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FRENCH & ITALIAN RIVIERA

Guide Langlois 1883Ill. Une synthèse de l'exotisme azuréen: couverture du Guide Langlois (1883)
 
Situé entre la Méditerranée et les Alpes, entre la France et l'Italie, le littoral qui s’étend de Toulon à San Remo a toujours été un carrefour international. La tradition du jardin paysager remonte à l’époque de la Renaissance, où le littoral méditerranéen devient un centre majeur d’introduction et d’acclimatation, en collaboration avec les grands jardins botaniques européens. Le climat de ces régions permet en effet la culture en pleine terre d’un grand nombre de végétaux exotiques. A la fin du XIXe siècle, la construction du chemin de fer allait permettre à la bourgeoisie et à l'aristocratie européenne d'atteindre facilement la Côte d'Azur française et la Riviera italienne. Leur climat chaud, dont témoignait la présence de palmiers, d’agrumes et de plantes à parfums, favorisa le développement d'un tourisme alors qualifié de "climatérique". Avec l’essor de la villégiature, l’acclimatation allait se développer en direction des jardins d’agréments et des espaces urbains, dans les stations touristiques qui voient alors le jour. Un mouvement qui relève à la fois de la sociologie (fonction du paysage) et de la botanique (histoire de l’acclimatation).

ACCLIMATATION

Tourisme et climatothérapie
Masson 1890Ill. "L'héliothérapie" était préconisée pour le traitement de la tuberculose dans les stations dites 'climatiques' de la Côte d'Azur
 
Le tourisme azuréen est, à l’origine, une thérapie, à l’image des cures thermales. Il repose sur l’efficacité présumée des climats chauds dans le traitement de l’épidémie de tuberculose qui frappe l’Europe au XIXème siècle. La climatothérapie est issue des conceptions médicales héritées de l'Antiquité. Les médecins grecs avaient attribué l'absence de cette maladie en Égypte, pays des palmiers, aux vertus de son climat sec et chaud. Comme écrivent les médecins de l'époque, il faut "faire pour les hommes ce que les jardiniers font pour les plantes qui végètent, c'est-à-dire leur donner une meilleure exposition et en hiver, les placer dans une serre chaude bien éclairée. Le meilleur tonique est la chaleur et le soleil". Tout naturellement, la végétation exotique de la région est considérée comme l'indice par excellence de la qualité de son climat. Autour des villas et des hôtels qui se multiplient dès lors, apparaissent nombre de jardins privés et de parcs publics, rassemblant des plantes rares destinées à recréer des paysages exotiques. On importe alors ces plantes, et notamment des palmiers, en provenance du monde entier : des îles Canaries, du Japon, de la Tasmanie, de la Chine, de la Californie ou encore du Brésil. Grâce aux productions des médecins, des écrivains et des peintres, la Riviera devient l'une des plus célèbres destinations climatériques et ses jardins luxuriants l'emblème de ces climats salutaires. [CASTELLANA 2001]
 
Le paradigme lamarckien de l’adaptation au climat
Végétation de la campagne de Nice Lithographie Guiaud 1859 in Nice pittoresqueIll. La végétation "exotique" de la campagne de Nice, indice par excellence des caractères salutairs de son climat (Lith. Guiaud 1859 Nice Pittoresque)
 
"Les essais d'acclimatation étaient effectués sous l'influence de la théorie «lamarckienne» de l'hérédité des caractères acquis, théorie qui persistait en France bien après l'essor du «darwinisme» et son adoption dans la plupart des autres pays occidentaux. Pendant le XIXème siècle, les horticulteurs français ont cru que les plantes introduites s'adapteraient à des climats différents de leur climat d'origine, adaptation qui se transmettait ensuite aux générations successives. Deux hypothèses-clés étaient à la base de cet effort : les plantes s'acclimateraient aux nouveaux milieux ; le climat doux du littoral du Sud-Est français réaliserait un milieu de transition avant l'éventuelle dispersion des plantes tropicales vers des climats plus rigoureux. C'était faire preuve d'un optimisme excessif comme dans le cas de ce planteur antillais revenu en France qui s'entoura à Nice, dans son jardin, de plantes familières : la canne à sucre, le bananier, le cocotier, l'indigotier pour les diffuser en Europe…/… L'introduction de milliers de plantes exotiques, le tri et la diffusion d'un nombre assez réduit d'entre elles, ont abouti à donner à la Côte un cachet particulier d'allure tropicale. L'illusion créée s'appuie sur une cinquantaine d'espèces thermophiles, feuillues et/ou fleuries. La sélection de l'inventaire botanique a dû tenir compte de l'effet des gels, de l'exigence de l'image à construire, ainsi que de l'échec de l'acclimatation lamarckienne. Tandis que la physionomie de la végétation ornementale parait largement tropicale, les plantes adaptées proviennent de régimes thermiques plus ou moins semblables à la Côte d'Azur." [GADE 1987]
 
