel situé au large des côtes de l’Afrique. Il est composé de sept îles volcaniques relevant de la souveraineté espagnole. Introduit il y a 200 ans en Europe, ce palmier est devenu au cours du 20ème siècle un palmier ornemental d’importance mondiale. Sa distribution actuelle est principalement péri-méditerranéenne et nord-américaine. Son existence est aujourd’hui menacée, tant dans son aire d’origine que dans sa zone récente de diffusion. L’intégrité des populations natives est ainsi soumise à la pollution génétique due aux espèces introduites (en particulier Phoenix dactylifera) et à l’introduction de plusieurs ravageurs. Quand aux plantes de la diaspora, elles sont en train de disparaître suite à la diffusion généralisée du ravageur Rhynchophorus ferrugineus. Nos recherches sur les données historiques et génétiques de cette diaspora indiquent qu’elle possède une base génétique extrêmement réduite, provenant pour l’essentiel d’un lot de graines mis en culture au 19ème siècle. La diversité et la structure génétique de l’espèce dans son milieu naturel demeuraient par contre méconnues jusqu’à ces dernières années. Cette recension s’attache aussi à décrire l’un des foyers historiques majeurs de l’acclimatation et de la diffusion de ce palmier, la Riviera franco-italienne. P. canariensis aparait ainsi comme l’ancêtre d’un commerce de plus en plus dérégulé, dont il est en train de devenir une victime tout aussi emblématique que l’a été son exemplaire diffusion. Une histoire qui pose la question du statut du végétal à l’heure de la généralisation de l’urbanisation et de la mondialisation.
{tab=ECOLOGIE}
Ill. L’Archipel des Canaries et l’île de la Gomera, la plus intéressante en matière de diversité (NOGUE et alii 2013)
C’est en 1882 que Phoenix canariensis est décrit, par CHABAUD, en tant qu’espèce distincte du palmier dattier, Phoenix dactylifera. Les descriptions botaniques ont considérablement évolué depuis cette époque. Elles permettent désormais de mieux comprendre la popularité de Phoenix canariensis comme arbre d’ornement, due à 3 facteurs qui lui sont propres : sa croissance rapide, sa vigueur et sa résistance au froid. Il n’existe pas, cependant, l’équivalent des riches descripteurs élaborés pour le palmier dattier. Des travaux récents sont en train de combler ces lacunes, en matière de botanique comme de génétique.
SOMMAIRE
1.1 Habitat et distribution (MORICI, 1998)
1.2 Description de l’architecture des palmiers (DAVIS, 1971)
1.3 Diversité génétique (SARO HERNANDEZ, 2001)
1.4 Bibliographie en ligne
1.1 Habitat et distribution
Ill. Distribution des palmiers dans les différentes îles de l’Archipel des Canaries (NARANJO et alii 2009)
Phoenix canariensis est inégalement réparti de nos jours dans l’archipel. Il est très rare sur les deux îles orientales les plus sèches, Lanzarote et Fuerteventura, tandis que sur les autres îles, il fait originellement partie de la végétation thermophile, soit l’étage méditerranéen dit subxérique (modérément sec).
Habitat
Si la végétation thermophile a presque disparu à présent, il existe d’autres associations écologiques, appelées «palmerales», où P. canariensis est l’espèce dominante, souvent associée à Juniperus phoenicea et/ou Dracaena draco (l’arbre sang dragon). P. canariensis peut également contribuer à une autre communauté écologique appelée la laurisylve. La laurisylve est une forêt subtropicale bien représentée en Macronésie (îles Canaries, de Madère et des Açores), principalement composée d’arbres de la famille des Lauraceae et autres « laurifoliés ». Il est rare d’observer des palmiers sauvages dans cet environnement, mais quand cela se présente, ils prennent une apparence « plumeuse », sans doute influencée par l’ombrage et l’humidité, comme par exemple la population observée dans la partie basse de la forêt près de Teno (Tenerife).
Distribution
* La Gomera. L’île la plus intéressante pour les palmiers est La Gomera, où des milliers de P. canariensis vivent dans les paysages les plus divers, du désert à des chutes d’eau, montrant tous les facies possibles que ce grand palmier peut exploiter.
* Gran Canaria. Dans Gran Canaria, la dégradation de l’environnement causée par l’homme au cours des derniers siècles a réduit la population de palmiers sauvages à de petits peuplements isolés.
* Les îles de l’Est. Lanzarote et Fuefteventura, en raison de leur faible altitude et la proximité de l’Afrique, possèdent un paysage beaucoup plus aride. Les palmiers de ces îles, beaucoup moins fournis que ceux de La Gomera, présentent toutefois un aspect particulier, en raison de leur adaptation à l’aridité et leur association avec les arbustes Tarnarix africana et T. canariensis.
Le palmier des Canaries est l’un des palmiers les plus cultivés à travers le monde [car] il tolère le froid et la chaleur, la sécheresse et les inondations, l’ombre et le soleil, l’écume marine ainsi que le climat de montagne.
