Egypte

Egypte Palmier Doum Tombe de PachedouEgypte : le palmier Doum. Deir el-Medineh (tombe de Pachedou TT3)
 
Déjà présent dans l’antique Mésopotamie, c’est à partir de l’Egypte ancienne que le palmier est véritablement documenté. Les Égyptiens semblent avoir connu deux espèces de palmiers, Phoenix dactylifera, le dattier du monde oriental et Hyphaene thebaica, le palmier doum des oasis du sud, lequel poussait alors peut-être jusque dans le delta du Nil. Le palmier-dattier n’est vraisemblablement pas un palmier égyptien autochtone. Son introduction en Egypte est toutefois très ancienne, comme en témoignent sa présence dans les vestiges archéologiques et sa place dans la mythologie et les rituels de la royauté.

RITUELS FUNERAIRES

Le palmier faisait l’objet d’usages rituels en étroite relation avec les croyances funéraires de la civilisation égyptienne. Les listes d’offrandes mentionnent ainsi les dattes et les palmes posées sur les sarcophages ou sur la poitrine de la momie et portées en procession lors des cérémonies funéraires. Le palmier est par ailleurs fréquemment figuré dans les sépultures. Le palmier doum est par exemple représenté bordant des champs destinés à alimenter le mort ou permettant à ce dernier de se désaltérer dans la nécropole. Arbre nourricier des vivants, le palmier était en effet supposé nourrir les âmes des défunts dans leur voyage vers l'au-delà. On voit aussi le défunt prosterné, en train de boire de l'eau au pied d'un palmier avec pour commentaire : "Prendre corps comme le palmier doum pour boire l'eau dans la nécropole". Parfois même le palmier prend une forme humaine et de ses deux mains qui émergent du feuillage, il tend au défunt des nourritures et une cruche emplie d'eau. On trouve encore dans les sépultures de petites maquettes appelées "maisons des âmes", lesquelles représentent une maison avec son jardin planté de palmiers. Ces offrandes et ces représentations concernaient les rituels privés comme le rituel royal. Les Rois d’Egypte avaient ainsi fait dresser auprès de leurs tombes des simulacres de palmiers, des colonnes dites “palmiformes” car leur chapiteau s'orne de palmes.

 

MYTHOLOGIE

Le palmier faisait partie des emblèmes de la déesse Isis, selon la légende qui le dit issu des humeurs ou des viscères en décomposition du dieu Osiris. Divinité de la végétation et de l’agriculture, Osiris est assassiné par son frère qui découpe son corps et en répartit les morceaux dans tout le pays. Après avoir rassemblé les différentes parties du cadavre, Isis rend la vie au dieu avec lequel elle aura ensuite un enfant posthume, nommé Horus. Osiris devient dès lors le dieu de l'au-delà et du monde souterrain. La dimension funéraire du palmier est peut-être à mettre en rapport ici avec l’utilisation du vin de palme pour le nettoyage des viscères, lors de l’embaumement des défunts. Ce récit mythique n’est certainement pas étranger, par ailleurs, à la place occupée par le palmier dans les cérémonies royales. Un bosquet de dattiers figure ainsi, dès l’Ancien Empire, l’image du lieu saint où le roi se rend en pèlerinage pour confirmer la légitimité de son règne et assurer sa continuité. Le Pharaon est encore représenté versant de l’eau sur trois palmiers pour la «purification du trône d’Horus». Dans les scènes de couronnement et de jubilé, le dieu Toth est aussi figuré, en tant que maître du temps, consignant les années du règne du roi sur le rachis d’une palme. On représente de même son épouse Séchat, aidant Pharaon à mesurer les fondations d'un nouveau temple et calculant le nombre de jours de vie du roi, qu’elle inscrit sur une feuille de palmier.

 

BIBLIO

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Gallerie: iconographie du palmier dans l’Egypte antique
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