Les régions climatiques de la Riviera
Place de la Cote d'Azur dans les 10 hotspots de la biodiversite en MediterraneeIll. Situation géographique de la Riviera franco-italienne en matière de biodiversité (Perrin 2012)
 
L’histoire de l’acclimatation nous a conduit à diviser le littoral méditerranéen des Alpes en 4 sous régions géographiques, présentant des microclimats bien différenciés, en ce qui concnerne un facteur limitant de grande importance, les températures négatives. La villégiature touristique (ainsi que ses jardins) se développe par ailleurs dans ces régions, entre le 18° et le 20° siècle, dans un mouvement qui part (globalement) de la Provence française en direction de la Ligurie italienne :
*Toulon-Hyères: cette région fait partie du littoral de la Provence. Elle se situe autour d’un vaste golfe protégé par des montagnes peu élevées.
*Cannes-Antibes: cette région est une zone de transition entre la Provence et les Alpes du sud, marquée par l’industrie grassoise de la parfumerie. Il s’agit aussi de la frontière de la Provence et de l’Italie.
*Nice-Menton: dans cette partie des Alpes méridionales, les montagnes se trouvent en contact direct avec la mer, sans transition.
*Bordighera-Sanremo: cette portion du littoral italien est une zone montagneuse de transition entre la Méditerranée et les plaines du Piémont.
Voici la durée des températures négatives en 1956 et les minima relevés pour plusieurs de ces sous-régions : "A Menton, la station la plus douce du littoral, le mercure tomba au-dessous de 0 °C sur treize des vingt-sept jours de froid ; à Nice, dix-sept ; à Cannes, vingt ; et à Saint-Raphaël, vingt-deux de ces vingt-sept jours. Les températures extrêmes en 1956 ont été de -3,5° à Menton ; -4,6° à Nice ; -7,8° à Cannes ; et -9,7° à Saint-Raphaël" [GADE 1987].
 
De cette époque demeurent de nombreux parcs et jardins d'acclimatation d’exception, auxquels cette page web offre un accès direct et documenté. Lire la suite : /www.listephoenix.com/

 

RAVAGEURS

Rhynchophorus ferrugineus : nouvelles cibles – nouvelles menaces ?
Red Palm Weevil western diffusion 2006Ill. Diffusion du ravageur des palmiers, Rhynchophorus ferrugineus [Rochat et alii 2006]
 
Les modalités de l’infestation présentent des caractéristiques singulières sur le territoire de la commune italienne de Bordighera, où le ravageur (présent depuis 2007) est désormais en train de changer d’hôte. Elles sont dues au fait, qu’à la différence de la plupart des régions infestées jusqu’alors, la palmeraie locale est fortement diversifiée. Le transfert du ravageur ne concerne donc pas ici une population résiduelle. Phoenix canariensis est certes prédominant, mais avec une population rurale (jusqu’à présent étonnamment épargnée) équivalente à la population urbaine. Phoenix dactylifera, Washingtonia spp. et Chamaerops humilis présentent eux aussi des densités élevées, plus faibles mais tout de même comparables, ainsi que des populations concentrées en zone rurale. Plusieurs autres espèces comme Brahea spp., Livistona spp., Phoenix reclinata, Syagrus romansoffiana, Trachycarpus fortunei totalisent par ailleurs elles aussi des densités significatives, ainsi que des populations issues de l’hybridation entre plusieurs espèces du genre Phoenix. Des introductions de palmiers de substitution sont enfin en cours, en vue de remplacer à terme les Phoenix canariensis abattus (un millier d’exemplaires à ce jour). Malgré cette forte biodiversité, le charançon s’est jusqu’à présent développé, ici comme ailleurs, sur le seul Phoenix canariensis pendant les 6 premières années. Nous venons d'ouvrir à ce propos une page web, qui rend compte de l’expansion du ravageur en direction de nouvelles cibles. Une telle diversification pourrait notamment menacer l’ensemble de la palmeraie azuréenne, en France comme en Italie. On trouvera aussi, dans cette même rubrique, une bibliographie (tenue à jour et d’accès libre en ligne) des publications relatives au ravageur, ainsi qu’un état des lieux des techniques de lutte.
Accès direct à la page 'menaces' : /www.listephoenix.com/
 
La Campagne Phoenix 2015 à Bordighera
RPW chamaerops humilis BordigheraIll. Infestation en cours d'une plantation de Chamaerops humilis située dans la palmeraie historique de Bordighera 
 
Voici les interventions prévues pour l’année à venir dans le Jardin Expérimental de la palmeraie de Bordighera, et quelques autres informations sur les projets en cours dans le vallon du Sasso.
 
