La Principauté de Monaco avait accueilli, en 2015, l’un des chercheurs ayant participé au programme européen Palm Protect de lutte contre les ravageurs des palmiers, Victoria Soroker. Plusieurs jardins botaniques de la Côte d’Azur (France et Italie) étaient présents à cette occasion, qui avait permis de rappeler les principes fondamentaux de la stratégie de Lutte dite Intégrée (IPM), la seule à faire aujourd’hui l’objet d’un vaste consensus. Cette nouvelle réunion a permis de recevoir des instituts de recherche qui travaillent au niveau méditerranéen. Elle était par ailleurs largement ouverte aux acteurs du secteur, notamment les Services Espaces Verts et les jardiniers paysagistes, ainsi qu’aux associations partenaires (Sauvons Nos Palmiers & Fous De Palmiers). Les responsables d’une dizaine de communes de la région PACA étaient présents, dont la CAVEM (Frèjus et villes de la Communauté d’agglomération Var Est Méditerranée) en pointe actuellement en matière de lutte avec une initiative de traitement massif des palmiers par injection sans équivalent à ce jour. La Société Palmophile Francophone (SPF) était représentée par Jean Christophe Jacon Carrier, membre du réseau des jardins botaniques au titre de la Villa Caryota, l’une des principales collections de palmiers de la Riviera.
Sommaire de la publication: 1. liste des intervenants / 2. compte-rendu du colloque de Monaco / 3. revue de presse / 4. en savoir plus / 5. actualités du Projet Phoenix
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1. LISTE DES INTERVENANTS. Les divers intervenants ont fait le point sur l’harmonisation de leurs protocoles de lutte, les perspectives qu’ouvrent les recherches en cours et les nouvelles menaces qui pèsent sur les populations de palmiers.
BELLANGER Richard (Villa Thuret – Institut National de la Recherche Agronomique)
BEN HAMOZEG Yehonatan (Agrint Sensing Solutions ISRAEL)
CASTELLANA Robert & Debora CHIAVONE (Palmeraie historique de Bordighera – Phoenix Project)
FERRARI Stefano (Giardini Hanbury – Université de Gènes)
JACON Jean-Christophe (Jardin Caryota – Société Palmophile de France)
JOULIN Christophe (Jardin du Val Rahmeh – Museum National d’Histoire Naturelle)
SERANTONI Eric (Palmeraie du Parc National de Port-Cros)
TABONE Elisabeth (Inra – Antibes – Jardin Thuret)
2. MONACO 2016: COMPTE-RENDU DES COMMUNICATIONS
LE RISQUE DE CHUTES DE PALMIERS DATTIERS SUR LA VOIE PUBLIQUE. La fin de l’année 2016 a vu une importante série de chutes de palmiers dattiers sur la voie publique dans diverses communes de la Riviera franco-italienne, avec 11 événements recensés en 3 mois, soit une moyenne d’une chute par semaine. La possibilité d’éviter ou de limiter les dommages repose avant tout, dans le cas de ce palmier (outre les traitements préventifs), sur une détection précoce des spécimens infestés. 2 jardins botaniques sont particulièrement concernés: Bordighera et Hyères, des villes qui comptent d’importantes collections de dattiers. Ils ont rendu compte de leurs observations de terrain et de l’harmonisation en cours de leurs protocoles lors de la réunion de Monaco.
LA DIVERSIFICATION DES CIBLES DES RAVAGEURS DES PALMIERS. Cette réunion des jardins botaniques franco-italiens et des associations se déroule dans le contexte très préoccupant de la diversification en cours des cibles du ravageur vers le palmier dattier. La compréhension de la dynamique de ce transfert est essentielle du fait des menaces qu’elle représente pour l’ensemble des espèces de palmiers ornementaux, voire même pour d’autres plantes d’intérêt. Il s’agit aussi d’un problème qui concerne l’ensemble des pays du Sud méditerranéen et leurs oasis. La réunion de Monaco a été l’occasion de faire le point sur les espèces actuellement concernées dans les jardins botaniques de la région frontalière.
