Citer cet article: CASTELLANA Robert 2014. La fête juive de Soukkot et les traditions religieuses des palmes dans le monde méditerranéen. Chapitre 3/3 : le palmier. CRP ed. Publication en ligne. Lien
- Sommaire du chapitre
- Palmes juives et romaines: le point de vue des cultivateurs
- Les tressages liés à la fête
- La fête de Soukkot en Tunisie : témoignage
Ill. Sanremo: palmier ligaturé en vue de la production de palmes juives.
Abstract. Nous présentons ici un recueil de témoignages relatifs à la production des palmes destinées à la fête juive de Souccot. Ils ont été recueillis auprès des cultivateurs de la palmeraie historique de Bordighera. Ces paysans ont notamment élaboré des techniques de culture constituant une grille de caractérisation botanique que nous avons cherché à codifier. Nous avons aussi cherché à rassembler divers témoignages concernant des objets en palmes tressées associés à la fête. La cueillette des feuilles de palmier destinées aux fêtes juives a lieu lors de la fête des Cabanes, dont la date est variable mais qui se tient toujours au début de l’automne. Elle ne nécessite pas de culture à proprement parler, puisqu’il s’agit seulement d’une cueillette, celle des jeunes pousses de l’année. Elle suppose toutefois l’emploi exclusif de palmes de la variété dactylifera. La récolte se compose au maximum de dix feuilles par arbre, exclusivement les jeunes pousses. Elle nécessite au préalable (au mois de juin), une ligature très lâche du bouquet, destinée à protéger les feuilles durant leur croissance. Il s’agit de respecter une exigence rituelle, dont l’origine est inconnue, relative à la foliole terminale de la palme qui ne doit pas être fendue. En matière de botanique rituelle, on notera encore l’existence de sujets recherchés du fait que la foliole centrale se termine sous la forme d’un « crochet ». Toute aussi prisée d’un point de vue rituel, une autre particularité rare consiste dans la rectitude de la nervure centrale de la palme. En savoir plus: CASTELLANA R. 2012-2015. Les collections de palmiers de la côte d’azur & l’histoire de l’acclimatation. Chapitre 2/3 : Description de la palmeraie médiévale de Bordighera (Italie) et des traditions liées à l’introduction du palmier en Europe. CRP Ed. Edition en ligne. Lien
Illustration: typologie des palmes juives et romaines
Palmes juives et romaines: le point de vue des cultivateurs. La palmeraie historique de Bordighera n’est pas vouée à la culture dattière, en raison de la maturation incomplète des fruits, mais à celle de feuilles destinées à des rituels religieux chrétiens et juifs: la palme blanche pour les fêtes chrétiennes de la Pâque (dite Romana) et la palme jeune pour les fêtes juives de Soukkhot (dite Ebrea). Ces productions ont fait récemment l’objet d’une étude ethnobotanique visant à mieux connaître leur histoire et à préserver leur originalité. La distinction établie par les cultivateurs entre les palmiers en fonction de leur destination religieuse, repose sur la forme de la partie terminale des feuilles (l’apex) et sur celle du feuillage de l’arbre. Une recherche exploratoire a été conduite par les techniques du génotypage et de la morphométrie géométrique. Elle visait à savoir si la distinction paysanne correspondait à un dimorphisme existant réellement au sein de la palmeraie ou s’il s’agissait seulement d’un choix de « morphotypes » particuliers au sein d’une plus grande diversité de formes. Une recherche ultérieure a permis la modélisation informatique de ces « morphotypes » juifs et chrétiens, et par la même la sauvegarde de ce savoir paysan original. En savoir plus: CRP 2012. Description et caractérisation des palmiers du genre Phoenix: description morphologique des variétés et architecture des plantes. Chapitre 3/4: caractérisation d’une nomenclature paysanne. Lien
Illustration : ometti confectionnés à Bordighera
Les tressages liés à la fête. La palmeraie de Bordighera assurait par ailleurs la fourniture des “ometti”, des étuis destinés à confectionner le bouquet rituel de l’Office des Palmes.
Illustration: l’âne, cheval ou chameau est un tressage commun aux juifs et aux chrétiens (photographie Elraheb)
La fête de Soukkot en Tunisie : témoignage. La Soucca Tune était entièrement constituée de palmes, on la décorait de foulards colorés. Mon père fabriquait des suspensions en fil de fer pour les Kandils (verres servant de lampe à huile) qui étaient accrochés au plafond de la Soucca avec les grenades et les grappes de dattes. Mon père nous tressait des jouets avec les feuilles du palmier, mais le jouet dont je me souviens le mieux est le Chameau. Voici pour la postérité et pour celui qui serait intéressé, une photo qui montre les étapes successives du tressage d’un Chameau Tune (né dans les palmeraies de Gabès), de ’A’ à ‘G’. En savoir plus : Avraham Bar-Shay (Benattia). Souccoth, le Palmier et le… Chameau. Article en ligne. Lien
En conclusion