
Archive (Compte-rendu de la réunion de 2015 et de l’intervention de Victoria Soroker) CR Monaco 2015
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A l’invitation de la Principauté de Monaco, les principaux jardins botaniques et historiques de la Riviera, en France et en Italie, ont présenté pour la seconde année les résultats de leurs stratégies de lutte contre les ravageurs des palmiers. Cette réunion visait aussi à mettre en évidence la dimension patrimoniale des collections de palmiers de ces jardins. Il s’agit en effet de l’histoire de l’acclimatation, qui remonte ici à la fin du moyen-âge. Elle a donné lieu à des paysages emblématiques à forte valeur touristique ajoutée, ainsi qu’à une riche biodiversité. Les collections de palmiers des jardins botaniques représentent 130 espèces et une trentaine de genres. En charge de la conservation de ce patrimoine, les jardins ont souhaité se positionner à cette occasion comme des acteurs centraux, jusqu’à présent oubliés, dans les stratégies de lutte actuelles contre les ravageurs des palmiers.
Importé d’Argentine il y a une dizaine d’années, le papillon Paysandisia archon a détruit les plantations de Trachycharpus de la région Languedoc Roussillon et s’est largement installé depuis sur les populations de palmiers du littoral azuréen dans son ensemble. On le voit désormais en grande quantité dans les plantations de Chamaerops humilis, le seul palmier autochtone en Méditerranée occidentale. Outre la perte de biodiversité qu’entrainerait la disparition de ces populations, le ravageur s’attaque à une grande diversité de palmiers, lesquels peuvent dès lors devenir la cible du charançon rouge (Rhynchophorus ferrugineus). Les perspectives du bio-contrôle font l’objet de ce compte-rendu, avec la conférence d’Elisabeth Tabone (INRA-ANTIBES) et les recherches actuellement menées par l’INRA-VERSAILLES.
Le Jardin Expérimental Phoenix est le dernier des jardins de palmiers dattiers de la palmeraie historique de Bordighera (Italie). Il remonte à la fin du moyen-âge. Ce jardin patrimonial est aujourd’hui menacé de disparition, comme l’ensemble de la palmeraie historique, suite aux attaques récentes du ravageur Rhynchophorus ferrugineus (charançon rouge en français, punteruolo rosso en italien). Avec la raréfaction de sa cible favorite, le palmier des Canaries (Phoenix canariensis), le ravageur se transfère en effet désormais vers les autres ressources de palmiers disponibles et notamment le palmier dattier (Phoenix dactylifera), entrainant un risque de chute des spécimens infestés. Ce problème se conjugue au vieillissement des plantations urbaines et concerne plusieurs viles de la Côte d’Azur. La présentation a plus particulièrement abordé la question de la détection précoce des spécimens infestés.
5 des principaux jardins botaniques de la Riviera franco-italienne ont mis en place à ce jour une stratégie de piégeage, soit: le Parc National de Port-Cros, le Jardin Thuret pour l’Institut National de la Recherche Agronomique, le Jardin du Val Rahmeh pour le Muséum National d’Histoire Naturelle, le Jardin Les Cèdres (principale collection de palmiers de la zone) & les Giardini Hanbury pour l’Université de Gènes. La mise en œuvre du piégeage a fait l’objet dans ces jardins de protocoles rigoureux, destinés à évaluer l’efficacité des pièges en fonction de leur nombre et des attractifs utilisés, donc de leur impact sélectif sur l’environnement afin d’éviter de capturer d’autres insectes utiles. Les captures pour l’année 2016 ont atteint jusqu’à un millier de spécimens pour seulement 3 pièges installés. Le piégeage semble donc avoir toute sa place dans les stratégies de lutte, ce qui n’est pas le cas à ce jour en Europe tout au moins.
L’infestation est déjà bien avancée lors qu’apparaissent les premiers symptômes d’attaque d’un palmier par le charançon rouge. Ce retard dans la détection compromet souvent la possibilité d’intervenir sur les spécimens infestés. La détection sismique se présente comme un outil de diagnostic précoce destiné à combler cette lacune. Elle permettrait notamment de procéder, avec un maximum de chances de succès, à l’intervention par assainissement d’un palmier infesté, une intervention actuellement autorisée par la législation. Elle présente aussi l’avantage de pouvoir évaluer le succès de l’intervention. Telle que prévue par ses concepteurs israéliens, la détection précoce permettrait enfin de pratiquer un traitement curatif par injection, dans des conditions optimales de réussite du fait que le palmier est très peu infesté. Elle pourrait par ailleurs se révéler utile en matière de repérage des infestations asymptomatiques en milieu urbain et des risques de chutes de palmiers.
MENACES SUR LA BIODIVERSITE