I. Traitement des palmiers contre le charançon rouge
Suite aux recommandations faites l’an dernier par l’INRA, l’opération de taille préventive contre l’infestation par le charançon vient d’être renouvelée dans le Jardin Expérimental. Elle a consisté dans l’élimination des rejets superflus, et le ‘lissage’ des stipes des rejets conservés. Un palmier infesté a été découvert à cette occasion. Il a pu être sauvé car l’infestation était limitée à un spécimen de très petite dimension. Cette opération de taille est rendue nécessaire du fait que le Jardin Expérimental est un jardin de palmiers dattiers, une espèce que le ravageur attaque essentiellement au niveau des spécimens jeunes. Le traitement des rejets conservés par aspersion de nématodes, un insecticide biologique, a par ailleurs été reconduit le mois dernier.
 
II. Restauration de la biodiversité
Les interventions visant à la mise en place d'un éco-agrosystème centré sur le palmier se terminent cette année dans le Jardin Expérimental de Bordighera. Un compte-rendu détaillé de cette opération, initiée il y a maintenant 5 ans, est en cours de rédaction.
* amendement des sols. Le paillage systématique des voies de circulation est en cours de généralisation depuis le début janvier. Il s’agit de couches superposées d’herbes coupées, de feuilles, de paille et de déchets de palmiers. 6 stations de compostage sont par ailleurs installées actuellement sur le site. Elles permettent de traiter, de manière diffférenciée, l'ensemble des déchets de taille des palmiers (feuilles, rachis, pétioles et stipes). Leur production a aussi commencé à être utilisée pour l’amendement des parcelles cultivées.
* introduction de plantes. En ce qui concerne les plantes déjà introduites autour des palmiers, nous avons débuté un débroussaillage sélectif destiné à favoriser leur croissance. Les plantes qui se sont révélé les plus adaptées seront désormais disséminées dans l’ensemble du jardin. Nous sommes par ailleurs en train de transplanter un terrain riche en biodiversité (situé dans la campagne de Grasse), sur la dernière terrasse encore en friche (environ 200 spécimens transplantés à ce jour). Le sol de cette terrasse a été amendé l’an dernier avec la technique dite du « lasagne » (vermi-compostage in-situ à base de déchets végétaux en alternance avec des couches de carton et de papier). L’idée est désormais de suivre le rythme des saisons. Au fur et à mesure que de nouvelles plantes apparaitront sur le terrain grassois de référence, on les prélèvera pour les installer sur cette terrasse de culture. Lors de ces prélèvements, nous prenons soin par ailleurs de transvaser chaque plante avec un volume de terre significatif.
* irrigation automatisée. L’irrigation par goutte à goutte a été généralisée l’été dernier à l’ensemble du jardin. Il s’agit d’environ 500 mètres de tuyaux. Les besoins en eau des jeunes plantes introduites ayant conduit à une surconsommation, le système sera revu d’ici l’été prochain. Le paillage en cours devrait notamment permettre de diminuer la consommation d’eau.
 
III. Mise en valeur du site
* Beodo. Une information sur les travaux de restauration du sentier du Beodo, qui ont débuté le mois dernier et vont durer jusqu’à septembre, a été publiée ici par la Mairie de Bordighera: /www.bordighera.net/
* Sasso. Le sentier de la partie haute du vallon, qui conduit au hameau du Sasso, a déjà été réhabilité l’an dernier, grâce à l’intervention de l’association Pro Loco de Sasso. Il présente un grand intérêt paysager et patrimonial, avec une riche végétation de zone humide, la présence d'importantes palmeraies ensauvagées ainsi qu'un ensemble de moulins anciens aujourd’hui abandonnés.
 
Pour en savoir plus sur le Jardin Epérimental et la palmeraie de Bordighera: www.listephoenix.com

 

NETWORKS

Desertif-actions 2015Forum international sur la lutte contre la désertification et la dégradation des sols
 
Désertif'actions 2015 est le Forum international de la société civile dans le domaine de la lutte contre la désertification et la dégradation des terres. Il réunira en juin à Montpellier plus de 300 acteurs du développement international, organisations de la société civile, scientifiques, collectivités locales, organisations paysannes, institutions privées et publiques, pour débattre et bâtir des positions communes dans le domaine de la dégradation des terres, de la lutte contre la désertification, du changement climatique et de ses conséquences au nord comme au sud.
 