*Source: MORICI C. 1998. Phoenix canariensis in the Wild. In: Principes, 42(2), 1998, pp.85-93. Link http://www.palms.org/
1.2 Description de l’architecture des palmiers
Ill. exemples de description phyllotaxique de palmiers de différentes espèces
Dès les années 1970, la découverte de l’angle dit phyllotaxique allait poser les bases d’une description botanique exhaustive des palmiers. Propre à chaque espèce de palmiers, cet angle concerne la distance d’émission entre chaque feuille. Il aboutit à une disposition en spirale relevant de la suite dite de Fibonacci. Développée à la même époque, la compréhension de l’architecture des plantes permet désormais la modélisation des palmiers dans leur ensemble.
Phyllotaxie des palmiers
Les différentes espèces de palmiers possèdent des nombres différents de spirales foliaires. Par exemple, chez Areca catechu (Fig. 1), ou Ptychosperma macarthurii, une seule spirale foliaire est visible, tandis que pour le palmier à sucre (Arenga saccharifern) (Fig. 2), ou chez Arenga pinnata, deux spirales sont visibles. Chez Borassus flabellifer (fig. 3), ou Corypha elata, ainsi qu’un certain nombre d’autres espèces de palmiers, trois spirales sont clairement évidentes. Le cocotier (Cocos nucifera) ainsi que Copernicia (Fig. 4) ont cinq spirales, tandis que le palmier à huile (Elaeis guineensis) (fig. 5) en porte huit. Le palmier dattier dit ‘sauvage’ (Phoenix sylvestris) et quelques autres espèces de palmiers montrent également huit spirales.
Phoenix canariensis
Sur les stipes robustes du palmier des Canaries (Phoenix canariensis) (fig. 6), treize spirales peuvent être observées, et même vingt et une dans certains cas. Il est surprenant que tous les chiffres mentionnés ci-dessus (1, 2, 3, 5, 8, 13 et 21) se trouvent être les nombres de la suite de Fibonacci [soit 1+1=2, 2+1=3, 3+2=5, 5+3=8, etc.]. On ne connait pas de palmiers portant 4, 6, 7, 9, 10, 11 ou 12 spires foliaires.
*Source : DAVIS TA 1971. Why Fibonacci sequence for palm leaf spirals? May 1971 (237-244). Link http://www.fq.math.ca/
En savoir plus sur la modélisation
Notre site web propose une description très complète des techniques actuelles de modélisation de l’architecture des palmiers à cette adresse : http://www.listephoenix.com/
1.3 Diversité génétique
Ill. Pintaud et al. 2010
La génétique a permis d’élaborer une classification dite phylogénétique des plantes. Elle se présente sous une forme similaire à un arbre généalogique, où chaque espèce prend place lors de son apparition. 16 marqueurs microsatellites nucléaires ou SSR, ont été utilisés pour l’étude du genre Phoenix, par les laboratoires de l’IRD, de l’INRA et du CNRS de Montpellier (France). Les analyses de génotypage ont montré l’utilité de la plupart de ces marqueurs SSR dans un échantillon de 11 espèces de Phoenix. Ils ont plus particulièrement mis en évidence l’existence d’un ‘clade’ composé de 5 espèces affines: P. dactylifera, P. atlantica, P. canariensis, P. theophrasti et P. sylvestris.
Projet de caractérisation génétique et de conservation de la palmeraie des Iles Canaries.
L’Université de las Palmas (Gran Canaria-Spain), en collaboration avec l’IRD (Montpellier-France) a engagé en 2010 une recherche portant sur la structuration génétique de l’espèce et les flux de gènes interspécifiques. Elle concerne environ 40 populations réparties sur 7 îles. Cette étude avait aussi pour but d’élaborer des mesures conservatoires. Les objectifs de la présente étude, menée à l’aide de microsatellites spécifiques, sont de :
1) déterminer la variabilité génétique de 35 à 40 populations naturelles de Phoenix canariensis (environ 850 à 1200 exemplaires), localisées dans les sept îles de l’archipel des Canaries, et estimer la différenciation génétique et les relations entre les populations à différentes échelles : microgéographique, intra et inter-îles.
2) déterminer l’incidence de l’introgression dans les populations naturelles de Phoenix canariensis, et trouver un marqueur moléculaire en mesure de distinguer sans ambiguïté le palmier des Canaries des dattiers et taxons.
3) évaluer le flux génétique et de la dispersion du pollen de Phoenix canariensis dans les populations naturelles à travers l’analyse de paternité et estimer son impact sur les structures génétiques intra et interpopulations.
4) suggérer de nouvelles sources de semences cataloguées comme matériau de base pour la production de matériel forestier de Phoenix canariensis identifié.
5) établir des lignes directrices d’action dans un souci de gestion des populations naturelles de palmiers, et transmettre les résultats et les conclusions obtenues aux institutions insulaires en charge de la conservation et de la préservation.
6) créer un système d’information géographique (SIG), qui permettra le géoréférencement de chaque population et palmier, avec toutes les variables analysées.