LA LUTTE PAR PIEGEAGE CONTRE LE CHARANCON DU PALMIER. Oublié des stratégies de lutte en Europe, le sujet avait été particulièrement évoqué par Victoria SOROKER (Projet Européen Palm Protect) lors de sa conférence de l’an dernier à Monaco sur la lutte en Israel et au moyen-orient. 5 jardins botaniques de la Riviera (et non des moindres) ont désormais mis en place une stratégie de piégeage, soit le Jardin Les Cèdres (principale collection de palmiers de la zone), l’Inra, le Muséum National d’Histoire Naturelle, l’Université de Gènes & le Parc National de Port-Cros. Basé sur l’utilisation d’attractifs olfactifs, le piégeage fait l’objet de protocoles rigoureux, destinés à évaluer l’efficacité des pièges en fonction de leur nombre, des attractifs utilisés et de leur impact sélectif sur l’environnement. Il faut en effet éviter de capturer d’autres insectes utiles. Les jardins concernés ont présenté leurs protocoles et les résultats obtenus à l’occasion de cette réunion de travail, de même que l’Association Sauvons Nos Palmiers.
«REPÉRAGE PRÉCOCE DES PALMIERS INFESTES PAR DÉTECTION SISMIQUE» CONFÉRENCE DE Yehonatan BEN HAMOZEG (Agrint Sensing Solutions ISRAEL). L’infestation est déjà bien avancée lors qu’apparaissent les premiers symptômes d’attaque d’un palmier par le ravageur. Ce retard dans la détection compromet souvent la possibilité d’intervenir sur les spécimens infestés. La détection sismique est un outil de détection précoce destiné à combler cette lacune. Pour le moment, la législation européenne ne permet que l’assainissement ou l’abattage. Avec la détection précoce, il serait possible d’envisager dans des conditions optimales un assainissement chimique par injection. La détection précoce pourrait aussi intéresser les collectivités, avec les problèmes de sécurité dus au risque de chutes des palmiers dattiers, nouvelle cible du ravageur des palmiers, le charançon rouge. En savoir plus sur le site web de Agrint: http://www.agrint.net/
«BIOCONTROLE DE PAYSANDISIA ARCHON: RECHERCHES EN COURS». CONFERENCE DE ELISABETH TABONE (INRA-ANTIBES). Alors que les traitements phytosanitaires ont montré leurs limites avec les ravageurs des palmiers, la lutte biologique recèle un énorme potentiel. Dans le cadre du projet européen Palm Protect (2012-2014), des recherches ont été conduites en vue de trouver des parasitoïdes dits oophages (les trichogrammes) susceptibles de pondre dans les œufs du papillon Paysandisia archon. Les trichogrammes sont déjà employés pour le contrôle biologique de différentes cultures. De nombreuses souches ont été testées à cet effet en laboratoire. Ces résultats préliminaires étant marquants, il est désormais nécessaire d’approfondir ces recherches à l’étude du comportement du trichogramme sur les palmiers in-situ. Le choix du parasitoïde oophage le plus efficace contre le Paysandisia archon sera alors défini et la méthode de lutte développée.
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3. REVUE DE PRESSE
4. EN SAVOIR PLUS
CHAMAEROPS HUMILIS ET PAYSANDISIA ARCHON: MENACES SUR LA BIODIVERSITE
Ill. populations sauvages de Chamaerops humilis dans le Parc Naturel de Portofino (Italy). Il s’agit d’un palmier autochtone dont les populations présentes en Méditerranée occidentale et dans l’Atlas marocain sont aujourd’hui menacées d’éradication.
Les ravageurs des palmiers, Paysandisia archon et Rhynchophorus ferrugineus ont colonisé en une quinzaine d’années l’ensemble du bassin méditerranéen. Le palmier ornemental Phoenix canariensis est le principal concerné pour le moment. La poursuite de l’expansion de ces ravageurs laisse toutefois craindre, dans un avenir très proche, la disparition des 3 espèces de palmiers autochtones. La première espèce menacée, le palmier nain Chamaerops humilis, représente de riches écosystèmes répartis dans de nombreuses régions de la Méditerranée occidentale. Dans la partie orientale de la Méditerranée, ce sont les populations de palmiers grecs et turcs, Phoenix theophrasti qui sont menacées. Sur la rive Sud, les ravageurs sont désormais aux portes des oasis de palmiers dattiers, des agrosystèmes millénaires d’un grand intérêt écologique en cette période de réchauffement climatique, et aussi économique pour des populations qui en tirent leurs principales ressources.