Présentation
Trop souvent, la désertification est perçue comme l‘avancée du désert et du sable. Cette vision essentiellement romantique est inexacte. La désertification correspond à un processus de dégradation des sols causée par les facteurs climatiques et les activités humaines. Dans différentes régions et climats du globe, elle affecte plus de 100 pays dont 13 en Europe. Plus d'un milliard de personnes sont directement concernées par la désertification dans le monde :
*40 % de la surface émergée de la planète sont touchées par la désertification,
*44 % des systèmes cultivés sont concernés.
Les conséquences de la désertification sont mondiales : perte de fertilité des sols, réduction de la biodiversité des espèces animales et végétales, dégradation des sols, baisse des productions agricoles, impacts négatifs sur le climat… Beaucoup de ces menaces sont collectives et le changement climatique constitue un facteur d’aggravation. Les conséquences de la désertification détériorent davantage les conditions de vie des populations les plus vulnérables, elles accroissent les migrations forcées tout en alimentant sur place et à longue distance l'instabilité sociale, voire l’insécurité mondiale.
 
Dossiers thématiques du CSFD
Disponibles en français et en anglais, ces dossiers s’adressent à un public élargi et font le point des connaissances scientifiques en matière de dégradation des terres et de désertification, de leurs implications et enjeux. Rédigés par les membres du comité ou associés, ces synthèses sont accompagnées d’une fiche résumant les points essentiels. L’ensemble de la collection est accessible et téléchargeable à partir du site web du comité.

 

ARTS & LANDSCAPES

Arts & optics
Camera-ObscuraIll. la camera oscura, ancêtre de la photographie, représentée ici sous la forme élaborée d'une tente où se tient le peintre paysagiste [Pero 2014]
 
Phoenix +
Nos recherches débordent largement le seul thème des palmiers. Elles concernent aussi l'écologie et l'histoire des modalités d'appropriation des territoires, notamment celle des représentations paysagères. Intimement liée à la peinture des paysages, l'histoire de la photographie fait l'objet de la une de notre nouveau site web initulé "arts, sciences & landscapes". La photographie a en effet été inventée par des peintres et pour des peintres, qui en conçurent l'idée dès le XV°s pour apporter des solutions aux problèmes posés par la peinture comme représentation du monde réel sur une surface plane, notamment le problème de la perspective. 
 
La camera oscura et l'art du paysage
Ancêtre de l'appareil photographique, la camera oscura est un instrument d'optique permettant d'obtenir une image nette d'un objet dont on désire faire le calque. Elle se compose généralement d'une sorte de boîte dans laquelle la lumière pénètre seulement par un petit trou et qui est fermée à l'opposé par un papier blanc peu épais ou un verre dépoli. C'est surtout chez les peintres de la vie quotidienne dans la Hollande de la seconde moitié du XVII°s. (Vermeer de Delft, Hoogstraten) et chez les védutistes italiens des XVII°et XVIII° s. (Vanvitelli, Zucarelli, Canaletto et Bellotto) que l'emploi de la camera oscura fut systématique …/…
 
La photographie devient un art
Au XIX° siècle, suite aux progrès conjoints de l’optique et de la chimie, la chambre noire donne naissance à la photographie, dont le statut artistique ne s’affirmera qu’au début du siècle suivant, avec le surréalisme.  Ils s'appellent Man Ray, Dora Maar, Alvarez Bavo, Brassai, André Kertesz, Henri Cartier-Bresson. Ils comptent parmi les plus grands noms de la photographie du XXe siècle. Dans les années trente, leurs images incarnent ce que le surréalisme a de plus intense, de plus vivant …/…
 
Vidéos en ligne
Notre nouveau site web offre un accès à l'art organisé autour des différentes disciplines scientifiques et techniques. Les pages de ce site sont constituées exclusivement d'une compilation de documentaires video. Sur la home-page de ce trimestre, vous trouverez 3 vidéos originales, dont un document de 26 minutes, réalisé par Stan Neumann. Il propose de nous faire découvrir, de manière originale et ludique, les «secrets de fabrication» de la photographie surréaliste, dont l'impact artistique d'une invention américaine, le photomaton.
 
Accès direct à la page web "Arts, Sciences & Landscapes" : /www.art.listephoenix.com/

 
 

En savoir plus sur le Jardin Expérimental et les palmiers de la Riviera: listephoenix/2925

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