*Source: IRD (Institut de Recherche pour le Développement-France) /ULP (Universita de Las Palmas-Spain)
1.4 Bibliographie en ligne
BALL E. 1941. Development of ShootApex & Primary Thickening Meristem in Phoenix canariensis Chaub., with Comparisons to Washingtonia filifera Wats and Trachycarpus excelsa Wendl. In American Journal of Botany, Vol. 28, No. 9. (Nov., 1941), pp. 820-832. Link http://links.jstor.org/
SOSA P.A ., BOUZA N., CABRERA-PEREZ M.A. 1998. Genetic variation of Phoenix canariensis populations of gran canaria using isozyme electrophoresis. In : Bol. Mus. Mun. Funchal, Sup. no. 5: 443-448, 1998. Link : http://dspace.cm-funchal.pt/
GONZALEZ-PEREZ M.A., CAUJAPE-CASTELLS J., SOSA P.A. 2004. Allozyme variation and structure of the Canarian endemic palm tree Phoenix canariensis (Arecaceae). Implications for conservation. In Heredity (2004) 93, 307–315. Link: http://www.nature.com/hdy/journal/
NARANJO A, SOSA P, MARQUEZ M 2009. Palmerales de Phoenix canariensis Endémicos Canarios. In : Bases ecológicas preliminares para la conservación de los tipos de hábitat de interés comunitario en España, Dirección General de Medio Natural y Política Forestal (Ministerio de Medio Ambiente y Medio Rural y Marino), 52p. Link : http://www.jolube.es/
SARO I, GONZALEZ-PEREZ MA, SOSA PA. 2011. Estudio della dinamica y extension del flujo genetico de la Palmera Canaria (Phoenix canariensis). Link: http://www.banmac.ulpgc.es/
NOGUE S, NASCIMENTO L, FERNANDEZ-PALACIOS JM., WHITTAKER RJ., WILLIS KJ. 2013. The ancient forests of La Gomera, Canary Islands, and their sensitivity to environmental change. In: Journal of Ecology. Link: http://jmferpal.webs.ull.es/
{tab=ETHNOBOTANIQUE}
Ill. exemples de vannerie traditionnelle des îles Canaries (mieldepalma.com)
Dans son habitat naturel, Phoenix canariensis a donné naissance à un artisanat varié qui va de la vannerie et du tressage à des productions vivrières, dont le vin de palmier, et le miel de palme, dénommé guarapo. Les études ethnobotaniques les concernant sont récentes. Dans les palmeraies ornementales, ce palmier a aussi été utilisé (plus récemment) à divers usages allant de la floriculture à des rituels religieux.
SOMMAIRE
2.1 L’artisanat du palmier
2.2 Dattes, vin et miel de palmier
2.3 Le Palm-Sunday
2.4 Bibliographie en ligne
2.1 L’artisanat du palmier
ARTESANIA DE PALMA (PARTE 1)
ARTESANIA DE PALMA (PARTE 2)
Ill.: LANZAROTE: la confection des paniers (video)
Toutes les parties du palmier étaient utilisées dans l’artisanat traditionnel des îles Canaries, comme le montre cet inventaire documenté.
Feuilles. Les folioles du palmier ont longtemps servi à l’alimentation du bétail et restent aujourd’hui un complément alimentaire. Elles sont aussi l’élément de base dans la fabrication de paniers, chapeaux, balais, pièces pour préparer le fromage ou encore emballages pour le poisson.
Pirgano (ou Pirguan). Il s’agit du rachis, la tige sur laquelle sont insérées les folioles. Les usages les plus communs sont la fabrication de paniers, la confection de clôtures ou tuteurs pour les vignes, la construction des maisons (sur les toitures pour soutenir les tuiles) ou son emploi comme combustible. Le “pirguan” a également connu d’autres usages comme la confection du “juercan” (utilisé pour remuer le grain torréfié dans l’élaboration du gofio et fait d’un raquis munis d’un linge à son extrémité), ou comme manche à balai ou encore comme canne servant à chasser les poussins des puffins (avec un hameçon attaché à la pointe).
Tomisa. Pour la fabrication des balais, on attacher les feuilles avec de la “tomisa”, une corde faite de feuilles tendres tressées.
Tahalague (Talahague ou Talahaque). Il s’agit de la base des feuilles, le pétiole, c’est à dire la partie épineuse qui reste sur le tronc une fois les feuilles coupées. Il s’utilise comme combustible pour torréfier le gofio et pour cuisiner, ou dans l’élaboration du miel de palmier. Une autre application est celle de la construction de clôtures épineuses pour éviter le passage des animaux d’un terrain à un autre. Le Talajague a eu encore d’autres usages comme la fabrication de jouets (bateaux, animaux, etc.) ou de bouchons de barriques et de carafons.
Arropon (ou Jarropon). Il s’agit des fibres végétales en forme de fourreau des bases folaires. Il s’utilisait pour recouvrir l’intérieur des pots de fougères dans le but de garder l’humidité, dans l’emballage des régimes de bananes pour l’exportation, dans le fourrage des matelas, comme litière pour les animaux ou matière organique pour la production du fumier.
Stipe. Le tronc du palmier est aussi récupéré pour de nombreux usages, comme la construction des ruches. Sa grande résistance aux intempéries en fait un excellent matériel de construction pour les toitures, comme revêtement de certaines maisons ou bien comme base de mur de soutènement et encore dans la fabrication de clôtures.
Racines. On les écrase pour en extraire les fibres, tressées à la main pour en faire des cordelettes, matériel de base dans la fabrication des semelles des espadrilles.