PALMIERS INFESTES ET RISQUES DE CHUTES
Plus de 10 évènements de ce genre ont été recensés en 3 mois à la fin de l’année 2016, sur la Riviera franco-italienne, soit une moyenne d’une chute par semaine. Lien vers un exemple spectaculaire à Palerme (Italie) : https://palermo.repubblica.it/cronaca/2015/10/15/foto/maltempo_palermo_nubifragio-125108063/1/
5. ACTUALITÉS DU PROJET PHOENIX: LE MODELE OASIEN & LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION
La palmeraie historique de Bordighera est une palmeraie dattière. C’est dans ce territoire emblématique de l’histoire de l’acclimatation, la Riviera franco-italienne, que le Projet Phoenix a vu le jour il y a 10 ans. Les résultats de ce programme de recherches font désormais l’objet de notre site web, avec plus d’une centaine d’articles de référence souvent inédits. Il s’agissait à l’origine de mettre en valeur les collections de palmiers de ces régions, en impulsant des collaborations avec un grand nombre d’institutions scientifiques et muséales. A l’occasion de ce dixième anniversaire nous revenons aux sources de notre projet, avec un portail d’accès aux collections de palmiers de nos jardins historiques en page d’accueil du site. Nos pages web consacrées au monde oasien viennent par ailleurs d’être mises à jour, en ce qui concerne les diverses productions présentes dans les oasis: la production dattière (son amélioration, ses propriétés alimentaires et médicinales), ainsi que l’élevage et l’artisanat qui lui sont associés.
Ill. l’oasis marocaine de Tafilalet, la plus grande du monde, est aujourd’hui menacée par le changement climatique. Face à cette menace, le projet « Oasis durable » a été présenté à l’occasion de la COP 22 à Marrakech.
Le Projet d’adaptation au changement climatique au Maroc pour des oasis résilientes (PACC-Oasis) est un programme du gouvernement marocain, lié au Programme africain d’adaptation au changement climatique 2009-2012 – concernant vingt pays – et cofinancé par le Programme des Nations unies pour le développement et le gouvernement japonais. Il est destiné à gérer et diminuer les risques inhérents au réchauffement climatique qu’encourent les oasis du pays (soit 15 % de son territoire et 5,3 % de sa population), via la mise en place d’approches innovantes d’adaptation et l’accentuation des aptitudes locales.
1. OASIS & PRODUCTION DATTIERE. Les oasis représentent un modèle écologique d’une grande actualité en ces périodes de menaces dues au réchauffement climatique. La production dattière est au centre de l’économie oasienne. Les recherches et les initiatives menées dans ce domaine portent principalement sur l’inventaire des diverses variétés de dattes et l’amélioration de leurs conditions de culture, de leurs qualités et de leur commercialisation, ainsi que sur leurs valeurs nutritives et médicinales. Lire la suite
2. LA PLACE DE L’ELEVAGE DANS L’AGROSYSTEME OASIEN. L’agrosystème oasien a permis de longue date de pratiquer un élevage diversifié, grâce aux cultures qu’il abrite et à la valorisation de ses sous-produits. L’élevage est ainsi une composante essentielle des systèmes de production d’oasis. Par sa production de fumier, il garantit le maintien de la fertilité des sols de l’oasis soumis à des pratiques culturales très intensifiées. En plus de ses productions directes de lait, de viande, l’animal de l’oasis fournit une force de traction importante pour l’exhaure de l’eau, les transports et parfois les travaux agricoles. Lire la suite
3. SOUS-PRODUITS & ARTISANAT. Le palmier-dattier des oasis fournit de nos jours une grande variété de sous-produits qui concernent, pour l’essentiel, les préparations à base de dattes, les produits à base de sève, les produits à base de noyaux, les produits à base de bourgeons, les produits à base de pollen, la transformation des déchets, la vannerie, la production textile, la menuiserie, la construction. En tant que combustible, le bois de palmier sert enfin à diverses industries. Les principaux emplois actuels des sous-produits du palmier sont évoqués ici. Lire la suite
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