Palanqueta. Il s’agit du pédoncule du palmier (inflorescence féminine), utilisé principalement pour faire des jouets. Avec son écorce rougeâtre, coriace et malléable, on bordait traditionnellement aussi les paniers faits de cannes.
Balai et Tiges. Il s’agit de l’inflorescence féminine et des tiges qui la composent. Il s’emploie encore actuellement pour balayer les sols ou comme torche lors des massacres traditionnels de cochons (pour éliminer les poils). Les balais du palmier mâle (beaucoup plus petits et moins résistants que les balais des palmiers femelles) étaient utilisés comme torches pendant la castration des ruches. Les tiges de balai étaient aussi utilisées pour la fabrication de petits paniers et comme instrument de punition.
*Source : Aider La Gomera, Juan Montesinos, Gerardo Mesa Noda y Eduardo Franquiz. Usos Tradicionales. Link : http://www.mieldepalma.com/
2.2 Dattes et miel de palmier
Ill. Le miel de palme de La Gomera (video)
Le palmier est un excellent complément de l’économie de subsistance, à l’origine d’une industrie rurale liée à ses produits variés, apportant à la population ilienne un bien, qui au fil du temps s’hérite et se loue. Depuis la vannerie traditionnelle jusqu’à l’utilisation fourragère et même dans l’alimentation humaine. Ces milles utilisations des palmiers ont permis à beaucoup d’entre eux d’être respectés sinon cultivés.
Guarapo. Le sirop (ou miel) de palmier est produit de nos jours à partir de la sève des palmiers (dite guarapo) sur l’ile de la Gomera (Archipel des Canaries). La sève est recueillie dans des récipients placés le long d’incisions pratiquées au sommet du stipe, après l’élagage de l’ensemble des feuilles du bouquet. L’opération se déroule dans la nuit, afin d’éviter que la sève soit altérée par la chaleur du soleil. Elle est récoltée le matin. Le guarapo était aussi utilisé tel quel comme rafraichissant, seul ou combiné avec un alcool. Durant les périodes de pénurie, il était par ailleurs consommé, après une légère cuisson, comme aliment. Aujourd’hui, on transforme le guarapo en miel. La dénomination de miel de palme vient de sa consistance et de sa couleur, qui sont similaires à un miel d’abeille semi-liquide.
Támaras (Tambaras ou Gamames). Les dattes du palmier des Canaries sont plus ovoïdes et beaucoup plus petites que les dattes du palmier dattier commun, avec un gros noyau et peu de chair. La graine (cuesco) est ovale-elliptique, de superficie couleur cendre et de 14 à 16 mm x 9 à 10 mm de taille. Sa section transversale est parfaitement circulaire avec une rainure plus étroite et profonde sur sa face dorsale. L’embryon est situé plus au moins sur la face ventral, sans marque apparente à l’extérieur et avec un n=18 (nombre aploïde de chromosomes). Sa floraison est principalement printanière. Les tamaras ont été et sont utilisés comme aliment pour les animaux, spécialement les cochons. Pourtant ils ont été consommés par les habitants des îles lors d’époques de pénurie, aussi bien murs et crus que verts et cuits avec du sel (gamames). Il y a aussi des récits qui expliquent que les dattes furent utilisées, moulues en farine dans la préparation de bouillie pour enfants.
*Source : Aider La Gomera, Juan Montesinos, Gerardo Mesa Noda y Eduardo Franquiz. Usos Tradicionales. Link : http://www.mieldepalma.com/
2.3 Le Palm-Sunday
Ill. Ligature de palmiers des Canaries, destinée à la production de feuilles blanches (Bordighera-Italy)
Le Dies Palmarum (ou Palm Sunday), ouvre la liturgie chrétienne de la Semaine Sainte. Commémorant l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem, palmes blanches et rameaux tressés sont alors bénis par le prêtre et portés en procession dans les rues. Ces traditions couvrent un vaste aire culturelle, correspondant à l’extension du christianisme dans les régions de palmiculture.
Les traditions des rameaux tressés
Le tressage des palmes demeure une tradition toujours très vivante, bien au-delà de son aire d’origine. Elle donne lieu, suivant les régions, à une grande variété de formes parfois d’une sophistication extrême. Ces palmes tressées sont présentes jusqu’en Allemagne et en Angleterre, de même qu’en Europe orientale, et grande partie du monde chrétien non-européen.
Les variétés de palmiers utilisées
Originellement, le tressage des palmes faisait appel au palmier-dattier, P. dactylifera. Il a été rapidement remplacé par le palmier des canaries, P. canariensis, depuis l’époque de son introduction en Méditerranée. Outre une plus grande productivité, les raisons de ce remplacement relèvent aussi de la meilleure qualité des folioles du palmier des Canaries, en matière de tressage.
2.4 Bibliographie en ligne
RIVERA D, OBON C, VERDE A, FAJARDO J, VALDES A, ALCARAZ F, CARREÑO E, HEINRICH M, MARTINEZ M, RIOS S, MARTINEZ V, LAGUNA E 2014. La palmera datilera y la palmera canaria en la medicina tradicional de España. In : Revista de Fitoterapia 2014 ; 14 (1) : 67-81. Link : http ://www.academia.edu/
GARCIA-ORTUNO T., FERRANDEZ-GARCIA MT., ANDREU-RODRIGUEZ J., FERRANDEZ-GARCIA CE., FERRANDEZ-VILLENA M. 2012. Valorization of Pruning Residues. The Use of Phoenix canariensis to Elaborate Eco-Friendly Particleboards. Link : http ://cirg.ageng2012.org/
LUIS RUBIO GUTIEREZ HERNANDEZ GONZALES-WELLER REVERT CASTILLA 2012. Palm tree syrup, nutritional composition of a natural edulcorant. In: Nutr Hosp. 2012,27(2): 548-552. Link : http ://scielo.isciii.es/
NEHDI I., OMRI S., KHALIL M.I., AL-RESAYES S.I. 2010. Characteristics and chemical composition of date palm (Phoenix canariensis) seeds and seed oil. In: Industrial Crops and Products 32 (2010) 360–365. Link : http ://ipac.kacst.edu.sa/
{tab=DIFFUSION}
Ill. Carte physique de l’île de Tenerife dressée sur les lieux par Leopold de Bruch, qui visita l’archipel avec Christen Smith en 1815. Source: http://cologanvalois.blogspot.fr/
L’introduction de Phoenix canariensis comme arbre d’ornement remonte au début du XIX° siècle. C’est plus précisément en 1815 qu’un botaniste norvégien en charge du nouveau jardin botanique d’Oslo, Christen SMITH, se rend dans l’archipel d’où il rapporte des graines qui seront semées… en Norvège ! Cette diaspora (impossible à chiffrer) a désormais largement dépassé en nombre la population originelle. Elle repose toutefois sur une base génétique très réduite, comme le montre l’histoire de sa diffusion et les études génétiques en cours.
SOMMAIRE
3.1 De la Norvège à la Côte d’Azur (RIVERA, 2013, GADE, 1987, DUCATILLION, 2013, CASTELLANA, 2014)
3.2 De la Riviera aux USA (ZONA 2008)
3.3 Bibliographie en ligne
3.1 De la Norvège à la Côte d’Azur
La première mention de l’introduction en Europe du palmier des Canaries (Phoenix canariensis) remonte à 200 ans. Au début des années 1860, un jardinier européen nommé Hermann WILDPRET crée un jardin d’acclimatation à Orotava (Ténérife). Il expédie alors un important lot de graines en direction des principales pépinières européennes. C’est toutefois sur la Côte d’Azur que ce palmier va être acclimaté, et largement diffusé jusqu’aux USA, comme arbre d’ornement pour les stations touristiques naissantes.
Phoenix canariensis et la Côte d’Azur
Le premier Phoenix canariensis aurait été planté sur la Côte d’Azur en 1864, dans le Jardin Vigier à Nice, en provenance de la pépinière de J. LINDEN à Ghent en France. Il est ensuite mentionné en 1869, dans une autre pépinière de palmiers de réputation internationale, créée à Hyères par Charles Goettlib HUBER en 1856. En 1871, l’horticulteur allemand SCHENKEL fait parvenir à CHABAUD des graines de Phoenix canariensis qu’il sème dans son jardin de Saint Mandrier, à Toulon. 11 ans plus tard, Phoenix canariensis est décrit par CHABAUD en tant qu’espèce distincte, laquelle portera désormais son nom.
*Source. RIVERA D., OBON C., ALCARAZ F., EGEA T., CARREÑO E., LAGUNA E., SANTOS A., WILDPRET W. 2013. A review of the nomenclature and typification of the Canary Islands endemic palm, Phoenix canariensis (Arecaceae). In : TAXON 62 (6) • December 2013 : 1275–1282. Link: http ://wwwx.inia.es/
Après 1870, les pépiniéristes hyérois amorçaient une spécialisation : le palmier des Canaries. A la fin du XIXème siècle, une superficie de quarante hectares de jeunes palmiers de la dite espèce entourait la ville d’Hyères favorisée par la présence d’alluvions, d’un été pas trop sec, et de nombreux adrets. En hiver, des paillassons protégeaient les jeunes palmiers contre le froid. En 1915, vingt-deux «palmiéristes» expédiaient un million deux cent cinquante mille palmiers comme arbres de jardin à l’intérieur de la région et comme plantes d’appartements au nord des Alpes. Les deux guerres mondiales, les crises économiques, et les coups de froid, notamment celui de 1938, ont atteint ce commerce spécialisé.
*Source. GADE 1987. Tropicalisation de la végétation ornementale de la Côte d’Azur. In: Méditerranée, Troisième série, Tome 62, 4-1987. Quelques contributions à l’étude des régions touristiques. pp. 19-25. Link: http://www.persee.fr/
Phoenix canariensis et la Riviera italienne (Jardin Winter)
Illustration : le jardin Winter de Bordighera au tournant du XX° siècle (gravure)
Installé à Hyères, le pépiniériste Charles HUBER embauche un jeune jardinier Ludwig Winter. Celui-ci va ensuite travailler à la création du Jardin Hanbury de la Mortola, à la frontière franco-italienne. Il crée plus tard un jardin de palmiers et une pépinière à vocation commerciale européenne, le Palm Garten, à l’embouchure du vallon du Sasso à Bordighera. Un réseau s’organise dès lors entre les frères Huber à Hyères, les frères Hanbury à la Mortola et Charles Naudin devenu directeur de la Villa Thuret à Antibes en 1878. Dès la fin du XIXème siècle, les palmiers de Bordighera vont pouvoir alimenter les plantations des grandes villes de la côte d’Azur.
*Source. DUCATILLION C. 2013. Peut-on se passer des palmiers sur la Cote d’Azur (historique, importance sociétale, symbolique et économique) ? In: AFPP – colloque méditerranéen sur les ravageurs des palmiers Nice – 16, 17 et 18 janvier 2013. Link: http ://www.afpp.net/
Le jardin historique de Ludwig Winter a survécu jusqu’à nos jours. Il est désormais menacé de disparition, suite à l’incurie des autorités locales en charge de sa conservation, ainsi qu’à son infestation récente par le charançon rouge du palmier (Red Palm Weevil). L’amateurisme actuel dans la gestion de l’infestation, est en effet en train de faire de ce jardin un laboratoire à ciel ouvert, où le ravageur a commencé à diversifier ses cibles en direction d’autres espèces de palmiers. Il existe par ailleurs d’importantes pépinières historiques ensauvagées de P.canariensis dans les vallons de Bordighera, dont l’histoire est à écrire. Elles sont à présent elles aussi en cours de disparition.
*Source. CASTELLANA R. 2014. Le jardin Winter de Bordighera menacé de disparition. In: Le Sauvage, Culture et écologie 12 juillet 2014. Link: http://www.lesauvage.org/
Iconographie historique : le jardin Winter de Bordighera au travers des peintures et des cartes postales. Link: http ://www.bordighera.net
3.2 De la Riviera aux USA
Illustration : carte contemporaine de la distribution de Phoenix canariensis aux Etats-Unis : GILMAN EF., WATSON DG. 1994. Phoenix canariensis. Canary Island Date Palm. In : Fact Sheet ST-439. October 1994. Link: http ://hort.ifas.ufl.edu/
Les régions méridionales des Etats-Unis constituent un pôle majeur en matière de distribution du palmier des Canaries, en relation avec la Riviera comme modèle paysager mais aussi comme fournisseur originel. Sur la Riviera italienne, l’introduction de la palmiculture ornementale, à la fin du XIX° siècle, allait rapidement conduire au déclin de la culture du palmier dattier. C’est à présent P. canariensis qui est en train de disparaître à son tour dans ces régions.
Les pépinières américaines
La première pépinière à offrir P. canariensis pour la vente en Californie a été la pépinière de Miller & Sievers à San Francisco dans leur catalogue de 1874. En Floride, l’introduction de P. canariensis est due au pépiniériste Henry Nehrling (1853-1929) qui a obtenu, en 1886, des graines de la Côte d’Azur, et plus tard directement des îles Canaries. Au tournant du XX° siècle, la présence de P. canariensis est bien documentée aux Etats-Unis, au travers des cartes postales et photographies des paysages américains. En 1903, la palme est devenue tellement omniprésente que Ernest Braunton a pu écrire : ‘A Los Angeles et environ, ils peuvent être comptés par dizaines de milliers’. En Floride, la demande de P. canariensis surgit à un moment où la Floride était devenue une destination de vacances d’hiver pour les riches industriels de l’époque (1878-1889). En Californie, elle fait suite au boom économique entraîné par la ruée vers l’or.
*Source. ZONA S. 2008. The horticultural history of the Canary Island Date Palm (Phoenix canariensis). In: Garden History 36 : 301 -308. Link: http ://www.learnedgardener.com/
Le Parc Magauda et les pépinières historiques italiennes
Ill. carte postale (collection privée)
Le Parc Magauda (situé dans le quartier de Borghetto à l’ouest de la ville italienne de Bordighera), témoigne de la reconversion de la palmiculture rituelle en direction de la culture de palmiers des Canaries destinées à l’ornement. Vraisemblablement planté à la fin du XIX° siècle, il abritait aussi une ferme, dont les étables ont été reconverties partiellement en chambres d’hôtes. L’entrepreneur français qui a fondé le parc Magauda s’appelait Henri Charpentier. Il exportait ses palmiers canariensis jusqu’en Amérique. On manque toutefois de documents sur ce personnage, et sur le rôle qu’il a pu jouer dans le développement des pépinières américaines. La voie d’accès au domaine, plantée de palmiers, est encore dénommée ‘Rue Canariensis’. Ce jardin historique est en train de disparaitre, suite à son infestation par le charançon rouge du palmier, en l’absence à ce jour de mesures préventives ou curatives. Il existait d’autres pépinières historiques de Phoenix canariensis dans les vallons de Bordighera. Leur histoire est à écrire. Il doit s’agir d’au moins 2000 palmiers, dont les concentrations les plus importantes ont été récemment laissées à l’abandon et se sont ensauvagées. Il n’existe par ailleurs aucune protection de ces sites, lesquels ne sont même pas recensés du fait qu’il s’agit de terrains agricoles, que leur propriétaire peut donc à tout moment éradiquer. Ces pépinières abandonnées composent encore, de nos jours, un paysage exotisant unique en Europe, à l’exception des îles grecques et de leurs palmeraies spontanées de Phoenix theophrasti.Elles sont en cours de disparition, suite à leur récente infestation par le charançon rouge (Rhynchophorus ferrugineus).
Le Jardin Brin et le Projet Phoenix
Situé à Bordighera dans le hameau de Sasso, dans la partie haute du vallon, le Jardin Brin abrite environ 150 palmiers es Canaries, originellement destinés à la production de feuilles à usage ornemental. La reconversion de ce jardin a fait l’objet d’une intervention paysagère extrêmement intéressante. Les palmiers ont été conservés, et intégrés dans une strate herbacée de type pelouse, ornementée de diverses œuvres d’art totalement intégrées. Suite à son infestation par le charançon rouge du palmier en 2015, il a reçu l’appui du Projet Phoenix en matière de gestion de l’infestation.
3.3 Bibliographie en ligne
Illustration: les premières pépinières de palmiers destinés à l’exportation voient le jour sur la Riviera italienne dés le 19° siècle.
Les plantes introduites au fil des siècles font l’objet de nos recherches en matière d’ethnobotanique et d’histoire des paysages. Il s’agit essentiellement, entre l’Antiquité et la Renaissance, des palmes, des agrumes, des plantes à parfums et des cultures florales. A l’époque moderne, avec l’essor de la villégiature, une multitude d’autres espèces sont introduites dans le cadre des jardins d’agrément. Les recherches présentées ici traitent des usages de ces plantes et des pratiques culturales qui accompagnent leur introduction, ainsi que des dimensions économiques, sociales et culturelles de l’acclimatation. Plus d’informations sur l’histoire de l’acclimatation sur la Côte d’Azur à cette adresse: http://www.listephoenix.com/
Voir aussi: PARGUEL N. 2009. Jardins d’acclimatation sur la Riviera. In: Nice historique, n°1-2009. Link: http ://www.snhf.org/
{tab=MENACES}
Plusieurs fléaux menacent de nos jours le palmier des Canaries, sur l’archipel et dans l’ensemble de la diaspora ornementale. Le premier est le charançon rouge (Rhynchophorus ferrugineus). Venu d’Orient il y a une vingtaine d’années, ce ravageur est en train de conduire à l’éradication de l’ensemble de la palmeraie ornementale. Moins connu, Diocalandra frumenti est un autre ravageur particulièrement présent sur l’archipel des Canaries (et tout aussi préoccupant). Une dernière menace provient de l’hybridation avec d’autres palmiers, principalement le palmier dattier suite à son introduction dans l’archipel comme arbre d’ornement.
En savoir plus sur la lutte contre les ravageurs des palmiers : listephoenix
SOMMAIRE
4.1 Pathologies (SMITH, 2009)
4.2 Hybridation (BOURGUET , 2013, MORICI, 2006)
4.3 Bibliographie en ligne
4.1 Pathologies
RED PALM WEEVIL
Le ravageur des palmiers Rhynchophorus ferrugineus s’est introduit en Méditerranée par l’Egypte, où il a décimé les plantations de palmiers dattiers. Il s’est dés lors diffusé dans la région (et au-dela) sur le palmier des Canaries. Son éradication a été conduite avec succès dans l’archipel des Canaries. Les principales palmeraies patrimoniales peri-méditerranéennes sont par contre en train de disparaître. Cette disparition programmée illustre, une fois de plus, l’incapacité des pouvoirs publics à gérer les crises sanitaires qui se multiplient avec la mondialisation.
En savoir plus sur le ravageur des palmiers, Rhyncophorus ferrugineus (Red Palm Weevil) dans les îles Canaries
Ill. (video). Gobierno de Canarias, El Picudo Rojo en Canarias
DIOCALANDRA FRUMENTI
Ill. Diocalandra frumenti (Fabricius 1801) Coleoptera: Curculionidae – syn: Diocalandra stigmaticollis -four-spotted coconut weevil from http://163.20.112.34/
Diocalandra frumenti a été observé pour la première fois en 1998 sur Phoenix canariensis dans le sud de Gran Canaria (Islas Canarias, Spain). Comme ce ravageur peut causer des dommages à de nombreuses espèces de palmiers (y compris les palmiers dattiers et de nombreuses espèces d’ornement), il est considéré comme une menace pour les pays du bassin méditerranéen. Les œufs sont pondus dans différentes parties du palmier: inflorescences, base de pétioles ou de pédoncules, ou fissures près des racines adventives à la base de la tige. Les larves se développent en creusant des galeries dans les racines, pétioles, inflorescences et fruits. Des exsudats gommeux sont généralement visibles près de l’entrée de la galerie. Les larves causent le jaunissement prématuré et l’effondrement des feuilles de palmier, des trous dans l’ensemble de la frondaison et une chute prématurée des fruits. La nymphose a lieu dans la galerie larvaire mais ne donne pas lieu à un cocon. Les adultes sont de petite taille (6-8 mm de long), de couleur noir avec quatre grandes taches rougeâtres à brun-jaune sur les élytres.
*Source. SMITH S. 2009. Diocalandra frumenti. Draft Data Sheet Extensive version. In: EUROPEAN AND MEDITERRANEAN PLANT PROTECTION ORGANIZATION. Link: https://www.eppo.int/
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
GONZÁLEZ-NÚÑEZ M., JIMÉNEZ-ÁLVAREZ A., SALOMONE F., CARNERO A., DELESTAL P., ESTEBANDURÁ J.R. 2002. Diocalandra frumenti (Fabricius) (Coleoptera Curculionidae), nueva plaga de palmeras introducida en Gran Canaria. Primeros estudios de su biología y cría en laboratorio. In: Bol. San. Veg. Plagas, 28:347-355, 2002. Link: http://www.magrama.gob.es/
4.2 Hybridation
La capacité d’hybridation interspécifique propre au genre Phoenix, se manifeste tout particulièrement dans les cultures ornementales, où plusieurs espèces sont mises en présence et ensuite multipliées sur place. Au bout de quelques générations, une diversité nouvelle finit par s’organiser, d’où émergent des phénotypes hybrides propres à chaque lieu de culture. Outre l’intérêt historique, paysager et horticole, ce phénomène d’hybridation libre est très intéressant pour comprendre la dynamique de la diversité dans un complexe d’espèces, et en particulier pour mesurer l’influence des facteurs génétiques sur les traits phénotypiques. Diverses études consacrées aux palmiers ont été menées depuis plusieurs années sur le site de Bordighera/ San Remo (Italie). Cette région est en effet un site d’acclimatation historique, marqué en particulier par les premières introductions in situ de Phoenix dactylifera (Moyen-Orient), P. canariensis (Iles Canaries), P. sylvestris (Inde) et P. reclinata (Afrique). Cette publication récente vient de faire le point sur les méthodes expérimentées, les données recueillies à ce jour et les perspectives de recherches futures.
*Source. BOURGUET S. 2013. Dynamique de l’hybridation dans le genre Phoenix sur la Riviera italienne: caractérisation génétique et phénotypique. Université de Montpellier, juin 2013, Master Biologie des Plantes et des Micro-organismes, Biotechnologies, Bioprocédés. Link: http://www.listephoenix.com/
Les différentes espèces de Phoenix à Tenerife (îles Canaries)
Tenerife est la plus grande des îles de l’Archipel. On y trouve des centaines de P dactylifera. La plupart d’entre eux ont été importés comme spécimens adultes il y a environ 15-20 ans, dans les nouvelles zones touristiques, pour l’essentiel en provenance d’Elche, dans l’Espagne du Sud-Est. De petites populations de dattiers sont néanmoins présentes dans les îles depuis le moyen-âge voire plus tôt. Quelques vieux spécimens de Phoenix rupicola sont aussi présents dans l’île. Des P. roebelenii sont apparus comme arbres d’ornement au cours des dernières décennies. P. reclinata est presque inconnu, sauf dans le Jardin Botanique d’Orotava, avec d’autres espèces moins communes, comme P. theophrasti. Une autre espèce de Phoenix peut avoir existé au sud de l’île: P. atlantica, un taxon de statut très douteux, dont le nom commun est Palma Berberisca. De nos jours ces spécimens, s’ils existent dans les Îles Canaries, sont trop croisés avec P. dactylifera pour être facilement identifiés et étudiés.
Le problème de l’hybridation
Les différentes espèces du genre Phoenix peuvent très facilement s’hybrider. Dans une espèce comme P. dactylifera, le pollen est dispersé par le vent sur plusieurs kilomètres. La profusion de ces espèces dans les îles, pose un problème de contamination génétique pour le palmier autochtone, P. canariensis. De nos jours, le nombre de palmiers sauvages augmente dans les Canaries, où ils ont commencé à recoloniser des terrains abandonnés. En quelques endroits, comme dans la vallée de San Andres, on est en train de voir apparaître les premières populations hybrides sauvages. Il est difficile de définir les parents de ces hybrides, du fait qu’ils sont probablement de seconde génération, mais tous doivent provenir d’un mélange de P. canariensis, P. dactylifera et P. rupicola. Heureusement, les palmiers autochtones excèdent largement le nombre de palmiers allogènes. Si des efforts de conservation existent, la présence de pépinières qui importent des palmiers demeure problématique.
4.3 Bibliographie en ligne
BALLARDINI M., MERCURI A., LITTARDI C., ABBAS S., COUDERC M., LUDEÑA B., PINTAUD J.-C. 2013. The chloroplast DNA locus psbZ-trnfM as a potential barcode marker in Phoenix L. (Arecaceae). Link: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/
GONZALEZ-PEREZ, M.A., SOSA, P.A., 2009, Hybridization and Introgression between the endemic Phoenix canariensis and the introcuded P. dactylifera in the Canary Islands, in The Open Forest Science Journal, 2009, 2, 78-85. Link: http://www.benthamscience.com/
GONZALEZ-PEREZ, CAUJAPE-CASTELLS, SOSA 2004. Allozyme variation and structure of the Canarian endemic palm tree Phoenix canariensis (Arecaceae): implications for conservation. In: Heredity (2004) 93, 307–315. Link: http://www.nature.com/
GONZALEZ-PEREZ, CAUJAPE-CASTELLS, SOSA 2004. Molecular evidence of hybridisation between the endemic Phoenix canariensis and the widespread P. dactylifera with Random Amplified Polymorphic DNA (RAPD) markers. Link: http://download.springer.com/
{/tabs}